«Dire a un enfant qu’il n’a pas raison d’ avoir peur, c’est lui faire éprouver exactement la méme chose que nous lorsque nous sommes malheureux et qu’on nous dit: Voyons! tu te fais du mal vraiment pour rien. Comme nous, il a alors impression de crier 4 l’aide... et que personne ne Ventend.» La psychologue Isabelle Falardeau parle en pleine connaissance de cause. Elle et ses collégues Jocelyne Martin et Céline Poulin, enseignantes en Technique d’éducation en services de garde, ont en effet exploré le monde des tout-petits. Elles sont coauteures de Vouvrage Le Bébé en garderie, destiné aux éducatrices qui s’occupent d’enfants de 3 a 30 mois. La préface du livre est explicite: Un bébé, c’est un Petit Poucet, «un étre ingénieux qui a de grandes forces malgré sa délicatesse». I] faut apprendre a croire en son potentiel et a vivre en harmonie avec lui, en respectant son rythme et ses besoins. C’est cette approche qu’ Isabelle Falardeau applique aux peurs. «Les enfants possédent tout ce qu’il faut pour apprivoiser leurs peurs. Il faut seulement leur en laisser la chance et le temps. Et les y aider.» Que faire devant la peur d’un tout-petit qui s’affole a la vue du Pére Noél, d’un chien ou d’une marionnette? «Devant de telles situations, il faut éviter de dire: ca n’est pas épeurant, conseille Isabelle Falardeau. Il faut plut6t prendre le temps de parler a Jai Par Danielle Extraits tirés de la revue Petit a Petit, garde a l’enfance, septembre- l’enfant, de le réconforter. Par exemple, si un enfant fond en larmes a la vue d’une balle qui roule vers lui, on peut lui dire: tu as peur parce que la balle roule vite, et qu’elle est rouge, et grosse? Indiquer a l’enfant qu’on le comprend, tout est 1a. Ensuite, si l’enfant le veut, on l’aide 4 amadouer sa peur, lentement. Si un enfant ne se sent pas compris, ou bien il va pleurer encore plus, ou bien il va s’enfermer dans un mutisme total. Ni l’un ni l’autre ne sont souhaitables.» La spécialiste rappelle aussi qu’un enfant apprend par imitation. S’il a peur d’un chien, on ne le force pas a le toucher mais on peut nous-mémes caresser |’ animal devant lui. Ainsi, il retiendra qu’on peut approcher un chien. «On devient pour lui un modéle de comportement. A lui de prendre ses décisions par la suite.» Isabelle Falardeau insiste par ailleurs sur un point crucial: quand les circonstances s’y prétent, il faut laisser les bébés se prouver qu’ils sont capables de se sortir eux-mémes de situations difficiles. «Un enfant s’est aventuré dans un endroit étroit. I se sent coincé. Apeuré, il se met a pleurer. On peut bien sir aller le chercher et le tour est joué. On a d’ailleurs envie de se précipiter pour le faire ! L’expérience sera cependant beaucoup plus profitable si on lui dit qu’on est prét a l’aider, mais qu’il peut y arriver seul. En le guidant dans les gestes a poser, il réussira effectivement a se sortir du pétrin lui-méme. C’est = Certains enfants peuvent exprimer des craintes dues a l’obscurité et a la solitude. Les rituels d’endormissement, s’ils sont relativement courts (entre 5 et 10 minutes), représentent un moyen de passage entre la vie éveillée et la vie nocturne. Si les craintes sont trop vives, votre enfant vous appelle. De méme, si la charge psychique est forte, des cauchemars le réveilleront. II faut bien entendu calmer votre enfant, le rassurer, le consoler. II est inutile de lui dire que ses réves sont imaginaires, il ne fera pas la différence entre l’imaginaire et la réalité avant plusieurs années. En revanche, assurez-le de votre présence dans |’appartement, donnez-lui doudou et peluche préférée, et recouchez-le calmement et tendrement, mais sans négociation. Que faire face aux peurs du soir ? Aux cauchemars ? Conseil de Sylvie Gosme-Séguret, psychologue 12 Grimace et Galipette