st tt ca tence et nner nenen ae décilare que les VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 27 avril 1990 - 11 Le chateau-fort de Pierrefonds Par Jean-Claude Boyer Paris, 18 octobre 1984. Une autre bonne nuit passée a l’étage-résidence des religieux de Sainte-Croix (Ecole Saint- Michel-de-Picpus). Au petit déjeuner, je relate briévement ma visite d’hier au chateau de Compiégne. Le fréere D'Amour raconte que les religieuses de Compiégne exécutées “sur la place de la Bastille furent inhumées au cimetiére de Picpus, pres d'ici. Derniére gorgée de café au lait. Je me rends ensuite a la Sorbonne assister a un cours magistral comme auditeur libre. Les cours ne reprendront que lundi, mi’informe-t-on. Peu importe. Promenade dans les Jardins du Luxembourg, chan- son de Joe Dassin aux lévres. Puis je reprends le train pour Compiégne, d’ou je me rendrai visiter le chateau-fort de Pierrefonds. Assis en vis-a-vis, un chemi- ° not a la retraite éperdument amoureux d’un... bichon blanc (métis de l’épagneul et du barbet). «Je voyage toujours avec mon bibi», me dit-il tout sourire, ajoutant que méme si ces chiens ne vivent jamais plus que 12 ans, le sien en a 13. Il vante le Maroc, m’incite a allera Reims visiter les caves Mercier, tableaux électroniques du métro sont des merveilles d'ingéniosité, m’ex- plique la signification de l’'acronyme SMIG (salaire mini- mum interprofessionnel garan- ti), etc. Mais c’est une machine a paroles, ce cheminot. Admirable de patience, son — bibi. En entrant dans la gare de Compiégne, j’apprends que le deuxiéme des trois autocars quotidiens pour Pierrefonds (26 km) vient tout juste de partir. Je dois faire de _ |’auto-stop. Traversée de la ville en bus gratuit, comme a Amsterdam, et me voila planté comme un piguet, sac en bandouliére, pouce levé vers un_ ciel menacgant. A peine trois minutes d’attente, et je monte dans la petite voiture d’un étudiant de... |’ile dela Réunion (département frangais a l’est de Madagascar). Il n’en revient pas de rencontrer ici son premier Québécois, devenu Franco- Colombien. Pour ma part, c’est lapremiére fois, bien sar, que je fais la connaissance d’un Réunionnais, d'un francophone né, en quelque sorte, dans l’océan Indien. En un rien de temps, j’apercois le célébre chateau au-dessus du joli bourg de Pierrefonds, a la lisiére de la forét de Compiégne. Multitude de créneaux et d’ouvertures étroites. Et je descends a la porte du monument ouvrant sur la cour d'honneur, ou je remarque aussitét, devant un large escalier, la statue éques- tre de Louis d’Orléans. En attendant la prochaine visite guidée, je butine devant un étalage de cartes postales. L’une d’elles, intitulée «Pierre- fonds raconte», donnelaparole, pour ainsi dire, au chateau lui-méme: «Louis d'Orléans, frere de Charles VI et régent aprés la folie du roi, me fit batir en 1390 par Le Noir, architecte royal. Il mourut assassiné par Jean sans Peur, Duc de Bourgogne. Son fils, Charles d Orléans, passa plus de temps dans les gedles d’Angleterre a composer des rondeaux qu en- tre mes murs. Cependant je soutenais le siége des Bourgui- gnons qui ne parvenaient pas a meenlever. Plus tard, je fus offert a Antoine d'Estrées, pére de /a belle Gabrielle qu‘aimait le roi Henri. Mais Francois d‘Estrées, fils de ce seigneur, ayant bravé Louis XIII, le roi me fit prendre et démanteler. Napoléon fer acheta mes ruines. Enfin, Napoléon Ill me confia a Viollet-le-Duc qui me refit ce que je suis, pour votre plaisir.» C’est I’heuredelavisite. Jeme retrouve, étonné, seul avec quatre Hollandais qui ont du mal a comprendre le francais. Par surcroit, le guide parle vite, comme si la durée de la visite devait aller de pair avec le nombre restreint de visiteurs. J’aime ces arcades en anse de panier formant un préau, surmonté d’une galerie. L’archi- tecte s'est inspiré, parait-il, de la cour du chateau de Blois - visité le mois dernier. Un crocodile de pierre s’agrippe a un mur, téte premiére, gueule ouverte. J’ai tot fait de constater la différence de teinte entre les ruines et les pierres modernes. Le guide enchaine cent petits faits historiques qui ont mené a la reconstruction savante de la forteresse médiévale (terminée en 1884): de l’achat des ruines par Napoléon ter pour a peine 3,000 francs a leur compléte reconstitution «style Viollet-le- Duc» au coat de 5 millions. Les «ruines pittoresques» des cour- tines et des tours, consolidées, ont été épargnées pour le décor, et Pierrefonds s’est peu a peu transformé en résidence impé- riale. Le célévre batisseur parvint ainsi a appliquer de facgon systématique sa concep- tion