™ "> 6 Le Soleil de Colombie, Vendredi 18 aoat 1978 Les lointaines retombées | des explorations de Vancouver Par Alexandre Spagnolo Président du Cercle Fran- ¢ais de Coquitlam Les Lieutenants du Capitai- ne George Vancouver Si Vancouver n’eut jamais d’honneurs, il n’en cherchait pas d’ailleurs, ne fut jamais amiral. Voyons briévement ce que devinrent ses princi- paux lieutenants et collabo- rateurs, entrainés sur les bases de la discipline de fer du Capitaine Cook, que, lui- méme, Vancouver recut de son illustre chef. Lieutenant Robert Barrie, d'origine américaine, com- battit les Francais prés de La Barbade, ile des Petites Antilles, en 1801, détruisit 17 navires effectuant le par- cours de Nantes a Brests. Lorsque Lucien Bonapar- te (1775-1840), critiqua la politique de son frére Napo- léon, et celui-ci en fit autant envers Lucien au sujet de son mariage avec une rotu- riére, ces dissensions obli- gérent Lucien 4 s'établir en Italie sous la protection du Pape Pie VII, qui le fit Prince de Canino; quand Napoléon fit prisonnier le Pape, Lucien décida de fuir aux Etats-Unis; c'est alors, en cours de route (1810), qu'il fut capturé en pleine mer avec son énorme butin} par la flotte de Robert Barrie. Interné en Angleterre, puis relaché. Revit son frére Napoléon, alors 4 I'lle d’El- be. Rentra en France au cours des Cents Jours et - enfin mourut en exil en Italie. En 1819, Robert Barrie fut nommé au Haut-Canada, a- vec le rang de vice-amiral et le titre de “Sir”. Lieutenant William Robert Broughton (1762-1821). Qua- tre années durant, fit des relevées de la céte asiatique entre le 35° nord et le 52° nord, Nommé capitaine. tats-unis). De 2e Lieutenant, nommé Lieutenant. Un des préférés du Capitaine Van- couver. Vice-amiral en 1821. Mourut aprés une longue et, pénible maladie contractée a Madras (Inde). Lieutenant Zachary Mudge (1770-1852) Navigua avec Participa a l’expédition de Malacca contre Java. Mou- rut a Florence aprés des ennuis avec |’'Amirauté. Son nom a été donné a un détroit dans ile de Vancouver, ainsi qu’a un archipel et a une rue de Vancouver. Lieutenant Peter Pudget: a bord du navire Discovery. Il découvrit, en 1792, l’anse dénommée Puget Sound (E- Vancouver, Broughton, Pu- get, etc. Fut fait prisonnier par les Francais au cours _d'une bataille navale ot son navire fut coulé. Relaché. Elevé au rang de vice-amiral en 1841. Amiral en 1849. Son nom a été donné a un cap, que les Espagnols avaient baptisé Punta de Magalla- nes de Galiano et Valdes. Mourut a 82 ans, belle longévité pour un marin. Etranglés par la récession par Dieter BUHL - traduit de l’allemand par Leon HURVITZ] (Suite ) Cependant, l’époque de “Lester Pearson est égale- ment révolue, de ce Lester Pearson qui regardait la ‘conduite de la_ politique étrangére surtout comme devoir moral, qui recut le prix Nobel en reconnais- sance d’activités conformes A ses idées. Le Canada fournit certes toujours des easques bleus a l'ONU, il rend toujours plus d'aide humanitaire que la plupart des pays démocratiques;tout récemment, il a fait parler de lui a l'assemblée générale de 'ONU en promettant de sabstenir totalement de la production et de la posses-, sion d’armes_ nucléaires. Toutefois, M. Pierre Tru- deau, disciple politique de Lester Pearson, se pose d'autres priorités. LES PECHES — D'OMISSION DE M. TRUDEAU Pour le premier ministre, la politique étrangére consis- te surtout au maintien des bons_rapports avec les Etats-Unis. Les relations ivec l'Europe occidentale suivent, mais pas de loin; la preuve en est, par exemple, '\ visité. rendue l'été dernier v1 Canada par le chancelier de la RFA. L’ambassadeur du Canada \ Bonn, M. John Halstead, parla d'une “nouvelle étape de l'entente bilatérale”. Celle-ci s’exprime a plu- sieurs égards. La livraison de uranium canadien 4a la RFA a été amplifiée, dans le cadre d'un accord général. La brigade canadienne stationnée dans le Lahr ba- de-wurttembergeois est ac- -eptée tout autant, et tout ‘issi naturellement que le sont les soldats dela RFA au Shiloh Ranch, leur champ de manoeuvres manitobain. Mais ce qui soude avant tout les intéréts allemands »! canadiens, ce sont les mil- ‘ards