4 Le Soleil de Colombie, vendredi 27 juillet 1979 Société Historique Franco- Cilcmbiehne Le bureau de la Société Historique Franco-Colom- bienne est ouvert le lundi, le mercredi et le vendredi, de 9h30 a 15h30. La permanence est assurée par la secrétaire de la Société Historique, Mme Catou Lévesque. La Société Historique Franco-Colombienne, 9, Broadway Est, Vancouver, C.B. V5T 1V4 Un nouveau printemps et construction de ma maison Aprés cet hivernage ou les gros travaux étaient forcé- ment ralentis ou méme im- possibles, a part le travail dans les bois, il fallait songer ase remettre, dés le dégel fini et le sol essoré, aux occupations normales du défrichement et de la cul- ture. Car notre raison d’étre sur ces terres étaient de créer une exploitation com- pléte et donc rentable: cul- ture, foin et fourrage, et enfin cheptel proportionné. Pour moi, ce qui était inscrit a la premiére ligne sur mes “tablettes” était la construction de ma amison @habitation, pour souscrire a la loi et permettre ainsi Vattribution de la patente une fois écoulée le temps imposé de séjour, c Races dire trois ans. Pour Armand , il en 1 était autrement: en effet, compte tenu de sa parenté avec Jean sur le quart duquel nous avions fait porter le maxi- mum d’efforts au point de vue “habitation”, il était autorisé a faire acte de résidence chez lui, 4 charge de donner la preuve d'autres “improvments”, défriche- ment, cléture et labours.Je m’arrétai donc a la formule d'une petite maison d’une piéce, en planches, a double paroi, qui me mettrait vis-a- vis du bureau des Terres mais qui, suivant mes plans, pourrait étre “mouvée” sur la concession principale, a cété des autres batiments, dés que le titre de propriété m’aurait été accordé. Elle servirait alors de piéce sup- piémentaire pour dortoir d'un ou deux hommes “enga- gés” (toujours la fable de Perrette), soit de petit ate- lier.II était facile, en effet, de transporter un batiment d'une place a une autre, et surtout du genre de celui que jallais batir. En effet, en hiver, deux iraineaux et de solides ma- ariers,de adresse et de la natience, c’était la.le princi- pal et lessentiel pour cette epération. Dés que fut un peu égoutté le ruissellement Je la débacle printaniére, il silut songer a aller cher- ner, a la scierie d’Atha- vasca, les planches qui é- sient nécessaires et pour esquelles nous avions char- eoyé le bois en billots, au fur : & mesure que nous des- -ndions le bois de chauffage our la Royal Bank et la ~ seca Bay. ‘ceur, que j’avais La scierie nous donnait, en échange, une certaine quantité de de planches ou de madriers de 2 x 4 ou de 6 x 2, et gardait pour elle, pour son travail, une petite partie des planches.Nous n’avions donc rien: a débour- ser, dans ces conditions. Nous elmes cing grosses charges a-remonter et, en trois jours, j'avais sur place tous les matériaux nécessai- res pour commencer la cons- truction. J’avais engagé, pour nous aider, un colon canadien-frangais,Jo Ladou- connu quand il travaillait comme menuisier , au batiment.de l’Athabasca Hotel et qui, vivant seul, ne demandait pas mieux que de faire quelques dollars supplémen- taires. = Il avait deux chevaux qu'il amena avec lui, ce qui ne posait aucun probleme. Je voulais terminer le gros- oeuvre avant de commencer les labours sur les terres anciennes et le nettoyage des arpents a défricher pour Vannée. Nous nous mimes donc tous trois au travail, Jean venant donner-un coup de main dans le temps laissé libre par sa cuisine et les soins aux chevaux et au poulailler. La maison com- portait done une grande piéce avec deux fenétres de facade et une sur le cété qui faisait face au petit lac; porte au centre entre les deux fenétres et porte aussi derriére, en angle, ce qui *permettait de faire, plus tard, si je le voulais, un _ ajouté pour une cuisine sé- parée.L’emplacement choisi était situé a une trentaine de -métres du croisement de notre traverse avec la piste de Baptiste Lake, sur un léger monticule qui dominait le petit lac. J’avais aimé cette place, car l’endroit était sain et les alentours parsemés de bouleaux et de jeunes trembles que je vou- lais conserver a l’entrée du chemin, quand les clétures enfin terminées pour l’en- semble de la propriété me permettraient de placer une barriére blanche avec, en fronton, “Bellevue Ranch”. Encore et toujours les réves de Perrette et de son pot au lait . Ce travail de construction - était bien plus facile et moins fatigant que celui =e nous avions da = face lors de I’érection de la grande maison.Manier une planche semblait un jeu d’en- fant, quelque chose comme un jeu de construction, a coté de la coupe, du ma- niement et de l’ajustage des “logs”. La Douceur faisant le contremaitre, nous