8, Le Soleil de Vancouver, 2*novembre 1973 pax André CHOLBLAT Jard My | j HN T » Sr : Lg rahe; LA NATURE DANS NOS DEMEURES La Nature, pour étre commandée. doit @tre obéie |! (Novum Organum 1620- Francis Bacon, baron de Ve- rulam et Vicomte de Saint-Albans - 1561 - 1626-). Pour réussir dans l’im- plantation d’éléments déco- ratifs naturels dans cet en- vironnement artificiel que sont nos demeures, essayons de comparer les conditions que nous avons avec celles des climats naturels; Nous pourrons ensuite choisir les plantes qui ont le plus de chances de se plaire, avec, si nécessaire, quelques sim- ples modifications. Nous verrons ensuite quelles sont les conditions indispensa- bles de survie des plantes habituellement vendues dans le commerce et qui le plus souvent ne survivent pas dans nos demeures, 4 moins de conditions particuliéres. 1) Lumiére - Les conditions de lumiére vont étre diffé- rentes suivant les latitudes: les jours étant plus longs et moins irréguliers, indépen- damment des saisons, | si l’on se rapproche de 1’é- quateur, tandis que ce sera OMPA 2 ed l’inverse si l’on se dirige vers les poles; de nombreu- ses plantes seront sensibles a ce temps minimum ‘‘d’en- soleillement’’ (lumiére so- laire). c’est ainsi que l’on a donné les noms de:‘‘plantes de jours courts”’ et plantes de jours longs’’ pour diffé- rencier les plantes qui ont un besoin précis de lumié- re; (le chrysanthéme par ex- emple ne fleurit que dans des conditions de lumiére limitée; mis A part de nou- velles variétés hybrides, vous ne verrez point le chrysanthéme fleurir natu- rellement en été); les plan- tes tropicales, par contre, qui poussent habituellement dans des pays aux jours longs, quelle que soit la saison, vont souffrir au cours de I’hiver, dans nos pays plus au nord lorsque les jours sont si courts. Nous verrons qu’il y a cer- taines précautions A pren- "ACHE NOUS ne faisons pas de grande publicité car nous sommes srs que moins nous dépensons moins cela vous cottera. C’est la raison qui nous a fait choisir le 540 est Hastings, parce que les frais y sont moins élevés. VENEZ nous voir,soyez les bienvenus, prenez une tasse de café et faites une parlotte avec MAURICE, en francais, et COMPAREZ nos prix. Livraison gratuite. Crédit ou chargex MOE’S 540 E. HASTINGS ST. TELEPHONE 254-9322 dre si vous voulez conser- ver vos plantes en bonne forme en unetelle période. La lumiére de nos appar- tements sera donc en moy- enne de 15 heures en été et seulement de 8 heures en hiver. Considérant que nous avons de nombreux jours couverts ou pluvieux, nous pourrons dire que nous n’a- vons en moyenne que la moi- tié du temps, été comme hi- ver, avec une lumiére vive de journées_ ensoleillées; cette lumiére vive sera mé- me beaucoup moindre si vos piéces sont situées au nord au lieu du sud; la lu- miére sera différente pour les plantes si votre appar- tement est situé au levant (soleil moins fort) ou au couchant. Cette méme dis- position ne vous donnera pas le méme résultat si vous é- bitez en un endroit bien dé- gagé, pas de structures, (montagne, arbres, b&ti- ments) pour diminuer la luminosité ou si, aucontrai- re, votre appartement est au sous-sol d’un immeuble de plusieurs étages situé entre d’autres immeubles de mé- me dimension. La lumiére sera differente si vous étes devant la fenétre ou au fond de la piéce, si vous avezdes rideaux ou pas, si votre dé- cor est clair ou pas; biendes plantes ne peuvent supporter le soleil direct derriére une fenétre et se plairont trés bien au fond d’une piéce lu- mineuse (la lumiére étant refltée par un mur clair ou des miroirs). Si j’insiste autant sur ce su- jet c’est, croyez-moi bien, qu’il est d’une importance capitale dans la survie de beaucoup de vos plantes (les plantes tropicales et déser- tiques particuliérement ). nous pouvons comparer 4 nouveau les plantes aux hu- mains; qu’adviendrait-il d’ un humain laissé sans sa source principale d’énergie. Il s’étiolerait, s’affaiblirait et serait bien plus vulnéra- ble aux maladies et parasi- tes (c’est le cas dans les pays sous-développés d’Asie et d’Afrique); Ja source d’é- nergie numéro UN pour les plantes est la lumiére so- laire, qui leur permet de transformer les éléments du sol, le gaz carbonique de lair et ’eau par unsystéme complexe du feuillage appelé **photosynthése’’. Les plan- tes, suivant leur origine, ont des besoins différents de lu- miére et leur développement se fera en rapport de la lu- miére qui leur est donnée. Nous classerons donc les plantes en raison de. cette premiére condition