> eee * 6 Le Soleil de Colombie vendredi ler février 1980 Education. Une classe pas comme les autres... des ace ciaas de la langue francaise, au Ministére de YEducation. Lorsque je suis arrivé dans la classe, les éléves suivaient un cours de mathé- matiques; il était question de “commutativité”. Vous savez ce qu’est la commutativité? Non! Moi, ‘non plus. Tout ce que j’ai retenu c’est qu'elle est diffé- rente de I’associativité. Plus précisément, certains éléves travaillaient sur ces propriétés pendant que d’autres s’initiaient aux additions, soustractions, multiplications et divisions. En fait, la classe de Mme Lacasse comprend plusieurs niveaux: les 4éme, 5éme, 6éme et 7éme, soit 4 pro- grammes différents pour 14 éléves. Mais comme elle le © dit elle-méme: “Je n’ai pas trop de problémes car ces éléves ont une bonne com- préhension de la langue fran- caise”. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas. Toujours selon Mme Lacasse “cette classe serait, en un sens, plutét privilégiée”. La théorie et la pratique D’aprés les directives du Ministére de |’Education il ‘est textuellement mentionné Mercredi, le 23 janvier: lére période, mathématiques - 2éme période, sciences humai- "nes - 3éme période, frangais, trayail sur “Les 4 . Saisons” de Piquot. Quoi de plus banal que ces quelques mots jetés sur un tableau noir! Et pourtant... pourtant, quand je vous aurai dit qu'il s’agit la . dune classe en langue francaise, vous aurez compris que je veux parler du programme- cadre. Et pour ne rien vous cacher, cette classe est celle de Mme Lacasse, a Pécole élémentaire Jamieson de Vancouver. que “le programme a été congu pour les enfants des parents francophones qui ont une compr¢hension suffi- sante du francais pour étre éduqués dans cette langue”. Mais de la théorie a la prati- que, la marge est grande! Si effectivement, ces en- ants ont l’un de leurs pa- rents francophone, cela ne veut pas dire pour autant qu'ils comprennent le fran- cais; beaucoup ont de solides bases de francais mais pas suffisantes pour suivre tout un programme scolaire en frangais. Pour les éléves de Mme Lacasse, la question ne se pose pas; tous parlent le francais, méme si parfois il faut recourir au dictionnaire bilingue pour un mot ou deux. C’est d’autant plus difficile pour certains que Y'année derniére, leurs cours se faisaient en anglais. Il a donc fallu s’adapter & une autre forme d’éducation et méme remplacer leur fran- ¢ais phonétique qu’ils avaient appris dans - les: autres écoles, par le fran- cais du dictionnaire. “Au début - se rappelle Programme-cadre de francais ou immersion francai- Mme Lacasse - quelques uns se sentaient frustrés de ne pas pouvoir parler en anglais notamment ceux pour qui langlais est la langue premi- ére”. Aujourd’hui, l’habitude est prise, lorsqu’ils péné- trent dans la classe, “ils laissent leur anglais au vestiaire”. De toute fagon - poursuit Mme Lacasse - quand ils me parlent en anglais, je leur donne une composition!”. 1410 minutes de frangais Sur 25 heures de cours par semaine, 90.minutes sont consacrées a l’anglais, les se crée.” 1410 autres minutes se pas- sent en francais. - Pour le professeur. , une telle classe demande beau- coup de travail et d’attention d’une part A cause des programmes et d’autre part, parce que chaque éléve est un cas différent. Les critéres d’évaluation ne sont pas les mémes pour tous, c’est pourquoi, les échanges sont Aujourd’hui, les éléves du programme-cadre lisent, écrivent, comptent en fran- cais, du moins jusqu’a la _ Teme... mais aprés? plus intéressant. “Lorsque je pose une question aux éléves de 7éme, les 6éme, 5éme et 4éme essaient de donner la réponse, il y a-une certaine émulation qui se crée; la classe est ainsi plus dynamique, surtout dans les activités de groupe”. Cette forme d’enseigne- ment semble d’ailleurs plus adaptée aux besoins des enfants. Par atelier de 3 ou 4 au maximum, ils progressent plus rapidement qu’au sein d'une classe d’une trentaine d’éléves. De cette fagon, les enfants travaillent 4 leur rythme, tout en respectant le programme. Un ensemble particulier En fait, dans la classe de Mme Lacasse, les problémes se posent moins au niveau des éléves qu’au niveau extérieur. Par