2 - Le SOLEIL, VENDRED! 2 SEPTEMBRE 1994 Le Billet Violence Statistique Canada a récemment rendu publique un rapport portant sur la situation du crime au pays. D’aprés cette étude, les risques de se faire cambrioler, agresser, ou violer seraient moindres que l’année demiére. En effet, le potentiel de devenir une victime a chuté de 5%. Ce déclin du taux de criminalité s’est amorcé il y a déja plus de 2 ans. Chez les jeunes de 12 a 17 ans, lacriminalité arégressé bien qu’il ait été enregistré une nette augmentation de violence criminelle, 17% contre 15% en 1992. Il s’agit la de la véritable ombre au tableau de ce rapport. De plus en plus, dans les écoles situées dans les régions urbaines du Canada, avec au palmarés : Montréal, Toronto, Guelph et ... Vancouver, il est confisqué réguliérement des couteaux de chasse, de bouchers, des machettes mais aussi des revolvers etméme des fusils A canons sciés ! La plupart de ces armes ont été achetées librement dans les commerces. Pour les armes a diffusion restreinte, elles sont acquises «sous le manteaw» dans la rue, et proviennent des Etats-Unis par contrebande. Les jeunes disent qu’ils portent des armes a titre de symboles, pour se faire respecter ou encore pour «se protégem. Il est inutile de se poser des questions pour savoir comment endiguer ce fléau, puisque les raisons sont connues : violence ala télévision ou dans les jeux vidéo et surtout facilité, pour n’importe quel individu de tout ge, de se procurer des armes. La _ légendaire perméabilité de la frontiére Canada/Etats-Unis y est aussi pour quelque chose, puisque la majeure partie des armes de contrebande saisies, arrivent de chez nos voisins du sud.. Ila fallu un incident dela gravité du massacre de l’école polytechnique de Montréal le 6 décembre 1989, avec le meurtre sauvage de 14 étudiantes a l’arme automatique, pour que les pouvoirs publiques prennent enfin conscience de l’ampleur du probléme. Aujourd”hui encore, rien n’est réglé. La télévision continue de déverser ‘son flot sanglant de mini-séries policiéres et de dessins animés aux méthodes de destructions radicales et futuristes. Quant aux armes, elles sont toujours aussi faciles 4 obtenir. La solution a court terme ? Il est possible de _ 1’entrevoir de détection a l’entrée des écoles, et des policiers dans les cours de récréation ! Pierre Longnus | — a ey a a ee en er eee et a —— IT et ta tt Tc ttt tt a ta a ce te sts a a _ spect tanec 9 tt et ttt any eo tte a tt A ct ct cet La boite de Pandore est a nouveau ouverte, puisqu’il y aura bientét des élections au Québec. Eh oui, les Québécois s’agitent derechef, ou plutét sont-ce leurs chefs politiques. Les méchants séparatistes veulent enlever aux Canadiens leur pays, pour en donner un aux «Frogs», comme on les appelle toujours a Vancouver. C’est fou comme certains peuvent étre demeurés: on parle encore de Trudeau en disant«Fuddle-duddle»: c’était il y a vingt ans, bande de retardés sociaux! Les soi-disant revendica-tions du Québec, appréciées d’ici, prennent des tournures de tragédie grecque. Vous voyez, j habite Vancouver, etj’aile malheur d’étre Québécois de langue francaise. Cette situation incongrue me permet néanmoins de jouer les espions. Je m’explique. J évite de parler de politique depuis que je vis en Colombie- Britannique. La politique est une sale affaire, elle éléve des crétins au rang de démiurges, voue aux gémonies comme des pertiférés des hommes d’intégrité et de courage, et suppure la fange dans laquelle se vautre complaisam-ment la plupart des politiciens et aspirants politiciens. Et je viens de vous -livrer mes impressions les meilleures sur le sujet. Dans 1l’Ouest, Preston Manning est roi. Ce petit Mickey Mouse diplémé de l’école de rhétorique du Reader’s Digest, un nabot aux cétés de Réal Caouette et de Fabien Roy, mus par une 4me au moins. Ilya, dumoins a Vancouver, dans le coeur de tout un chacun, un petit Preston, commeilyaen France dans le coeur de tout Francais un petit Le Pen. On veut en France chasser les Arabes. C’est simple, quelle est la deuxiéme langue la plus parlée en France? Le frangais, bien sir! Manning, lui, veut chasser les Québécois. Ou veut-il les envoyer? En Louisiane’... Il existe cependant dans l’Ouest des gens de bonne volonté _ qui croient en leur pays, qui tressaillent d’émoi en entendant Jean Chrétien leur dire que le Canada est le meilleur pays au monde, selon les Nations-Unies, bla bla bla... Certes. Enfin, ces bonnes gens, rendons a César..., sont animés d’une fibre patriotique remarquable. Ce sont les parents qui envoient leurs enfants aux classes d’immersion, qui ont accepté le principe du bilinguisme des institutions, croyant fermement que les idées trudeauistes sont encore valables. Trés sérieusement, j’ai beaucoup de respect pour ces gens. Le hic au Canada, selon nos compatriotes de l’Ouest, c’est le Québec. Certes, on a oublié le rapport Durham, on a méme di le détruire. Les Canadiens francais ont obtenu le droit de parler leur langue, et de se rassembler autour des clochers du Québec pour apprendre le catéchisme, parler des