VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 19 aodt 1988 - 11 Par Jean-Claude Boyer Bangkok, Thailande, le 6 juin 1985. Le ciel est idéal. Je monte avec huit autres touristes, guide et chauffeur, dans une luxueuse camionnette. Nous quittons la capitale du royaume thailandais comme 4a regret, sans ménager les détours qui conduisent d’une attraction a une autre. Le guide déclare fiérement, par exemple: «Voici le marché le plus achalandé du monde». Je m’appréte a ajouter une trois centiéme journée a mon tour du monde comme _ une_ pierre précieuse a une couronne royale. Nous ne nous retrouvons en pleine campagne qu’aprés une heure de trajet. En bordure dela route, de vastes marais salants et, ici et la, de gros sacs de sel a vendre. Les paludiers, disper- sés, en chapeaux pointus, ratissent lentement, forment des monticules d'un blanc étincelant. Au loin, parfois, un moulin a vent. Le guide pointe du doigt un «Cockfight Sta- dium» (stade de combat de cogs), précisant que c’est la un des «sports» les plus populaires du pays. Une plantation de cocotiers défile devant nos yeux; elle sert, nous dit-on, ala fabrication du sucre - extrait de la jeune fleur. Nous. nous arrétons la ot on le fabrique pour y goater. De la marchandi- se outrageusement cheére (film de 15 poses: 5.25$!) nous y attend, bien str. Contre un arbre, une longue échelle taillée dans un seul bambou. Différen- tes espéces d’oiseaux sont tenus en cage alors qu’au contraire, trois variétés de singes font la féte dans les Récit d’un tour du monde Trois centiéme jour branches élancées au-dessus de nos tétes. Rien n’a été épargné pour charmer le touriste. Nous revoici en route, cette fois vers le marché flottant le plus célébre du monde, le «Damneon. Saduak Floating Market». Pour nous y rendre, nous devons d’abord monter dans une petite embarcation motorisée qui longera, pendant vingt minutes, des canaux souvent bordés d’habitations sur pilotis. Arrivés sur les lieux, il suffit d’un coup d’oeil pour tout voir: long canal aux abords surpeuplés, a la «navigation maritime» congestionnée, aux multiples embarcations rem- plies d’articles variés, fruits tropicaux, victuailles de toutes sortes. Activité fébrile. L’exotis- me atteint son point culminant lorsque je m’enroule un boa (un vrai) autour du cou pour les besoins d’une photo que je fais prendre de moi-méme avec mon appareil. Nous nous rendons ensuite sur les lieux du «most exciting snake show» (le plus grand spectacle de reptiles). Combats entre Thailandais et boa, mangouste et cobra, extraction de venin, etc. Tandis qu’un jeune circule dans |’assistance avec le cobra pour nous inviter a le toucher, l’animateur nous apprend que son venin peut étre bu sans danger, a moins de blessures a la bouche et a l’estomac, et qu'il existe 76 espéces de reptiles en Thailan- de. En nous dirigeant vers la plus ancienne pagode du pays, nous remarquons une voiture acci- dentée perchée sur un pilier au COUPON D’ABONNEMENT J’inclus §....... pour NOM Remplissez ce coupon d’abonnement et renvoyez-le au SOLEIL DE COLOMBIE 980 , rue Main, Vancouver, C.B. V6A 2W3 [_] Canada, 1 an, 15$ [_] Etranger, 1 an, 20$ [_] Canada, 2ans, 25$ [ | Etranger, 2ans, 35$ [_] le renouvellement de mon abonnement [_] mon premier abonnement ADRESSE VILLE PROVINCE CODE POSTAL milieu del’autoroute pour aider, parait-il, a prévenir les acci- dents. Cette pagode, immense cloche renversée recouverte d’or, ne m’impressionne pas plus que la ferveur des pélerins qui vont jusqu’a coller de petites feuilles d’or sur les bouddhas qu’ils vénérent. Avant de repartir, j’observe des jeunes Thailandais en train de jouer au takor, véritable sport national. Les joueurs tentent de faire entrer une balle en osier dans un panier-filet, suspendu au centre du terrain, que l’on monte et descend pour repren- drelaballe. Ils peuvent se servir de n’importe quelles parties de leur corps excepté les mains; les points sont