DR. HENRI LANGIS, a Pioneer Doctor in Vancouver par Catou LEVESQUE, S.H.E.C. “Go West Young Man” Le 15 juillet 1884, le Docteur Henri Evariste Langis débarque a Victoria. Il a 27 ans, le pied solide, prét a faire face a la vie qui l’'attend en Colombie-Britannique. Dés qu'il eut complété son doctorat en médecine a !’Ecole de Médecine de Montréal, l’année précédente, il fut engagé par la compagnie ferroviaire Pacifique Canadien (que nous abrévierons dans ce texte par sa dénomination populaire: CPR) comme médecin de compagnie, au chantier de Port Arthur,* Ontario. Cet emploi fut de courte durée. Fort probablement le Dr Langis y fut “régalé” par les travailleurs, des legendes de l'Ouest “ou le Soleil et 1’Or brillent a l'année longue,” puisque dans une entrevue accordée en 1935 au Major J.S. Matthews, alors archiviste 4 Vancouver, il reconnait que c’est la poursuite de l’aventure qui l’a amené en C.B.! Henri Evariste Langis: ses origines Il est né Henri Evariste Levraux Langis le 25 octobre 1857, a Bic, Comté Rimouski, Province Québec, de Joseph Langis et Mélanie Lepage. Cette branche des Langis canadiens est issue de la noblesse frangaise de Poitiers. Parmi ses ancétres, les registres indiquent des officiers membres de l’armée sous les régnes de Louis XIV et de Louis XV, puis au Canada, en 1759, sous l’ordre de Montcalm. Du cété maternel, nous retrouvons le premier seigneur de Rimouski en 1610.7 Henri recoit, comme il est di dans toute bonne famille aisée de cette époque, une éducation soignée: des études secondaires et collégiales (cours classique) au Séminaire de Québec, suivies de cours universitaires a l'Université Laval de Québec, puis la formation en médecine couronnée par l’obtention du doctorat en 1883. A Vancouver Muni des quelques mois d’expérience pratique dans les chantiers de l'Ontario, Dr, Langis obtient la position de chirugien du CPR a Port Moody (Vancouver Nord) et a Yale, du mois de juillet 1884 au mois d’octobre 1885.7 Puis, en avril 1885, il vient se joindre a la société de Vancouver. I] ouvre un cabinet au-dessus de la pharmacie McCartney, au coin des rues Water et Abbott. Il y emménage son attirail d’instruments chirugicaux, sa précieuse bibliothéque qui consistait en grande partie d’ouvrages importants provenant de la collection de choix du Docteur Beaubien de Montréal et il décore le petit alcéve, caché des visiteurs par un rideau, d’un squelette qu’il appelle “Jimmy.” “...Mon squelette était celui d’un suédois qui s était suicidé pendu.. . .Il avait été enterré en 1884 sur I’Ile Deadmans. Crest la que je l’ai trouvé. . .en avril 1886.”° LE VILLAGE GRANVILLE, 1882-1886 .. .Ses habitants Le village Granville, site de la future ville de Vancouver, ot s'installe le Dr Langis, n’a rien de la grandiose cité d’aujourd’hui. * Aujourd’hui Thunder Bay, Ontario. 2 Selon le document civil, le Burrard Inlet Directory of Granville de 1882-1883, cent quarante-cinq noms sont enregistrés: quarante- quatre bicherons, un médecin, un employé au magasin général de la scierie Hastings, un policier. Le reste: des employés de la scierie, pécheurs, débardeurs et marchands.‘ La grande majorité de la po- pulation est de gent masculine. .. Sa topographie En 1884, Granville consiste en une longue rue (rue Water des rues Carrall a Abbott) bordée de trottoirs de bois, jonchée d’un cété (c6té sud) de batiments délavés et, de l’autre, la plage grise et nue. Vers le sud on apercoit, s’échelonnant sur un espace de six rues, une forét défrichée par les hommes du CPR ot poussent des arbustes sauvages parmi des mares boueuses, paradis révé des maringuouins. Plus loin, c’est la forét vierge.* .. .S@S Services ; ran En 1885, le service de téléphone devient accessible aux habitants de Granville avec l’installation du premier tableau de distribution. On compte 35 abonnés. Vancouver, propriété du CPR Le 13 février 1886, un contrat est signé entre le gouvernement provincial de William Smithe et le CPR, pour que celui-ci étende la ligne intercontinentale de voie ferrée jusqu’a Vancouver. Pour ce faire, le gouvernement céde au CPR le District Lot (D.L.) 526 (traduit aujourd’hui par: des rues Trafalgar a l’ouest a Ontario a Vest) et le D.L. 541 (le centre-ville d’aujourd’hui), le littoral et les terres adjacentes (voir carte géographique ci-contre). Le CPR se met de suite a l’oeuvre pour défricher le terrain destiné a la construction du terminus. Le gouvernement accordera a la compagnie, en plus, 39 lots non-vendus a la condition que ces lots soient distribués aux acheteurs pour la somme de 200.$ chacun.* Le Premier Hopital Cette nouvelle attire de nombreux entrepreneurs, colons, spécu- lateurs etc. La construction du terminus améne un renfort de main d’oeuvre. L’augmentation du nombre des employés du CPR oblige la compagnie a ouvrir un hdpital pour le bien- étre de son chantier. La batisse est construite sur la rue Powell et complétée en 1886. Le premier docteur en charge, le Dr J.M. Lefebvre, est assisté, tel que se le rappelle le Dr Langis, par le Dr A.M. Robertson. “...Jy descendais quelques fois. Nous y étions les trois seuls médecins.. . . ..I n’y avait que six lits.. . . LhOpital était situé sur le c6té nord de la rue Powell, environ 150 pieds de la scierie Hastings... .Il y avait une cuisine en arriére. Si mes souvenirs sont exacts, ce n’était pas un batiment neuf, peut-é€tre vieux d’un an, |’extérieur non- peinturé et il me semble qu’il y avait une petite véranda.. . . La vieille Mme Gorman assumait le réle d’infirmiére; elle n’était pas di- plomée, vous savez, nous n’avions pas le choix, il fallait prendre ce qui nous était offert. Elle était aussi la cuisiniére.”! Le chronographe Volume III no. 1-2, Printemps-Eté 1986