alors nous avons aussi été attaqués. En tant qu’intellectuel cana-
dien, je me suis demandé: ’qu’est-ce qui cause autant de colére
contre nous?” “Qu’avons-nous fait de mal?”’»

L’auteur ne prétend pas avoir de réponses a ces questions. «Je
ne pense pas avoir écrit un livre de morale. J’ai d’abord écrit un
livre de temoignages», avance-t-il. Dans le roman, le personnage
de l'écrivain réfléchit toujours. A travers ses réflexions, il rapporte
des souvenirs d’enfance, de voyage et de lecture. Le lecteur cé-
toie ainsi Rabelais, Cervantés, Victor Hugo, William Blake, George
Eliot, Wittgenstein, etc.

Les dérives philosophiques des personnages restent toujours clai-
res pour le lécteur. Ce sont des pensées qui nous touchent:
«Pourquoi Dieu n’arréte-t-ll pas la guerre? Pourquoi laisse-t-ll le
feu dévaster ce qu’ll a créé?» Les moines dans la tour laisse plus
de place a la réflexion qu’a la fiction.

Le Livre total

L’auteur avoue que le 11 septembre a changé sa carriére. A I’ori-
gine, il devait écrire l’histoire des moines trappistes venus s’établir
dans un village beauceron. «C’est bien de commencer une autre
carriére, ajoute-t-il en souriant. Mon prochain livre va sdrement
commencer dans cette méme direction.»

Roch Carrier écrit depuis 40 ans. Il est poéte, conteur, romancier
et dramaturge. Il est aussi reconnu pour sa littérature jeunesse.
Ceux qui ont déja lu une de ses oeuvres précédentes découvriront
un nouvel auteur avec Les moines dans la tour.

Certains lecteurs avancent méme qu'il a écrit le Livre total, celui
dont révent tous les écrivains. «A aucun moment, je me suis dit
dans ma téte: quelle extraordinaire occasion, je vais faire le roman
total! Quand j’allais a l’école, on parlait du poéte Mallarmé qui
avait essayé d’écrire le poéme total. Il avait complétement rate.
C’était illisible. Je n’ai jamais pensé a faire ga», s’exclame-t-il.

A la fin du roman, M. Carrier utilise particulierement sa liberté d’é-
Crivain. «Je me suis apercu que le genre du roman était un véhi-
cule de voyage trés souple. J’ai commencé a exploiter toutes les
possibilités qui me semblaient pertinentes.» Ainsi, l'auteur propose

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