allemands investis au: Canada, pays qui, quarante fois plus grand que la RFA, «Ale dans son sein une véri- ‘ble corne d’abondance sou- terraine. Pour fixer ses relations ~iropéennes a une base plus solide, et pour réduire un yeu sa dépendance, si massi- ve, des Etats-Unis, le Cana-- daaconclu, il y a trois ans, in accord de cadre, écono- nique et politique, avec la ‘‘ommunauté Européenne. Sous l'étiquette de contractual link, le minis- ‘Are des affaires étrangéres 1 Ottawa le traite comme ine victoire importante. II faut ajouter que cette “vic- ‘oire” n’a pas beaucoup pro- 'té jusqu'ici. Cela s’expli- que, peut-étre, par l’inflexi- bilité de Bruxelles. I] est en méme temps indéniable que ', timidité de M. Trudeau, * face aux enjeux étrangers, y joue aussi son réle. Ce qui occupe une place de premiére importance dans le programme de M. Trudeau, ce n'est pas le progres de la coopération sur le plan de la politique étrangére, c'est plutdt le sauvetage de la coexistence sur celui de la politique interne. Tout récemment, M. Tru- deau s'est rendu compte, en sondant l’opinion publique, jes péchés d’omission que ‘ni imputent les Canadiens a ‘ot égard; ces sondages pré- sagent du mal pour son parti ‘ibéral. Aprés dix années au sommet du gouvernement eanadien, l’ancien enfant- orodige de la politique a nerdu beaucoup de son nim- he, A son bonheur, jusqu’ici »1 n'a trouvé, entre les 50e nt Magerdegyys de longitu- de, aucun homme politique Lieutenant Joseph Baker (1767-1817). A bord du navi- re Discovery, du Capitaine Vancouver. Le premier qui vit les cimes neigeuses de Yactuel Mount Baker (Etat de Washington), il n’était alors que 3e lieutenant. 2e lieutenant 4 bord du Discovery, ensuite ler lieu- tenant. Le Capitaine Van- couver l’avait en grande estime. Il fut un excellent carto- graphe. Elevé au rang d’ami- ral. Mourut en 1817, laissant neuf enfants, dont plusieurs eurent de brillantes carrié- res dans la Marine Royale. La liste des autres offi- ciers qui avaient eu des honneurs est trop longue; il serait fastidieux d’entrer dans les détails descriptifs. Probablement, 4 cette lointaine époque, il fallait, pour obtenir de la part de VAmirauté Britannique, le “baptéme de la gloriole’, avoir attaqué et coulé des navires de guerre francais ou espagnols, s’approprier -leurs possessions d’outre- mer, pour mourir vice-ami- ral ou méme amiral...c’est ce qui n’advint pas 4 nos deux héros, James Cook et Geor- ge Vancouver, qui, desan- nées durant, luttérent paci- fiquement contre les élé- ments de la nature, mais quand méme donnérent a leur pays insatiable, de vas- tes terres; eux, moururent sans grands honneurs et simples capitaines. Ironie des choses de ce monde... qui puisse lui faire paroli. Malgré cela, le premier mi- nistre hésite a procéder a une élection générale, parce qu'elle pourrait priver les libéraux de leur majorité. M. Trudeau devra faire face a trois problémes, s'il veul conserver sa position devant les électeurs. Qu’est- ee que demandent les Cana- diens au premier ministre? 1° D’indiquer une sortie de la crise économique. Pour les uns, ce serait une stra- ‘égie de développement na- tional, écartant les erreurs de la croissance sauvage de "économie. D’autres visent nlut6t a la hausse des im- nots, ala réduction des béné- fices sociaux, a l’enraiement de la fabrication de monnaie. Quelle que soit la décision de M. Trudeau, il ne pourra se soustraire au devoir de don- ner a ses compatriotes un ‘ynseil peu populaire, celui te se serrer encore plus la -einture. 2° De saisir le fer chaud de la réforme constitution- nelle. Les Canadiens atten- dent la définition que don- yera son gouvernement au “atur “fédéralisme a la cana- lienne”. Que le premier ministre veut-il offrir aux yrovinces, dont la plupart sont tout aussi entétées que ‘+s Bavarois? A moins que le ouvir fédéral ne soit prét.a jevenir le ballon de jeu des CONCLUSION Indiscutablement, le Capi- taine George Vancouver compte, avec son chef le Capitaine James Cook, par- mi les plus grands naviga- teurs et explorateurs de tous les temps. L’activité sur les mers et les océans du Capitaine Cook s'est bornée a trois grands