l'oublier, une population anglo- phone qui a manifesté une ouver- ture d'esprit extraordinaire a notre égard et a l'égard de la langue frangaise dans les der- niéres décennies. I1 faut bien le reconnaitre car c'est un fait important. Une situation, par conséquent, qui s'est bien amé- liorée. Et l'on voit fort heu- reusement, sauf quelques excep- tions, la méme situation a la grandeur du Canada. Mais, malheureusement, il y a une ombre au tableau. Je pense a la dénatalité au Québec qui, a long terme, aura des consé- quences néfastes sur les Cana- diens-frangais d'un océan a 1! autre. C'est avec un coeur lourd et profondément inquiet que je veux en parler méme bri- évement ce soir. Quand j'étais enfant, il n'y a tout de méme pas si longtemps, nous étions 33% de la population canadienne; aujourd'hul nous ne sommes que 25%. I1y a trente ans les Qué- bécois étaient un des peuples les plus prolifiques de la ter- re. Eh bien, ce n'est plus le cas! Avec l*Allemagne de 1! ouest le Québec connait présen- tement le taux de dénatalité le plus bas du monde occidental. La moyenne de natalité au Québec est 1,4 enfants par femme. Au Canada anglais cette moyenne est 1,7 enfants par femme. Pour qu! un peuple se maintienne il faut un taux de natalité de 2,2 en- fants par femme. Mesdames, l'a- venir du Canada-francgais est en- tre vos mains. A ce rythme dé- mographique décroissant, il est Clair que notre pourcentage va continuer de diminuer. Certains démographes prédisent qu'en 1l'an 2030 ou 2040 nous ne serons plus que 10% de la population canadi- enne. La revue L'Action Natio- nale de Montréal a consacré tout son numéro de mai a ce grave probleme; les collaborateurs ont essayé d'alerter les Québé- cois sur les conséquences écono- miques, linguistiques, sociales et politiques de la dénatalité au Québec. J'ai dit "grand pro- bléme". A mon avis et a l'avis de bien des gens mieux éclairés que moi c'est le probléme le plus grave auquel le Canada frangais a eu a faire face de toute son histoire. Je vous ju- re qu'éventuellement cette sl-_ tuation aura pour nous des rami- fications désastreuses. C'est pour cela que je tiens a vous en parler ce soir. Dans un article que j'ai publié dans le Soleil de Colombie, dans le Devoir de Montréal et dans 1' Action Nationale de Montréal voici deux extraits que j'ai é- crits: "Le plus grand drame au Canada francais aujourd'hui ce n'est ni notre faiblesse économique, ni l'absence de services dans notre langue, ni l'indifférence, voire l'opposition de certains Anglo- phones a notre égard, ni ja dif- ficulté de parler frangais dans les législatures de l'ouest mais plutét la dénétalité au Québec." Plus loin dans le texte, j'ajou- te ceci: "Ni la nouvelle constitution, ni un discours de temps a autre en frangais dans les parlements an- glophones, ni le droit constitu- tionnel au Québec en matiére qd! immigration, ni le droit aux mi- norités de parler francais dans les juridictions fédérales ne seront une véritable sauvegarde pour notre langue. I1 n'y a en fin de compte qu'une seule chose qui puisse garantir notre survi- vance linguistique, c'est le nombre." Fin de la citation. Qu'est-ce que nous pouvons faire nous comme francophones de Vic- toria? Pas grand'chose je vous avoue. Quand méme, si vous avez des parents, des cousisns, des cousines, des fréres et soeurs, des amis au Québec, parlez-leur de la gravité de notre situation démographique. Souvent les gens ne se rendent pas compte de la 15