EMILE NELLIGAN par D.S. Sumac 4 ULLAL Une vieille rue de l’époque du poéte LES VIEILLES RUES Que vous disent les vieilles rues Des vieilles cités.... Parmi les poussiéres accrues De leurs vétustés, Révant de choses disparues, Que vous disent les vieilles rues. Alors que vous marchez tard Pour leur rendre hommage: -‘*De plus d’une 4me de vieillard Nous sommes |’image,’’ Disent-elles dans le brouillard, EMILE NELLIGAN 24 déc.1879 - 18 nov.1941 Destin tragique de ce poé- te canadien-frangais, le plus grand de tous, qui a su heureusement affirmer son génie dans un laps de temps si court, qu’on peut se demander a bon droit, ce que son oeuvre créatri- ce aurait pu @étre si sa rai- son n’avait pas sombré sans retour alors qu’il n’avait que 20 ans. En effet, entre 1895 et 1899, ce jeune poéte, que les mu- ses avaient pris sous leur aile protectrice, donna au monde des arts littéraires une dimension encore inéga- lee dans l’expression des sentiments. Sa profondeur mélancolique, son don ex- traordinaire de l’image et l’attachement nostalgique au passé révélent une sensibi- lité, une inquiétude brflan- te et une maftrise du vers qui le font comparer 4 Ver- laine, A Rimbaud et A Gé- rard de Nerval, ces grands dérangés qui arrivérent 4 marquer de leur empreinte une époque annonciatrice des grands bouleversements du siécle, dont les remous n’ont pas encore cessé. Le 18 novembre 1941, soit 32 ans de cela, l’éclair fu- gace qui zébra le ciel de la poésie de fagon aussi vi- brante et chaleureuse, s’é- teignit presque ignoré de tous, aprés avoir vecu une vie végétative dans diver- 8es institutions, dénuée de toute signification person- nelle et replié sur lui-méme dans les gouffres inaccessi- Le Soleil de Vancouver, 16 novembre 1973, 7 ads ae te par Marguerite Batu Le concert du ll novembre avec . linvité Rudolf Fir- kusny, pianiste, a été un en- chantement des yeux et des oreilles; enchantement des yeux a4 la vue des mains de ce grand artiste quisem- ble faire du clavier ce qu’il veut, enchantement. des o- reilles en l’entendant dans Beethoven et Stravinsky. Fir kusny est un maftre pianisfe, un des meilleurs techniciens des temps modernes, avec tout l’esprit et l’extraordi- naire pouvoir d’un virtuo- se. Beethoven, sous ses doigts, est exprimé d’une facon pro- fonde et sensible dans la Fantaisie en do mineur. Le Vancouver Bach Choir a a- jouté sa magnificence 4 cet- te piéce, en nous distray- ant malheureusement un peu du jeu de Firkusny Excellent jeu également dans le Caprice pour piano et orchestre de Stravinsky, mais j’aurais préféré finir -<0%, avec Beethoven et pouvoir me concentrer sur cette ma- gnifique piéce et son exécu- tant. La Symphonie No39 en mi bémol majeur de Mozart fut parfaitement exécutée par l’orchestre sous la direction de son chef Simon Streat- feild. Le menuet entr’autre, nous atransportés dans __ le monde des Cours européen- nes de l’@poque, avec leurs invités royaux et princiers Nous pouvions les imagi- ner 14, évoluant gracieuse- ment sur lascéne. Ouverture Un conte de fées de Morawetz était une deli- cate exécution de ce compo- siteur canadien trés respec- té. La note finale fut la Rhap- sodie Espagnole de Ravel, -compositeur dont les oeu- vres sont toujours agréa- bles 4 entendre. THE VANCOUVER ART GALLERY LA COLLECTION 682-5621 PERMANENTE Une nouvelle acquisition de peintures et de sculptu- res par la Galerie d’Art de Henry MOORE David ROBERTS Gathie FALK bles d’un ‘‘moi’’, qui n’avait. Vancouver vous permettra Glenn LEWIS plus rien a offrir 4A notre’ d’admirer les oeuvres de: John McCCRACKEN monde matérialiste. Evelyn ROTH Les deux poémes repro- duits sur cette page don- nent une idée du pouvoir é- vocateur, de la chaleur et - de la hauteur de l’inspiration qui animérent la sensibilité exacerbée d’Emile Nelligan. DIETER ROT Terrence MILLINGTON David MAYRS Glenn TOPPINGS Michael de COURCEY Cette exposition aura lieu du 29 novembre au 6 jan- vier. Alors que vous y marchez tard. ‘*Combien d’anciens passants nocturnes ‘¢Qui longent nos murs, ‘*En eux ayant les noires urnes *‘De leurs ans impurs, **S’en vont les remords taciturnes _ **Comme d’anciens passants nocturnes’’. Il vous reste jusqu’au 26 novembre pour vous rendre 4a la Galerie d’Art de Van- couver ot se tient la super- be exposition de l’artiste Dieter ROT, auteur de pié- ces parfois étranges, tou- jours fascinantes! Voila ce que dans les cités Maintes vieilles rues Disent parmi les vétustés 3 Des choses accrues Parmi vos gloires disparues O mornes et mortes cités! Emile Nelligan MA MERE Quelquefois sur ma téte elle met ses mains pures, Blanches, ainsi que des frissons blancs de guipures Elle me baise au front, me parle tendrement, D’une voix au son d’or mélancoliquement. Elle a les yeux couleur de ma vague chimére, O toute poésie, 0 toute extase, 0 Mére! : "A I’autel de ses pieds, je l’honore en pleurant, Je suis toujours petit pour elle, quoique grand. ..McCRACKEM: Emile Nelligan. ili