les ap- prentis, la maison montait rapidement, car ce n’était guére difficile de clouer et placer les planches, quand le canevas était tout préparé... Nous posions donc d’abord le cadre de la batisse avec des madriers de “two by four”, c’est-a-dire deux inches sur quatre inches, puis sur ce cadre, a l’extérieur, deux rangées de planches, l’une de shiplap couvrant une autre de simple bois non plané, avec entre elles du papier goudronné assez lourd et feutré faisant isola- tion. A lintérieur, sur les mé- mes montants de two by four, une rangée de planches embouffetées, clouées a la verticale et faites de beau tamerac que nous avions choisi dans les bois de Baptiste Creek. Entre ces deux rangées, une couche de gros papier d’emballage constituant une deuxiéme isolation. Je dus acheter. un peu plus de bois pour le parquet ainsi que, naturellement, les fené- tres et portes toutes prépa- rées et prétes a poser. Heureusement, nous avions devant nous un assez J bon pécule en banque, avec nos gains de 1’été, la valeur du bois de chauffage fourni a la Hudson’s Bay et 4 la Royal Bank, les oeufs que nous avions vendus a Lessard et les peaux d’hermine — une centaine environ — que javais piégées au cours des mois d’hiver, avec le renard et le vison (ce dernier sans doute las de l’existence), le * tout de premier choix puis- que pris surtout dans la deuxiéme partie de lhiver. Ainsi avions-nous non seu- lement vécu tranquillement ~ durant les grands froids, mais nous avions aussi sau- vegardé nos gains d’été et méme augmenté notre capi- tal espéces et batiments. Le plan du toit avait fait - Vobjet d’un examen tout spécial; fallait-il une ou deux pentes? Employer du papier goudronné ou bien des bar- deaux, sortes d’ardoises de _pin ou de cédre? Il y avait évidemment une différence de prix qui, tout en étant sensible, n’était cependant point trop oné- reuse, la premiére solution ayant l’avantage du bon marché, mais aussi le grand inconvénient d’étre plus vul- nérable aux coups de vent quand une déchirure se pré- sentait; la deuxiéme plus chére, plus longue a poser, mais aussi plus sfire et devant durer beaucoup plus longtemps. Et puis, je dois bien le confesser, il y avait pour moi une pointe de vanité, car je trouvais qu'une couverture. en bardeaux (faite comme celles que l'on voyait en ville . sur les demeures assez cos- Devenez membre de la Société Historique Franco-Colombienne Cotisation annuelle: '$4.00 membre individuel $10.00 membre groupe Société Historique Franco-Colombienne,,. 9, Broadway Est, Vancouver, C.B. V5T 1V4 sues) donnerait a la batisse «plus d’allure », comme si ma modeste maison devait faire figure de chateau. Mais, telle qu’elle était, elle donnait déja impres- sion d’un colon qui faisait honorablement sa vie et qui marchait avec le progrés. Car, a cette époque, c’était déja cela, le progrés: aprés la couverture en perches et gazon ou celle en papier bitumé qu’employaient en- core les homesteaders peu fortunés ou. habitués 4 une existence terre a terre, tels les Ukrainiens, celle en bar- deaux signifiait déja une certaine recherche dans le gofit et prenait peu a peu le dessus. Elle était aussi plus gaie, - pouvant se peindre, ce qui agrémentait toujours un paysage. De méme le petit « fenes- trou » 4 quatre carreaux qu’on trouvait dans toutes les cabanes de trappeurs (quand ce n’était pas du gros papier huilé tendu sur un cadre), était remplacé désor- mais par des baies comme celles de notre grande mai- son ou par les fenétres a guillotine comme celles que je posais chez moi. En moins de quinze jours, le batiment était terminé: le toit, peint en rouge brique, tranchait parmi la jeune ver- dure qui commengait a bien habiller les arbres: a la four- che de notre chemin, la nouvelle construction annon- cait que la débutait la « place des Frangais ». Et j’étais heureux et fier d’avoir, sur cette concession comme sur celles de Jean et d’Armand, posé notre em- preinte de « faiseurs de ter- res ». | (A SUIVRE ) LE FAIT FRANCAIS EN C.B. Etude approfondie de la participation des francophones a la colonisation de la Colombie britannique. Traduction d’extraits duke étude de ae Cowley, de l'Université Simon Fraser. $2.00 plus $1.00 pour les frais de poste. Société Historique Franco-Colombienne, 9, Broadway Est, Vancouver, C.B. V5T 1V4 Saviez-vous qu ‘il existait un journal en francais au début de la colonie? ORK RK RK LE COURRIER DE LA NOUVELLE-CALEDONIE informait les premiers colons de la Colombie-Britannique Procurez-vous les exemplaires existants du 11 septembre 1858 au 8 Octobre 1858. ECRIVEZ A: SOCIETE HISTORIQUE FRANCO-COLOMBIENNE 9, Broadway East, Vancouver, C.B. VST 1V4 ; PRIX: $1.25 + $0.25 pour la-poste : sada tnhaddetdiadtnatbnn