2G. Entrevue avec Lise Guenette, championne des qualifications provinciales des Olympiques de la langue francaise (Dictée des Amériques). Bonjour Lise! Merci de bien vouloir participer a cette entrevue, concernant tes exploits 4 la dictée des Amériques. R D’abord, qu’est-ce que la Dictée des Amériques? C’est un concours d’envergure internationale qui a pris la reléve de la Dictée de Pivot. Chaque année, elle attire plus de 70 000 personnes provenant de tous les pays francophones de la planéte. Entre 100 et 120 personnes se qualifient pour cette finale. Cette année, la Dictée des Amériques aura lieu le 5 avril prochain, a Québec, et se tiendra comme toujours, a1’ Assemblée Nationale du Québec. Tu as participé aux qualifications provinciales de la Dictée des Amériques. Comment t’es-tu classée? Je participe a cette épreuve de qualification depuis 1997. Je me suis classée deuxiéme 4 deux reprises, et cette année, je suis arrivée premicre, j’ai fait trois fautes sur quarante-huit questions. Pourrais-tu me donner des exemples de ce qu’on te demandait? Pas vraiment, j’ai les méninges en bouillie aujourd’hui, je suis grippée et ce n’est pas le genre de chose que tu peux accomplir dans de telles conditions. Mais voyons voir. Il y avait cette histoire de chat « diabolisé », « Satanisé » ou « démonisé », lequel est le terme exact? « Les sang-mélé sont trés nombreux. » On aurait tendance a mettre un « s » quelque part, mais non, « sang-mélé » reste invariable, de méme qu’il prend un trait d’union. Les poils du nez sont des « vibrisses », mais est-ce un nom féminin ou masculin? « Pseudo- souris » prend aussi un trait d’union alors qu’ « un matou a demi sauvage » n’en a pas. Parfois les mots sont liés, parfois ils ne le sont pas. Ot est le « Y » dans « abyssin », et y en a-t-il un dans « sphinx »? Un petit accent mal placé, un trait d’union qui manque et c’est une faute! C’est une dictée trés difficile avec des mots dont on n’a jamais entendu parler et dont on n’entendra plus jamais parler de sa vie. Mais c’est amusant! Comment se prépare-t-on pour une telle dictée? Il y a des livres de références obligatoires comme « Le Larousse », derniére édition, le « Robert » 1 et 2, derniéres €ditions, « les Difficultés de la langue francaise de Larousse » par Péchouin et Dauphin -- j’avais celui de Thomas, j’ai di me procurer celui de Péchouin. Les grammairiens sont des papes de la langue, mais ils ne disent pas toujours la méme chose. Par exemple, j’ai trouvé le mot « arrhes » qui est toujours au pluriel. Dans quatre livres, ce nom est considéré féminin, mais dans Péchouin, il est masculin. Remarque que je n’ai pas la derniére édition de Péchouin et qu’il y eu erreur. Mais alors, qu’est-ce que je fais? Cette année, je voulais vraiment gagner le concours de qualification. C’est une belle occasion d’aller voir mes enfants au Québec, ou je veux aussi faire bonne figure. Je suis trés bien organisée. Je lis le dictionnaire Larousse pour enregistrer tous les mots au moins une fois, j’écris ceux dont je pense ne pouvoir me rappeler, puis les transcrits sur l’ordinateur et les mémorise. Mon mari me prépare aussi des listes de mots difficiles. Je ne pense pas pouvoir gagner 4 Québec, c’est trop difficile, je n’ai pas le latin, le grec, je n’ai pas la mémoire de mes 20 ans, c’est pour ¢a que je travaille plus fort. Je vais aussi téléphoner 4 la finaliste de la Colombie-Britannique de I’an passé pour lui poser quelques questions. Ne trouves-tu pas que nous sommes un peu désavantagé-e-s, dans les Kootenays, faisant partie d’une minorité francophone dans un contexte anglophone, pour ce genre de concours? Oui, c’est pourquoi il y a plusieurs catégories. Une pour les provinces anglophones, une pour les milieux francophones, une catégorie pour |’étranger aussi, je crois. Il y a méme un volet junior. Vous pouvez visiter le site « dicteedesameriques » - avec un « s » - pour en connaitre plus sur les catégories. Lise, tu es en C.-B. depuis 1997, comment réussis-tu 4 garder un niveau de francais si élevé? Je parle toujours frangais, c’est surtout mon anglais qui ne s’améliore pas. Je suis bénévole a 1’ AFKO, je donne des cours de francais au Ministére de la fonction publique, des cours privés a la maison. Ma fille enseigne le frangais ici 4 Nelson, je téléphone souvent 4 mon autre fille qui enseigne la littérature 4 Québec, j’écoute la radio, la télévision, tout mon environnement est francophone, je n’entends parler que francais. Lise fait aussi partie de l’équipe Méli-mélo de l’AFKO, a la radio communautaire des Kootenays, Nelson, CJLY, 93.5FM. Elle y dirige la rubrique le Pot aux roses, tous les mercredis midi et vendredis 45 heures. Elle nous parle des difficultés de la langue francaise, de quelques expressions oubliées et autres petites anecdotes tout a fait délectables portant sur la francophonie dans le monde. Merci Lise! Entrevue dirigée par Chantal Lunardi es