personnelle de |’architec- ture féodale, désireux qu’il était de «l’approprier aux nécessités, d’aujourd’hui», ce qui provoqua de violentes protestations. De forme quadrangulaire, le monument présente une grosse tour de défense a chaque angle et au milieu de chaque face. Huit statues de preux ornent ces tours et leur donnent leur nom: Alexandre, César, Charlema- gne... Sur trois cdétés, le chateau-fort domine presque a pic le petit bourg; au sud, il est séparé du plateau par un profond fossé. Belle vue sur un petit lac romantique hérité, nous dit-on, des réveries de Napoléon Iil. Notre commentateur utilise des termes techniques que j'ai appris au collége, le... moyen age de ma vie, tels que «machicoulis» («macher — et «couler») et «chicane»: passage en zigzag qu’on est obligé d’emprunter. Le double pont- levis posséde une «volée» pour piétons et une «volée» pour voitures. Qu’en termes galants ces choses-la sont dites! Mes compagnons hollandais ont l’air de n’y entendre goutte. Une exposition permanente est consacrée a Viollet-le-Duc et a ses. travaux: gravures, peintures, photographies des ruines, historique du chateau... A lintérieur de la chapelle, le guide fait remarquer que la tribune voitée jetée au-dessus de l’abside est une _ pure invention de l’architecte, qui a méme donné ses traits a saint Jacques le Majeur. Visite du donjon, le logis du seigneur. Grande salle, dont les boiseries et les quelques meubles furent dessinés par Viollet-le-Duc. J’observe un aigle napoléonien, un chardon, un baton noueux... Elégant escalier a jour. La cour des provisions communique avec la cour d’honneur par une poter- ne... Pour introduire les vivres dans la forteresse, on abattait un tablier de bois en forte pente. Passons a la_ salle des «Preuses», autre création de Viollet-le-Duc: vaisseau cou- vert d’un plafond en caréne renversée. Le manteau de la double cheminée (base du XVe s.) est orné de statues de neuf preuses, héroines des romans de chevalerie. L’une d’elles porte les traits de |’impératrice Eugénie. Nous empruntons ensuite un escalier a double vis pour nous rendre ala salle des gardes, ou ont été regroupés de beaux fragments lapidaires: statues d'origine des «preux» singulari- sant chaque tour et vestiges du XVe siécle. Lavisitese termine devant une maquette du chateau entourée de boulets. Dernier commentai- re de notre guide au débit rapide: «Nous devons a Viollet-le-Duc d’avoir mis en lumiére les derniers progrés des systémes de défense avant |’ére du canon.» J’allais oublier les... Oubliettes, cachots obscurs et infects ou l'on jetait les prisonniers aprés les avoir torturés. On ne les visite plus. Elles sont... reléguées aux oubliettes a cause d’un danger d’effondrement. Dernier regard sur le magnifi- que vallon, son lac et ses foréts. Puis je descends vers |'intersec- tion la plus favorable a l’auto-stop. Une Peugeot rouge s'arréte bient6t. «Bonjour, Monsieur...» C’est un jeune Pétrifontain (!). Il a travaillé tout. été & Vancouver et souffert comme moi de la gréve des transports en commun! Je n’en crois pas mes oreilles. Il se dit ravi de son séjour. Accueil, climat, paysages, Festival de la Mer, feu d’artifices, tout, mise a part la gréve, semble l’avoir — enchanté. Il me parie des champignonniéres de Pierre- fonds, ses poteries et ses eaux thermales, précisant qu’autre- fois sa petite ville natale jouissait d’une réputation envia- ble comme centre mondain. Je lui donne mon adresse au cas ou il retraverserait les Rocheu- ses canadiennes. Revenu a Compiégne, je repasse devant le bel hétel de ville, sur -heure; un des trois personnages sous la fléche incline la téte. Promenade le long de vieilles maisons charmantes. J’entends du Gil- les Vigneault... A la gare, une vendeuse appelle le dispositif pour présenter ses friandises «présentoim, terme qui ne m’est pas familier. Un Québécois de mon age connait mieux «repo- soim, «ostensoir, «encensoirm et «ciboire»! Dans le train qui me raméne a Paris, j’apergois dans un miroir mon premier cheveu blanc! (Je n'ai toujours que celui-la, heureusement.) J’en oublie chateaux et foréts pour cogiter surlavanité de toute chose et la fuite du temps. Déja 40 ans, mon Dieu, et mes_ réves commencent a peine a se réaliser. Pour l’instant, ils m’entrainent dans le sommeil. Réveil en sursaut comme le train entre en gare, dans le coeur de la capitale. Je songe encore a mon premier cheveu blanc. Et j’y repense encore en m’endormant, ce soir-la. Au diable le passé! Glissons doucement vers demain, pre- mier jour du reste de ma vie. 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