sentir incompétent, par exemple. Or, pour étre en mesure d’optimiser les capacités de cet enfant et de l’amener a s’estimer, a se dire et a se cons- truire un savoir et une identité, il faut faire de l’enrichissement. Bref, il faut « compenser pour ce que le milieu minoritaire ne peut lui offrir », comme affirment les chercheurs Rodrigue Landry et Réal Allard. D’ou nait l’hésitation de choisir l’école de langue frangaise ? On a souvent l’impression que la personne qui se dit francophone ou issue de milieu exogame qui embrasse les deux cultures le fait pour se distinguer des autres. Je trouve important de clarifier ma perception la-dessus. Vouloir son école de langue frangaise ou inscrire son enfant dans une école de langue frangaise, ce n’est pas renier l’existence de la communauté anglophone, ni lui faire un affront, ni se séparer des autres : c’est plutot un désir de se retrouver. Le méme phénomeéne se produit lorsqu’un anglophone s’inscrit a l’école anglaise. II ne le fait pas pour me dénigrer ou m’offenser comme francophone. Ce n’est pas un rejet de sa part. C’est un peu comme avoir sa propre chambre dans une maison : ce n’est pas qu’on veuille s’aliéner des autres ou que |’on n’aime pas les membres de notre famille, mais parfois on a besoin de se retrouver dans nos affaires. Dans le fond, tout ce que l’on veut, d’un cété comme de I’autre, c’est de sentir qu’a l’école, on est chez soi ; qu’on appartient a un milieu qui nous ressemble et qui nous rassemble. Pas plus, pas moins ! Mais attention ! I] ne faut pas croire que I’école de langue francaise est un lieu ol une communauté vit séparée du reste de la population. A ce moment-la on aurait raison de croire qu’il s’agit d’un ghetto. La métaphore que j’aime utiliser est celle d’une serre, un milieu ot |’on protége quelque chose qui est fragile. Comme un jeune plant, la francité de Venfant vivant en milieu minoritaire est précaire. Cependant, |’école de langue frangaise propose un environnement propice a son développement. La pédagogie, les activités et le milieu sont gérés de fagon a ameéliorer le sol et a le rendre davantage fertile. On fait de l’enrichissement, quoi ! Vécole de langue francaise offre a l’enfant un milieu majoritaire, un espace vital ot il apprend a se connaitre, ou il est exposé a des modeéles francophones et ou il est en mesure de développer son estime de soi et son sens d’appartenance. Bref, un milieu ou il n’est pas toujours confronté a ce qui le distingue ou le rend différent. Il est important de dire que ce n’est pas parce que nous manifestons notre fierté francophone que nous ne sommes pas fiers d’étre Canadiens. Bien au contraire. Tout est dans la perception des choses. Je m’explique. Contrairement aux Etats-Unis, ot la culture est un « melting pot » et ot! presque tout le monde accepte de vivre en anglais, notre constitution canadienne confirme que nous avons deux langues officielles. La constitution ne dit pas qu’il y ena une grande et une petite, ni qu’une langue est importante et l’autre insignifiante ! Il y ena deux, un point c’est tout ! C’est ce qui fait que le Canada n’est pas un autre état des Good Old USA. Prenons |’exemple 13 Grimace et Galipette