voyages-expéditions, articu- lés sur trois missions, bien définies, dont il avait été chargé par l’'Amirauté Bri- tannique, au cours desquels il fit de nombreuses décou- vertes de terres au fin fond de l'Océan Pacifique, prit contact avec les autochto- nes, mais n'implanta pas de colonies; Vancouver alla un peu plus loin, notamment aux Iles Sandwich (Hawaii). On lui décerna le mérite d’avoir été le premier hom- me blanc qui eut touché des points de notre actuelle pro- vince, alors sans nom, peu- plée de ses propriétaires naturels: les Indiens, avec lerreur chronologique que les Espagnols et méme les Russes avaient été, bel et bien, la, avant lui, mais il fallait pour la postérité, une’ eloriole anglaise... Le: passage du Capitaine Vancouver a Vancouver s'est résumé a de nombreux va-et-vient sans s’accrocher, sans apporter une culture précise, des idées; pourtant il le fit aux Iles Sandwich, ses escales préférées. Au Nootka Sound (Ile de Vancouver) sa mission 4d’é- vineer les Espagnols bien établis, échoua devant la tenacité du. Gouverneur Juan Francisco de la Bodega y Quadra, chevalier de |’Or- dre de Santiago, Comman- atéréts provinciaux, Otta- vane pourra rendre que hien peu de ses préroga- SAVOSS 3° D’émousser le probleé- me du Québec. C’est. lui qu'on a chargé de domesti- quer les séparatistes, sur- tout parce qu'il est lui- méme franco-canadien, et qu'il connait l’'me québécoi- se. Il n'a toujours pas réussi le tour. Résigné, il se borne 4 un appel demandant qu’on mette “la raison avant le sentiment”. I] ne lui reste probablement rien davan- tage. Car, méme si le Parti Québécois perd le référen- dum, et que la province -reste dans la confédération, l'élan vers un “Québec libre” continuera pendant long- temps de peser lourd sur la politique nationale — comme un coin enfoncé dans |’auto- compréhension des Cana- diens. Quel que soit le chemin poursuivi par le gouverne- ment fédéral quant aux trois susdits problémes, au Cana- da personne ne souffrira du manque de thémes électo- raux. “Auparavant,*— s'est plaint un député aux Com- munes — les électeurs se laissaient gouverner par leurs craintes et leurs ré- ves, maintenant leurs déci- sions seront dirigées par frustrations.” ‘ dant de la Base Navale espagnole de San Blas (Cali- fornie), en 1792. Il se laissa influencer par la haute culture, l’autorité et la prestance de ce “Cabal- lero”. Ila fallu quatre années pour dénouer la crise de Nootka, alors le nombril de notre actuelle province, a Vavantage de l'impérialisme britannique, sans la présen- ce physique du Capitaine Vancouver. Nous l’avons déja men- tionné, Vancouver “chéris- sait” les Iles Sandwich (Ha- waii) qu'il visita trés régu- liérement, apportant plan- tes semences, animaux do- mestiques, outils, métaux, ete. ll apporta, sur le plan eulturel, le concept de la justice, de l’ordre social, la persuasion d’abandonner le culte des idoles. Il proposa l’annexion de ees iles & son pays: on eonnait la suite... Notre désir n'est nulle- ment d’amoindrir la réputa- tion du Capitaine George Vancouver, qui demeure toujours, a nos yeux, un homme admirable: de simple mousse il devint un naviga- teur et un explorateur de premier plan; il s'agit de le situer exactement, si cela nst possible, dans le cadre de Vhistoire de l'origine de no- ‘re province de Colombie- Britannique, qui aurait pu *tre plus vaste, s‘il avait su reconnaitre le fleuve Colum- hia a son embouchure, le _Détroit Juan de Fuca, le Puget Sound, en eréant des ports anglais ou des postes anglais. [FIN ] Prédiction bien pessimis- te. Elle ne correspond pas du tout a l’optimisme, toujours: présent, des Canadiens, en- core moins a l’adage qu’ils ont tous appris 4 l’école: “Le X1Xe siécle appartenait aux Etats-Unis, mais le XXe sera a nous, au Canada!” Le proverbe d’école ne s'est pas encore vérifié. Peut-étre l'espérance se remplira-t-elle au cours du XXIe. Car, en dépit de tous ses problé- mes actuels, le Canada céle dans son sein plus de pro- messes que presque aucun autre pays du monde. Fin [traduit de l’allemand par Leon HURVITZ] le francais, je le parle par leurs, cauchemars,et- leurs «+» = RTS % Vicikent (n sc Ss a a ae een Om Dd eee wath