16— ‘Le Soleil de Colombie, vendredi 7 septembre 1984 La S.f.m mise en cause par un cabinet d’avocats Suite de la page 1! tard a l'heure ou nous mettons’ sous presse, pour connaitre le| déroulement de cette audi- tion, mais Gilberte Proteau résidente de la Société, ne ait aucun mystére de la stratégie qu’employera la S.f.m. “C’est simple, nous ne sommes pas en faillite, dit- elle, et nous entendons porter le débat uniquement sur cette note d’honoraires beaucoup trop élevée. Nous pouvons parfaitement honorer nos fac- tures, mais il n’est pas ques- tion de payer 90 000 dollars alors que nous en devons seulement 25 000”. Simple... La ot tout se complique, c'est quand le cabinet d’avo- cats accuse la S.f.m. d’avoir utilisé les 108 000 dollars du fédéral a d’autres fins que ses frais de justice. En effet, il sous-entend 1a que la Société n’a pas respecté son cahier des charges vis-a-vis du gouverne- ment, et il va méme jusqu’a soutenir que la S.f.m. aurait recu du Secrétariat d’Etat beaucoup plus d’argent qu’- annoncé officiellement. L’ac- cusation devient trés grave et la Société-franco-manitobaine n’entend pas se laisser entrai- ner sur ce terrain-la. “De méme que nous n’entendons pas répondre a !’accusation de faillite, explique _Gilberte Proteau nous ne réagirons pas sur ces insinuations qui ne reposent sur rien. Nous avons effectivement recu de l’argent : supplémentaire le 17 soit, de la part du Secrétariat d’Etat, mais nous n’avons absolument. pas a en rendre le montant public”. Ce débat se limite peut- étre 4 un contentieux di’af- faires, mais quoiqu’il arrive le 4 septembre, on ne peut oublier que ces accusations interviennent en pleine cam- pagne électorale alors que le gouvernement Pawley se fait reprocher au Manitoba d’avoir essayé d’imposer cet hiver le francais dans la constitution. D’autre part, ce “scandale” prend place un mois avant la décision des juges de la Cour supréme (attendue courant octobre), concernant les appels de |’avo- cat Bilodeau et aa gouverne- ment fédéral sur l’inconsti- tionnalité de toutes les lois manitobaines. Enfin, cette af- faire séme le doute sur la Société-franco-manitobaine alors que, pour la premiére fois de son existence, elle a attaqué un Manitobain de- vant une juridiction pour attaques francophobes a son égard. En l’occurence, le par- ticulier qu’elle poursuit avait peint sur sa cléture l’inscrip- tion: “God save the Queen and... damn the french”. Le francais cotite moins de dix millions en C.b. Suite de la page 1 pour 29 millions de dollars de cours de langue, dont environ 2,9 millions pour les fonction- naires de Colombie britanni- que’, indique le journaliste, sans citer de sources. Or un employé de haut niveau de la direction des programmes de langue a la Commission de la fonction publique nous a formellement répondu que le montant réellement dépensé pour la Colombie britannique était au moins inférieur des trois quarts au chiffre ae oe par le “Vancouver Sun”. Il a en outre précisé que ces 750 000 pa ag (au maxi- mum) comprenaient aussi les montants affectés a la forma- tion linguistique des militaires et de la G.R.C. (qui ne relévent pas directement de la (Commission de la fonction publique) . e “La population franco- phone des huit autres provin- ces (sous-entendu que le Québec et le Nouveau- Brunswick) a diminué de 5% entre 1971 et 1981”, indique Rick Houston. Si cette donnée met l’accent sur une évolution réelle pour l'ensemble des provinces, elle est erronée en ce qui concerne la Colombie britannique ot la population n’a cessé d’augmenter depuis quarante ans. Selon Statisti- ques Canada, il y avait en Colombie britannique 11 058 personnes de langue mater- nelle francaise en 1941, 19 366 en 1951, 26179 en 1961, 38085 en 1971 et 45 615 lors du recensement de 1981. ¢ Enfin, le “Vancouver Sun” préte a Dick Melville, porte- parole du ministére de |’Edu- cation, les propos suivants sur les 5,8 millions de dollars fournis par le fédéral au ministére provincial de l’Edu- cation pour le soutien de la langue minoritaire: cet ar- gent “est divisé en parts