d’abord. ABONNEZ-VOUS AU “SOLEIL’’ $7.00 par an La photographie ci-contre, prise a l’aide d’un radiométre infrarouge, cation de la telédétection a la reconnaissance d’espéces végétales. En effet, les pro- priétés spectrales des feuillus (partie sombre de la photo) et des coniféres différent totalement dans les lon- gueurs d’ondes _ corres- pondant aux rayons_infra- rouges. Le langage et la verite Tl est vrai que le fran- gais est clair et précis. Et pourtant, doit-on prendre 1’ énoncé, méme en frangais bien écrit, pour une vérité. Le langage est-il capable de vérité. ‘*Que dites-vous 14.”7 me demanderez-vous. ‘*Aprés tout, si je vous dis qu’il fait chaud, on peut tout de suite vérifier cette as- sertion.’? Eh non, pas si vite. S’il fait chaud, pour vous homme du Québec ha- bitué 4 la neige et au froid, la température ne semble peut-étre pas si é- levee A un Néo-québécois venu d’Afrique. Tout est relatif. Descartes nous a dit que le langage signifiait le monde intelligible. Il a confiance, Descartes. Pascal n’était pas si certain de la vérité du langage. Pour lui, la langue était figurative et la foi était la vérité. Une cer- taine dialectique en découle d’ailleurs: on doute. Il fait chaud, me dites-vous. Je reprends: ‘‘Non, je ne trouve pas’’. L’expérience, mon passé, ma vie, ma na- ture, tout cela fait que je ne pense pas qu’il fasse trés chaud. Il fait bon. Al- lons plus loin. Un ciel bleu, le caractére bleu d’ un ciel n’est _ une ‘‘vé- rité’’que pour celui qui, ay- ant en mémoire une certai- ne idée de la couleur bleue, peut s’écrier, uncertain ma- tin: ‘*Tiens ce ciel est exac- tement de la couleur que j’appelle bleue!’’ Un voisin, venu des bords de la Médi- terranée, se moque alors de lui: ‘* Vous n’en avez jamais vu de ciel bleu, mon cher amil Allez en Italie et vous verrez un ciel vraiment bleu’’. Donc, le langage nous trompe. Il faut s’en méfier, se reprendre. [i faut faire constamment des conces- sions. Pour m’2ntendre avec mon voisin sur la vérité quant au ciel bleu, il faut que je ne m’arréte qu’A une idée trés vague, ‘‘générique’’ de la couleur bleue. ‘‘Plus ou moins bleu, le ciel ce matin, n’est-ce-pas, .cher ami’’. ‘“‘Eh oui, voisin bien-aimé, il est plus ou moins bleu’’. A ce moment, nouSOmmes d’accord, le voisin et moi. Pas de discussion. Vous voyez que le langage suppo- se une constante remise en question de ses convictions, , de ses idées. Si je dis au voisin: ‘‘Je trouve Venise trés sale’’, je fais une déclaration trop vague et en méme temps trop définitive. Mon voisin qui justement en revient peut me dire: ‘‘Non, je ne trouve pas. Venise est une ville co- lorée, magnifique. Je n’ai pas eu l’impression qu’elle était sale’’. Il n’en a pas eu l’impression. Serait-ce par- ce qu’il n’était pas dans le méme état d’esprit que moi, lors de notre visite 4 Veni- se. Sans doute. Ou alors, Vadjectif sale n’a pas la mé- me signification pour lui. Pour moi, un papier gras sur une lagune, cela fait u- ne ville sale. Pour lui, cela fait couleur locale. Je ne sais pas. J’essaie de com- prendre. Oui, c’est bien ce- la. Nous essayons toujours de saisir la vérité derriére les mots. Méme des mots aus- si communs que‘‘sale,bleu’’ prennent selon les locuteurs, selon les cas, selon les é- tats d’esprit, des significa- tions un peu différentes. Seu- le, la signification générale est ‘‘conciliatoire’’. Méme en frangais, langue claire et précise, on ne peut échapper aux contingences du langage. Angoisse existentielle s’il en est une. On ne dit jamais vraiment ce que l’on voudrait dire, ce n’est pas possible, les mots sont limités. Et nous ne com- prenons jamais ‘‘tout’’ ce qu’on nous dit.Prisonniers de notre langue, nous ne pou- vons comprendre qu’appro- ximativement le message. Il faut s’en contenter. Pour finir, c’est Pascal, qui, plein de doute sur lana- ture et la fonction du langa- ge, déclara que celui-ci é- tait constitué d’expressions confuses. Brice Parrain, dans son excellent volume: Recherches sur la nature et les fonctions du langage*, nous rappelle que Pascal di- sait que les hommes n’ont pas la méme idée de l’es- sence des choses, parce qu’ ils n’attachent pas la méme signification aux mots. Par- lant dés choses chacun 4 leur fagon, les hommes con- tinuent entre eux un dialo- gue de sourds. Divergente signification, divergente ac- tion. Donc, il n’est pas é- tonnant qu’il y ait toujours eu, chez l’homme ‘‘qui par- le’’, des guerres, des com- bats incessants. Et du ‘‘pla- cotage’’, mes enfants. « . *Gallimard-Idées. montre l|’appli- (BNF 22-9-73) ———EE