exploits de Maurice Richard, écouter La Bolduc, et manger des féves au lard, en buvant de la biére (bouteilles de grand format) 4 méme le goulot. A peu de choses prés, je BNformation Courrier What does Quebec want? reproduisles propos d’ily a quelques années de Denny Boyd, échotier au Vancouver Sun. Donc, queveulent- ils d’autre, ces énerguménes? «What does Quebec want?» C’ est ainsi que se pose le probléme dans 1’Ouest, de sorte que la Révolution tranquille et la loi 101 continuent non pas de géner, mais plutét d’outrer le ‘Canada. Sans que cela soit scandé haut et fort, on réclame en sourdine la- capitulation linguistique inconditionnelle. Tout ce débat 4 sens unique procéde naturellement des ancestrales rivalités franco- anglaises dont le Canada a hérité comme fondement culturel. Notre pays est fait de culture francaise, d’institutions parlementaires britanniques, et de technologie américaine. Tout allait bien au départ. Au fil des ans, les choses se sont transmuées, et nous nous retrouvons avec une culture américaine, des institutions politiques a la francaise, etun savoir- faire technologique anglais. Que s’est-il passé, ma foi... Les Anglais continuent de croire queles Frangais sont des empécheurs de tourner en rond par excellence, (ce qui n’est pas tout a fait faux), des gens aux moeurs douteuses et, bien entendu, des tueurs de grenouilles dont Dieu seul sait ce qu’ils font des cuisses. Ils mangent parfois du fromage recouvert de mousse, et leurs jeunes amoureux se tiennent la main dans la rue, en p-u-b-1-i-c! Ces bons Anglais se consolent de cette tare en pensant tout bas que la langue anglaise est aprés tout la lingua franca de nos temps, et se tordent de rire en songeant aux efforts lamentables de Jacques Toubon, Camille Laurin francais, pour contrer 1’influence néfaste de l’anglais dans l’Hexagone. Un ami, Londonien . bilingue, m’a bien fait rire tout récemment. Il a vécu en France, et connait bien le parler moderne. Il me dit: «Toubon peut continuer a donner des briefings et achit-chater aveclapresse. C’estcool. Le scoop, c’est que ses efforts sont vains. Au lieu de speeder, qu’il fasse du footing, et une fois fatigué, qu’il se laisse bercer par son rocking- chair.» Si Voffice de la langue francaise apprenait cela, toute la France serait mise 4 l’amende. Mais pour soutirer un sou 4 un Frangais, il faut étre trés, trés malin. Le vin, l’amour, les femmes et l’avarice sont les valeurs nationales 1a-bas. Méme les Anglais de Montréal continuent de rouspéter, surtout les Rhodésiens de Westmount. Ils tolérent bien entendu |’ autre moitié de Montréal, al’est du boulevard Saint-Laurent, 1a ot il fait bon respirer l’air.. ya deux ans, une amie, étudiante 4 Concordia, insiste pour que je fasse la connaissance de sa logeuse de Notre-Dame-de-Grace, madame Wilson. Je me cabre, «mais, je dis- je, faisons contre mauvaise fortune bon coeury. A peine avais-je le nez dans le vestibule que la formule de politesse m’assaille: «You dorealise that we speak English in this house, and that the neighbourhood is English.» Mes rapports avec madame Wilson, qui avoue avoir un faible pour Robert Libman («Such a cute face, don't you think?»), furent éphéméres. Si javais eu la témérité de lui révéler que j’habitais Westmount a l’époque, elle m’eiit sans doute traité de squatter. Westmount. Voila. J habitais tout 4 cdté du restaurant Murray’s, repaire de gribiches aux yeux trés mobiles qui €pient et mesurent vos moindres gestes, a AUGMENTATION DE LA VIOLENCE DANS LES ECDLES | commencer par le battement de vos cils. On vous laisse presque tranquillesi vous avez’ air«aryem): n’allez donc pas y chanter des chansons de Paul Piché, ni chantonnerdesairsdeFélix Leclerc. Murray’s, le rendez-vous des Westmountaises cto et nonagénaires qui méme en été portent le chapeau de fourrure en prenant le café et en lisant The Gazette, quand elles en sont encore capables. Ce sont elles qui vous Suite page 3 al p Président-directeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef : Pierre Longnus Journaliste-coopérante : Genevieve Gouin Infographisme : Suzanne Bélanger Yvan Brunet, Louis Anctil. Tél : (604) 730-9575. Fax : (604) 730-9576. Ltée. No 0046. - TPS No R 103242624 Impression : Horizon Publications OPSCEsh Membre de [Association Le seul journal en frangais 4 l'ouest des Rocheuses “SANS PEUR NI FAVEUR" Administration et gestion : Sandrine Lejeune Correspondant national : Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs : Claudine Lavallée, Marielle Croft, Catherine Lannoy. Collaborateurs Arts et spectacles : Sara Léa, Nigel Barbour, Marie Michaud, Ouverture du Journal : 9h a 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil. 1645, Séme avenue Ouest, Vancouver, C.-B., V6j INS. L'abonnement annuel cotite 25$ au Canada, 55$ a l'étranger. Le journal Le Solell de Colombie-Britannique est publié par Le Soleil de Colombie Enregistré comme courrier de deuxiéme classe. oleil de Colombie-Britannique Tél. : (613) 234-6735 Téléc. : (613) 234-6313 ABE de la presse francophone SSS = Hebdomadaire fondé en 1968 par André Piolat