ae aR VOL. 20 NO. 36 VENDREDI15 JANVIER 1988 :FONDATEUR : ANDRE PIOLA T Le Soletl de Colombie 980 rue Main Vancouver, C.B. V6A 2W3 Canada Hebdomadaire : 30 cts Courrier 2€me classe Second Class -Mail_ Les moules des Iles-de-la-Madeleine Le fédéral se contentait d'une inspection par année: un meilleur contréle aurait pu éviter des pertes considérables aux madelinots Péches et Océans Canada n’effectuait qu’une inspection par année sur les moules provenant des _ Iles-de-la- Madeleine avant qu’éclate «affaire des mollusques toxi- ques». Le ministére fédéral soumet pourtant a des tests hebdomadaires les mollusques venant de l’ensemble des régions coquilliéres du pays. C'est ce qu'indique une lettre du ministre Tom Siddon, datée du 12 mars 1986 et adressée a l’Association des mytiliculteurs madelinots, dont 1l’Agence Science-Presse a obtenu copie. Selon ce document, Péches et Océans a alors commencé a inspecter les mollusques cultivés aux Iles-de-la-Madeleine sur une base annuelle. Cette décision faisait suite a la mise sur pied d’exploitations commerciales de moules aux iles. Un fonctionnaire de Péches et Océans, M. Benoit Baril, a admis que cette politique _ €tait toujours en vigueur au moment ow furent signalés les premiers cas d’intoxication par des mollusques. L’inspection hebdomadaire des mollusques est une mesure instaurée par Péches et Océans dans le but de détecter la saxitoxine, une substance pro- duite par un protozoaire marin, Gonyaulax tamarensis. Déja bien connu des mytiliculteurs et des biologistes, ce micro-organisme planctonique se multiplie dans des circonstances encore mal comprises et est alors absorbé par les mollusques filtreurs. Ceux-ci accumulent ainsi la toxine paralysante et peuvent, s’ils sont consommés en quantité suffisan- te, provoquer une intoxication alimentaire grave. Afin de déceler la présence de saxitoxine, des extraits sont 'préparés a partir d’échantillons de mollusques et envoyés aux laboratoires de Santé et Bien- étre, 4a Ottawa, ov on les injecte a des souris. Ce sont ces analyses réguliéres, effectuées dans la majorité des régions coquilliéres du pays depuis 1943, qui ont permis de mettre en évidence, fin novembre, une toxine inconnue dans des moules provenant de lile-du-Prince-Edouard. Le 29, aprés que plusieurs cas d’empoi- sonnements eurent été signalés, Péches et Océans décida d’inter- dire a la consommation les mollusques de cette province. Mais l’interdiction ne touchait pas encore les moules_ des Iles-de-la-Madeleine. En effet, bien que les mollusques de uelque 500 zones coquilliéres du uébec soient ainsi testés ‘chaque semaine, ceux des iles n’avaient subi qu’une seule inspection au cours de l’année. «On neffectuatt des analyses quune fois par année parce quon n avait jamais, en trente ans, signalé la présence de Gonyaulax aux Iles», explique M. Baril. Pourtant, Pierre Brunel, Pierre Couillard et Peterjurgen Neuman, professeurs de biologie a l'Université de Montréal, ont récemment fait remarquer que les Gonyaulax se multipliaient de fagon extrémement rapide, et quiils pouvaient apparaitre et disparaitre subitement. Les résultats de cette analyse annuelle, menée a la fin de 1’été 87, se sont avérés négatifs. Toutefois, dés les premiers cas d’intoxication par les moules de l’Ile-du-Prince-Edouard, Péches et Océans alors en branle-bas de combat décida de passer au peigne fin les mollusques des Iles-de-la-Madeleine. Le 5 décembre, aprés plusieurs tests négatifs, on détectait finalement de la saxitoxine dans deux échantillons de moules des Iles. Ces nouveaux résultats incitérent le ministére a interdire le soir méme les moules de l’archipel madelinot a la consommation. «Pourtant, les concentrations de toxine présente dans ces deux échantillons dépassaient a peine la norme internationale», déplo- re Georges-Henri Hubert, des Pécheries Hubert, des Iles-de-la- Madeleine. Ces — échantillons renfermaient 116 et 123 micro- grammes (ou millioniémes de gramme) de toxine par 100 grammes de chair de moule. Or les premiers symptémes d’intoxi- cation n’apparaissent que lorsque la concentration de saxitoxine dépasse 400 microgrammes. par 100 grammes. «d 123 micro- grammes par 100 grammes, il faudrait manger 5 livres de moules [ environ 150] pour qu'on ~commence @ se sentir indisposé», générait des revenus de 600 000$. «Nous avions dépensé 400 000$ en deux ans pour mettre sur le marché notre moule, dit M. Hubert. Jat peur que tout soit a B-Movie, The Play de Tom Wood au Vancouver Playhouse du 2 au 30 janvier. De gauche a droite: Dana Brooks, Stephen Ouimette et David Elliott. Lire Yarticle de Marie-Louise Bussiéres en page 15. Photo: David Cooper. ajoute M. Hubert, qui rappelle qu’aucun cas d’intoxication n’a été formellement rattaché aux mollusques des ___Iles-de-la- Madeleine. C’est donc un pur concours de circonstances si ces derniers ont été analysés puis retirés du marché pendant l’affaire des mollusques toxiques, ou du moins a son début. Si une autre toxine (que les experts du gouvernement. fédéral croient provenir d’une algue microscopi- que) n’avait pas fait son apparition dans des moules de l'Tle-du-Prince-Edouard puis dans des huitres de Caraquet, la contamination des moules des Tles-de-la-Madeleine par la saxi- toxine du Gonyaulax serait probablement passée inapercue. Ces circonstances, les décisions qui les ont suivi et les mesures dinspection insuffisantes ont malheureusement causé beau- coup de tort a la jeune industrie de la «Madelimoule», qui employait déja 75 personnes et recommencerm. Afin d’éviter que de telles situations se reproduisent, Péches et Océans entend appliquer désormais aux moules_ des Tles-de-la-Madeleine la politique d’inspection qui a cours dans tout le reste de la province. Mais selon le professeur Pierre Brunel, spécialiste en biologie marine, il serait peut-étre plus simple de s’attaquer au mal par la racine: «En favorisant davantage la -~pahioretat™= toed “wn comprendrait mieux l’écologie et les proliférations de Gonyaulax et des autres organismes planctonz- ques, responsables d%tntoxica- tions ou pas». Or lessubventions a ladite recherche fondamentale ont subi d’importantes coupures ces derniéres années. En particu- lier, de la part du gouvernement fédéral. no. 0046. SOMMAIRE . La politique canadienne 2 D’une place a lautre 3 : Voyages 13 . Jeux 14 . Théatre 15 . Annonces classées 19 Foyer 16 oad JOHNSON sahil L'homme le plus rapide monde. - Canadien Ben Johnson, een et recordman du monde du 100 métres | plat, courra &@ Vancouver, au PNE Coliséum, samedi 16. 4 Page 20, la Chronique du Temps 3 qui passe revient sur son fabuleux record du 30 aodt dernier. il