—NfoRMATION

Expédition autour du monde pour «Enfants de la terre»

Le Soren ve Cotomsie, venprepi 8 octosre 1993 - §

Un exploit de 120 000 kilometres a moto

Philippe Rahmant, journaliste fran¢ais, a entameé, ily a plus
de 18 mois un tour du monde a moto afin de collecter des
fonds pour l’organisation humanitaire “Enfants de la
terre”. Le 28 septembre, il faisait étape a Vancouver.

Depuis sa tendre enfance,
Philippe Rahmani, 36 ans, révait
de moto et de tour du monde. La
moto fait 4 présent partie intégrante
desa vie et de sa carriére, puisqu’il
est journaliste 4 “Moto Revue”,
et organisateur de compétitions
de Motocross et de Supercross en
salle.

En 1989, il se lance dans
les préparatifs de son projet
d’enfance : un tour du monde a
moto. Pour réaliser son réve, il
s’allie 4 une cause humanitaire
:"La réalisation de ce projet a
demandé trois ans de préparation,
mais le plus difficile a été de
convaincre les commanditaires,
car seul de l’équipement de
premiere ordre pouvait endurer
120 000 kilométres a moto et 36
mois de voyage en plein air”,
explique Philippe Rahmani.

Aprés bien des démarches,
Philippe obtient ce qu’il lui faut: un
budget de 80 000$, une BMW
tous-terrains R 100GS modéle
“Paris-Dakar’, des pneus fournis
par Michelin et 130 kilos
d’équipement pour le camping et
la survie en milieu naturel hostile.

L’itinéraire est établi,
Philippe choisit de faire un tour du
monde en “‘diagonale”. En effet ,
il décide de franchir les continents
en travers pour traverser le plus
de pays possible. De ce fait, plutét

que de faire 40 000 kilométres,
soit la circonférence de la terre
mesurée 4 l’équateur, il multiplie,
par le choix de son parcours, la
distance par trois ! “J’ai choisi
cette méthode afin de transmettre
mon message a un maximum de
gens”, dit-il. En effet, Philippe
Rahmani décide de faire son
voyage sous le signe de 1’Europe
et de l’unification mondiale. De
plus, toujours dans un esprit de
paix, ilest chargé par]’organisation
humanitaire “Enfants de la terre”
présidée par le champion de tennis
francais Yannick Noah, de
recueillir des fonds pour venir en
aide aux enfants démunis et
construire des créches et des
hépitaux.

Aprés 18 mois de
randonnée, Philippe Rahmani

arrive a Vancouver. Il a traversé
l’Afrique dans le sens nord-sud,

1’ Asie dans le sens est-ouest, passé
le détroit de Béring, parcouru
1’Alaska, le Yukon, etla Colombie-
Britannique par la route Stewart-
Cassiar 37.

“Mes moments les plus
anecdotiques sont ceux de la
traversée de l'Afrique et de l’Asie.
En Afrique, il a fallu trés souvent
verser des “pots de vin” pour
pouvoir traverser les frontiéres en
toute légalité ! De plus, lachaleur
accablante etles chemins défoncés

rendaient le trajet trés pénible ”, dit
Philippe Rahmani. “En Asie, j ‘ai
été subjugué par le dynamisme et
lavolonté des Chinois de se diriger
vers l’économie de marché malgré
un dur régime communiste. En
Russie, j’ai été agressé par
quelqu’un qui en voulait & mon
argent ; bien heureusement,j‘avais
ma bombe de gaz lacrymogéne”’,
raconte-t-il. :
Journaliste au magazine
hebdomadaire Moto Revue, il
envoie ses articles, ou plutét les
pages de son journal de bord par
télécopieur, au hasard de ses
étapes, tout en essayant de
respecter les heures de tombée.
En effet, ce mode de transmission
est trés rare dans certains pays.
Heureusement, sa tiche est

grandement facilitée, par les
consulats francais a travers le
monde qui lui permettent de garder
un lien avec sa famille, son
rédacteur en chef et ses
commanditaires.

Philippe Rahmani passe
trois semaines 4 deux mois dans
chaque pays, il a un contact
profond avec les populations qui,
bien souvent, l"hébergent pendant
toute la durée de son séjour. “La
Russie, méme dans ses provinces
les plus reculées, regorge
dintellectuels qui, par manque
d’infrastructures, en sont réduits
a faire du commerce”, constate
Philippe. “Partout oije suis passé,
les gens ont tous été tres gentils
avec moi et surtout trés généreux
et ce, méme dans les pays les plus

pauvres”, raconte l’aventurier
explorateur.

Aprés 18 mois de route et
64 000 kilométres au compteur de
samoto, Philippe est toujours aussi
motivé. I] ne lui reste “plus que”
56 000 kilométres a parcourir,
soit plus d’un an de voyage avant
d’atteindre son objectif.

Méme lorsqu’il aura
terminé cette incroyable
randonnée, ce motard invétéré n’a
pas l’intention de s’arréter. Il
espére, tout de méme, prendre le
temps de mettre sur papier sa
fantastique odyssée de 120 000
kilométres autour du globe.

Pierre Longnus
o

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