attribués selon les parties utilisées. Et nous remontons dans la camionnette pour nous rendre, cette fois, vers le «Thai Village», village thailandais pour touristes sis en un décor enchanteur. Nous pénétrons d’abord dans une grande salle a manger flottante ot l’on offre a chacun, a lentrée, un tissu-éponge humide et parfumé. Jem’attable avec trois Américains et un Vietnamien devant un plantu- reux repas rehaussé de nom- breux fruits tropicaux. Puis c’est ou la promenade dans une superbe roseraie, ou la sieste (gratuite!) dans un batiment aménagé a cet effet. Je me paie un mini-tour d’éléphant juste avant de me diriger vers le lieu du grand spectacle culturel thailandais, a l’entrée duquel des hétesses distribuent éven- tails et tissus-éponges pour rafraichir mains et visages. Un millier de touristes s’éventent, impatients. Enfin, l’orchestre introduit solennellement le premier des dix numéros - dont voici la liste. 1. Défilé de moines bouddhis- tes. (Tous les Thailandais males sont tenus de faire un séjour dans un monastére, pendant lequel les services hospitaliers leur sont gratuits.) 2. Tam-tam, gong et cymbale rythment des danses tradition- nelles. 3. Démonstration de boxe thai- landaise ou les pieds jouent un r6le important. Bréve cérémonie pour rendre hommage aux entraineurs, puis les athlétes s’affrontent, stimulés par une musique de fond. 4. Autres danses, avec une vingtaine de drapeaux, dont l’unifolié rouge, et pluie de pétales de roses sur |’assistan- ce. 5. Combat de cogs. Entre chaque round, |’«entraineur» essuie et évente les deux volailles - jusque sous la queue relevée (ce qui déclenche un gros rire-éclair). Il n'y a jamais de mise a mort ici, comme dans bien d’autres pays. 6. Danse des bambous, que !’on frappe entre eux sous des danseurs aux pieds ailertes. Chansons et rythmes «enle- vants». 7. Démonstration d’autodéfen- se typiquement thailandaise, accompagnée de musique. 8. Eblouissante cérémonie de mariage traditionnel. Les «ma- riés» sont beaux comme des archanges orientaux. 9. Combat a _ l’épée_ entre Thailandais et Thailandaises. 10. Danses folkloriques avec participation du public. Un grand vieillard vole la vedette: son entrain d’adolescent éclip- se les autres danseurs, provo- quant d’immenses éclats de rire prolongés. Suit, a l’extérieur, un specta- cle d’«éléphants au_ travail». Mon regard s’attache surtout au seul qui porte des ivoires. On leur fait enjamber des Thailan- dais couchés par terre et ramasser des piéces de mon- naie avant de leur faire transporter de gros troncs d’arbres qu’ils jettent dans un long bassin comme on laisse- rait tomber des cure-dents dans un potage. ce haut-lieu En quittant touristique aménagé a la Hollywood, le guide nous propose de visiter une bijouterie du gouvernement spécialisée dans les rubis et les saphirs. Personne ne se montre intéres- sé. Nous retournons donc a Bangkok, dans le_ confort grandement apprécié de l’air climatisé. Les passagers sont déposés a leurs hétels respectifs sauf moi, mon auberge se situant dans un tout autre secteur de la ville. Le chauffeur décide de me faire monter dans un taxi en payant d’avance la course qui durera un bon quart d’heure. Cette trois centiéme journée de mon périple m’en amis plein ‘imagination, bien qu'elle se soit déroulée dans les sentiers battus du tourisme, loin des Thailandais ordinaires affairés a leurs activités de tous les jours. Tout voyageur sur la terre a besoin de feux d’artifices pour agrémenter son parcours. On m’en amis plein les yeux, et j’en “suis heureux. La Fondation André Piolat’ ¢ Encourage I’étude de la langue francaise par l'octroi de bourses annuelles aux étudiants de Colombie-Britannique. e Joue un réle dynamique dans le développement des arts et des lettres d'expression francaise dans la province. Faites parvenir vos dons, déductibles d’imp6t, a l’adresse suivante 104-853, rue Richards, Vancouver, C.B. V6B 3B4 Tél: (604) 669-2235