Ou va la littérature franco-ontarienne? 13° Salon du livre de Toronto L’EXPRESS de Toronto Numéro 39, semaine du 4 au 10 octobre 2005. ll y a a peine 35 ans, elle en était encore a ses premiers balbutiements. Aujourd’hui, elle regorge de nouvelles plumes qui viennent s’ajouter aux anciennes pour assurer une production littéraire des plus diversifiées. Ses auteurs disséquent encore parfois la thematique communautaire, mais sont de plus en plus nombreux a regarder au-dela des traditionnel- les assises identitaires. Si l'existence de la littérature franco-ontarienne nest plus a prouver, cette derniére se heurte encore a bon nombre de difficultés. Pour les auteurs franco-ontariens et leurs maisons d’éditions; percer de fagon durable le marché francophone de la province n'est pas une mince af- faire. C’est sans parler du marché québécois ou la prolifération d’ceu- vres frangaises, américaines et québecoises, défie toute concur- rence. Quand l’écrivaine franco-ontarienne Michéle Matteau s'est ren- due a la Librairie de Montréal; elle a constaté que ses ouvrages se trou- vaient dans le rayon Littérature québécoise. Question purement pratique diront certains; la principale intéressée s'est quant a elle déclarée plutét surprise. «Je n’allais tout de méme pas faire un esclandre», dit-elle un brin amusée. «J'étais tout de méme contente d’étre la, tempére-t-elle avec modestie, car percer en dehors du marché du livre francophone de la province s’a- vére encore assez difficile. » Mauvaise classification ou pas; les ouvrages de la romanciére, auteure d’Un Doigt de brandy dans un verre de lait chaud et récipiendaire de plusieurs prix en Ontario, ont tout du moins le mérite de figurer sur les présentoirs des librairies québécoises - ce qui n’est pas toujours le cas. «En raison des lois protectionnistes au Québec, nos livres sont considé- rés comme un produit importé. Ils se retrouvent directement en concur- rence avec de grandes maisons d’édition frangaises comme Gallimard ou encore avec des ouvrages américains», fait valoir Arash Mohtasha- mi-Maali, directeur général de la maison d’édition franco-ontarienne L’Interligne a Ottawa. 4