exemple, l'un d’eux doit venir du West- End, dans le centre de Vancouver, a |’école par ses gill “La classe est it plus dynamique, surtout dans ns les activités de groupe. Une certaine émulation propres moyens; le ceabiee me du transport n’a pas été résolu. De méme, pour le matériel de classe, tous les éléves n’ont pas les livres du Guide du Maitre. qui, nor- malement devraient étre fournis , Enfin, autre probléme et peut-étre le plus important, cette classe, avec celle de Mile Mullaire , reste isolée parmi d’autres classes anglo- phones; elle ne constitue pas un ghetto francais dans une école anglophone mais n’en demeure pas moins un en- ‘semble particulier au sein de Técole. A Yun des éléves 4 qui je demandais quelle langue il utilisait lorsqu’il jouait dans la cour de récréation m’a répondu: “En anglais!” Eh oui! La majorité étant anglophone, ils doivent sui- vre la régle des plus nom- breux, “mais cela n’empéche pas de bien s’entendre avec eux” a ajouté un autre éléve, Autre question d'importance: le programmp-cadne se, quelle est la différence? Schématiquement, dans le programme d’immersion, le frangais est enseigné comme langue seconde tandis que dans le programme-cadre, le francais est la langue d'usage pour tous les cours, sauf - bien entendu - le cours d’anglais. D’aprés quelques observations recueillies auprés des parents des éléves du prografnme-cadre, ce dernier est plutét bien accueilli; 4 Delta, l'un d’eux a méme remarqué: “Maintenant, mon enfant n’a plus honte de parler francais a la maison.” dans le secondaire? Y aura-t-il oui ou non, des classes de 8éme et peut-étre 9-10-11 et 12éme a la rentrée scolaire 1980? Pour l’instant, aucune information n'est venue rassurer les premiers intéressés, c’est a dire les enfants. \ Tout ce que lon sait, c’est qu’un programme a été préparé pour 4 matiéres de la 8éme a la 128me: le frangais, les mathématiques, les sciences et les sciences socidles. Le Directeur des services de la langue francaise au Pour quand le programme-cadre de francais dans le secondaire ? Satisfaits? Les parents semblent l'étre! Quant aux enfants, ils commencent 4 comprendre le besoin ‘aujourd'hui d’étre bilingue. “En parlant deux langues, on trouvera plus facilement du travail” a reconnu un des éléves de Mme Lacasse. Si dans l'ensemble, le programme-cadre marche bien, il y a eu tout de méme quelques erreurs au départ, notamment au sujet des livres, il a fallu. attendre plusieurs semaines pour les avoir. Autre détail, & Port Alberni, le surintendant de la commission scolaire a estimé que 7 éléves de la classe n’avaient pas un frangais suffisant pour suivre les cours; ils.ont été renvoyés. Ministére de I'Education de la C.B., M.Nick Ardanaz, a écrit au Ministre . de I'Education, M. Brian Smith, recommandant notamment de mettre sur pied un comité consultatif; ce comité serait formé d’un professeur, d'un principal, d'un coordinateur, d’un parent et d'un membre de la Fédération des Franco- colombiens.Leur mandat: répondre 4 la question comment implanter le programme-cadre dans le secondaire? Ce ne sont 1a, bien sir, que les premiéres démarches, mais espérons qu'ils aboutiront rapide- ment, du moins, avant septembre 80. Le programme-cadre, ou ? Voici les 11 commissions seolaines ou le programme- cadre de frangais est offert (chiffres communiqués par le Ministére de |’Education). ALBERNI; Highth Avenue Elem., M.®. Mitchell, M. Bruno Dailly, Mile Régine Pasquier, nombre d’éléves 14 BURNABY: Morley Elem., M. D. Bonnycastle, Mlle M. Grondin, 8. DELTA: Ecole Francaise de Delta, M. G.W. Riley, Mme N. Masse, Mme C. Francoeur, 31 KAMLOOPS: 3 Lloyd George Elem., M. D. Turner, Mile F. Frisson, 15 KELOWNA: A.S. Matheson Elem., M. Jim Berteig, Mlle A. Pilon, Mile F. Charest, 27. ~ NORTH VANCOUVER: Cloverley Elem., M, David Janzen, Mme C. Boulianne, Mme M. Roy; 25 POWEL RIVER: J.P. Dallos Elem., M. Harry Thompson, Mile M. Krywiak, Mlle G. Corbeil, DO dias < PRINCE GEORGE: Van Bien Elem., M. John Norman, Mme A. Peterson, Mme Y. Bergeron, 15 - SURREY: Discovery Elem., Mlle MN. Beagle, M. A. Morelli 14 VANCOUVER: A.B. Jamieson, M. George Rooney, | Mme L, Lacasse, 27 VICTORIA: © Uplands Elem., M.J.D. Inkster, Mme G. Meeks, 16. ae)