a peu. prés égales entre étudiants de langue maternelle francaise et étudiants non francophones suivant les programmes d’im- mersion”. Nous avons aussi contacté M. Melville qui nous a confirmé avoir fait cette déclaration au journaliste tout en prévenant qu'il ne connais- sait pas bien le dossier. M. Melville nous a donc référé au docteur Jeff Mills, directeur du département des langues modernes au ministére~ qui était en vacances au moment de son entretien avec le journaliste. Or, M. Mills nous avait déclaré en juin dernier, lors de la conclusion de l’entente financiére entre la province et le Secrétariat d’Etat, que seulement 10% de cet argent était dépensé pour les un peu plus de 1 000 éléves du programme-cadre, le reste allant aux plus de 10 000 étudiants de l’immersion et aux 160 000 étudiants suivant des cours de francais langue seconde... Ces corrections nous sont apparues nécessaires, méme si elles n’affectent pas le grand total de 10 millions obtenu par le “Vancouver Sun” de maniére considérable. — SRS ananassae Il vend des voyages | pour la F.F.C. Suite de la page 1 personnel. “Nous pensons avoir dans deux ans trois employés”, et avec Expo 86, la perspective de tra- vailler avec des francopho- nes se dessine jour aprés jour plus - clairement. “N’oublions surtout pas ue, située dans le coeur e la ville, et 4 proximité des nombreux hotels, 1’a- gence sera en mesure de satisfaire les visiteurs. .fran- cophones, qu’ils viennent de France, du Québec, de l'Afrique ou de 1l’Océanie francophones”, explique Jacques Lévy. “Et cette exposition internationale n’est plus que dans deux ans” ajoute-t-til. © Avec ces trois ans et demi dans de nombreuses agen- ces locales de voyages, Jacques a une clientéle francophone trés fidéle, comme ce restaurateur québécois qui l’a toujours suivi d’agence en agence. Ou vont-ils tout ces fran- cophones qui __habitent louest du Canada? Quelles sont leur destination lors- qu'ils partent en vacances? _Inévitablement vers le Québec ou la France, mais comme villégiature, que choisissent-ils? Comme on pourrait le penser I'ile d’Hawai n’est pas la préfé- rée mais plutét le Mexique ou plusieurs connaissent d'autres francophones qui ont investi dans ce pays du sud. Tahiti se place aussi trés bien. Las Vegas et Reno sont des centres de villégiature trés prisés par- mi les francophones plus agés, ils y vont pour tater la chance mais aussi pour avoir du bon temps. Ne peut s'interpreter pro- fessionnel qui le veut, avec - un dipléme en poche, on vous demandera de l’expé- rience, en tout cas deux ans minimum, ou _ bien vous devrez Passer, si vous voulez joindre une agence, par tous les échelons: ré- servation, _ billetterie...... Car ce n’est pas si simple que l’on pourrait croire. ‘Prenez par exemple un vol comme Vancouver - New York, demandez, pour vous amuser, combien ont payé vos voisins “Sur un vol comme: celui-la on peut compter trente tarifs diffé- rents, des premieres classes a celles économiques en passant par les tarifs pour les moins de 60 ans, pour ceux de moins de 23 ans si vous vous arrétez en route.” un vrai casse-téte, c’est pourquoi l’agence de voya- ges a sa raison d’étre. A quelques mois de la fin de l'année, les siéges a destination du Québec ou dailleurs s’arrachent déja, “c’est maintenant le mo- ment de réserver, les tarifs sont plus chers a partir du 15 décembre, mais n’atten- dez pas trop,” conseille Jacques Lévy. Depuis plu- sieurs mois on assiste a la déréglementation des tarifs sur toutes les destinations du Canada. Actuellement des Vancouver-Toronto se chiffrent dans les 300 dol- lars. LE PAPE VOYAGEUR - Suite de la page 1 pourrait donner l’impression que le pape Jean-Paul II passe tout son temps a voyager. Cela n'est pas le cas. Au cours des premiers six mois de son régne, il a composé trois encycliques - Redemptor Ho- minis (Rédempteur de l’hom- me), Dives Misericordia (Ri- ches dans la miséricorde) et Laborem Exercens (Le travail de l‘homme) - en plus de remplir toutes les fonctions normales de sa charge. Le Pape de la réconciliation Les voyages eux-mémes sont bien plus que de simples promenades. Le Christ a dit aux apdtres dialler et de précher dans toutes les nations du monde et Jean Paul II est, aby tout, le successeur du chef des apétres. Il est évident que, pour lui, précher l’évan- gile est une de ses grandes responsabilités. ‘Une des importantes fonc- tions des visites pontificales est d’établir des liens plus étroits non seulement avec les mou- vements chrétiens non catholi- ues mais aussi avec les non chrétiens. [1 faut remarquer que l'un des premiers voyages officiels de Jean-Paul Ill se fit a Istanbul, autrefois Constanti- nople, le coeur de 1’Eglise orientale orthodoxe et consi- dérée comme la “seconde Rome”. Jean Paul II y fut le premier pape en mille ans a célébrer une messe avec un patriarche de |’Eglise orien- tale. En Afrique, il s’entretint avec l’archévéque de Canter- bury puis il se rendit en Angleterre devenant le pre- mier pape a y aller depuis u’Henri VIII s’était emparé es monastéres. En Allemagne, il insista pour s’entretenir avec des chefs de l’Eglise luthérienne et des doc- teurs de la Loi juive; en Turquie , il lanca un appel a une plus grande coopération entre musulmans et chrétiens. Le message de Jean Paul II vise a la réconciliation, 4 trouver le moyen de réunir les hommes au lieu de les séparer. Le succés pa usgabenies ses messages est di, en partie, au magnétisme de sa personna- lité. Jean Paul II est un prédicateur de grand talent. Mais ce sont surtout sa sponta- néité et son exhubérante sim- plicité qui le rendent si popu- laire. Au cours d’audiences publiques a Saint-Pierre, par exemple, on a vu le pontife mettre ses mains en_porte- voix et s’écrier: Et mainte- nant, une bénédiction! Lors- qu’au cours de sa visite aux Etats-Unis, une foule enthou- siaste de jeunes Américains réunis au Madison Square Garden, a New York, se mit a l'acclamer avec des cris scan- dés, le pape se tint sou- riant devant le microphone répétant en polonais: Ca, par exemple! _ En dépit des risques... Une grande partie de la popularité de Jean Paul II est due 4 sa compassion évidente et a la profondeur des senti- ments qu'il éprouve a l’égard de l‘homme. Au cours de sa visite en Corée du Sud en début d’année, il devait pren- dre la parole dans une lépro- serie. On avait prévu de lui faire prendre une Mercédes dorée dés son arrivée en hélicoptére pour l’emmener a la salle de conférence ot il était attendu. A la place, le pontife partit a pied, sous la pluie, et grimpa une petite colline ot se trouvait un ‘visite en Turquie en 1978, et groupe de lépreux. La, pen- dant quelques minutes, il se méla a eux, les touchant, les: consolant, les encourageant. Ce fut un geste symbolique d'une portée énorme remon- tant aux racines mémes de la foi chrétienne. Personne, ce- © pendant, ne douta de la sincérité du pape a ce moment-la. Lorsque le méme pape répondit aux acclama- tions de la foule 4 Boston en s’‘écriant: Je vous aimel... Je vous aime!, la encore, nul ne douta de sa sincérité. La spontanéité et la compas- sion se payent et ce prix c’est le risque que Jean Paul II prend chaque fois qu'il échap- pe au rampart de policiers et de gardes du corps pour se méler a la foule. Paul VI qui fut le premier pape a entreprendre de grands voyages fut aussi le premier a faire face a une ten- tative d’assassinat lorsqu’un Bolivien ayant perdu la rai- son essaya de le poignarder a Manille. Il y a eu aux moins deux tentatives d’assassinat sur la personne de Jean Paul II: la premiére sur la place Saint-Pierre de Rome lorsqu’- un dénommé Mehmet Ali Agca tira sur lui a coups de revolver. Presque exactement un an plus tard, un prétre espagnol d’extréme droite essaya de le poignarder alors qu'il faisait un pélerinage a Notre-Dame-de-Fatima pour la remercier justement d’avoir eu la vie sauve lors de I’atten- tant précédent. Cest un risque quill a accepté de prendre. Lors de sa cela bien avant l’attentat de la place Saint-Pierre, on avait prévenu le pape qu’Agca avait écrit 4 un journal proférant des menaces de mort a son égard. Le pontife n'y prit pas garde.