ee ee ee tet 8 - Le Soleil de Colombie, vendredi 2 septembre 1988 VOYAGES Par Jean-Claude Boyer En arrivant a l’aéroport de Séoul (Corée du Sud), le 9 juillet 1985, je me rends d’abord au comptoir de renseignements, puis acelui des Korean Airlines pour tirer au clair un incident survenu ce matin a|’aéroport de Taipei (Taiwan) - voir l'article intitulé «Les tribulations d’un Québécois...». Je reviens au comptoir de renseignements. Le préposé me donne tous les documents dont j'ai besoin, ajoutant sur la carte de Séoul, en anglais et en coréen, des précisions susceptibles de m’aider ame rendre al’AJ. Je le félicite pour |’excellence du service et monte bientét dans un bus_ impeccable, _ tarif modeste, hdtesse et chauffeur gantés de blanc. La jeune femme me demande oi je vais et promets de miavertir quand descendre. Seul passager non coréen, et moustachu, je me sens «étrangement étranger». Long trajet (50 minutes) calme et reposant. J’apercois plus d’un immense filet, dans des terrains de jeux, pour retenir les balles de golfes. Nous voici maintenant en pleine trépida- tion urbaine. (Capitale de 7 millions d’habitants, Séoul est donc plus populeuse que tout le Québec lui-méme.) Lorsque je descends du bus (quelle chaleur!), je montre a un piéton lalocation del’AJ sur ma carte. Il me fait signe de le suivre. Nous marchons en silence pendant une dizaine de minutes. Heureusement qui comprend «thank you very much»! Grande auberge au confort moderne. Dortoirs de huit lits avec tapis et air climatisé. Salle de réception, restaurant et cafétéria savoureusement déco- rés... Est-ce vraiment une AJ? Je me retrouve avec un Québécois, un Californien et cinq honorables Japonais moins bruyants que des mouches. Longues conversa- tions «routardiennes» ponc- tuées de rires sonores. Je m’endormirai aisément, heu- reux doublier cette journée mouvementée. Le lendemain, il n’est pas question de prendre mon petit déjeuner ici: 10% de taxe et 10% pour le service! Le Californien et moi dénichons vite un restaurant plus aborda- ble. Mon nouvel ami, Tim Naumowicz, est un jeune athléte-ingénieur d’une «beauté hollywoodienne», et il ose porter un short en Corée: pas étonnant qu’on le dévisage sans cesse. Il revient tout juste d’un séjour au Japon. Il ne tarit pas d’éloges sur ce pays. «Cest le plus raffiné d’Asie. Dommage que les Japonais en général se sentent inférieurs aux blancs», conclut-il. Quant a la Corée du Sud, il la trouve «moins chére que /e Japon et plus accessible que la Chine». A la fin du repas, il me donne un document qui énumére une trentaine de DO'S («choses a faire») et DON'TS («choses a ne pas faire») en Corée. En voici quelques exemples : seservirde ses deux mains pour donner ou _ manger) sans café... Récit d’un tour du monde Semaine a Séoul recevoir des cadeaux (ne jamais seservirdesamain gauche sauf pour soutenir la main droite); faire du bruit en mangeant, les «bruits buccaux» étant considé- rés par les hétes comme un compliment; débattre les prix dans les marchés, ot ils ne sont pas fixes, et sourire une fois la marchandise emballée; se soumettre a |’exercice mensuel de défense civile (voir |’article «‘Raid’ a Séoul»); respecter le couvre-feu, entre minuit et 4 heures (ce décret n’est plus en vigueur depuis janvier 1982). Exemples de «choses a4 ne pas faire»: ne pas s’attendre a ce que les Coréens_ parlent l'anglais (la vaste majorité ne le comprend pas); ne pas utiliser de langage enfantin avec un Coréen qui comprend un peu tions d’un Québécois...»), jeme Pproméne longuement au ha- sard, de plus en plus étonné de voir tant de modernité. Puis je redescends dans le métro et me mets a en étudier la carte. Une jeune fille s’approche et me demande dans un_ anglais hésitant si j’ai besoin d’aide. Elle m’offre de parcourir avec moi les vingt-et-une - stations qui me raméneront a I’AJ: moyen comme un autre de pratiquer son anglais. Repas du soir dans un restaurant coréen avec Tim et une Vancouvéroise. Celle-ci commande du poisson a I’aide d’un dessin sur une serviette de table. La serveuse semble avoir compris. Elle revient avec du boeuf! A la fin du _ repas, |’Américain commande une eau Séoul: la porte Gwanghwa-mun (attention a la prononciation). l'anglais (parler clairement et en bon anglais); ne pas offrir de pourboire, excepté dans les hétels modernes fréquentés par les occidentaux (ce serait une insulte pour la plupart); ne pas remettre ses souliers assis sur le plancher d’un temple ou a l’entrée en tournant le dos au bouddha (sacrilége qui offense profondément les Coréens). . Je descends maintenant dans le métro, seul, pour me rendre au centre-ville. Métro moderne construit en profondeur pour se protéger, dirait-on, contre une éventuelle explosion nucléaire. Revenu en surface, je me sens comme au coeur d’un Manhat- tan. Je dois monter sur un passage surélevé pour traverser une artére importante. Mais ot sont les vestiges d’antant? C’est vrai, j’allais oublier la fameuse guerre de Corée (1950-53). Tiens, une affiche sur les Olympiques de 88. J’ai envie de siroter un bon café. Me voila dans un «fast food» (prét-a- chaud - seulement «glacé». On n'y sert aucune boisson chaude! J'entre ensuite dans un bureau touristi- que au service impeccable. Aprés une premiére visite au bureau des Korean Airlines (voir l'article intitulé «Les tribula- minérale, lui montrant une bouteille sur le comptoir. Elle revient avec une boisson forte! Avant de quitter les lieux, nous l’observons, aunetable voisine, en train de couper un plat traditionnel avec une grosse paire de ciseaux. De retour dans la chambre- dortoir, Tim et moi faisons la connaissance d’un Suisse fran- cais qui nous défile avec enjouement une petite collec- tion d’aventures personnelles. ‘Nos cing amis Japonais se sont Volatilisés. Lelendemain, je déménage au centre-ville avec. Tim - a l’auberge privée Daewang. Dans le métro bondé, un Coréen d’un certain 4ge, me voyant chargé: comme un lama, insiste pour me donner son siége. Une telle courtoisie me déconcerte. Nous décidons ensuite d’aller a Incheon, sur la mer Jaune - une heure de métro. Pour nous assurer que nous prenons la bonne direction, je m’adresse a -un jeune qui semble vouloir nous parler. Il va justement a Incheon, «pour passer le temps». Un autre Coréen dans la vingtaine nous aborde aussitét et affirme, lui aussi, n’avoir rien a faire. L'un se dit architect autre ingénieur. Ils t sdrement pratiquer leur anglais. Nous leur faisons confiance. Sur les lieux, nos jeunes guides nous invitent d’abord a casser la crotte - a leur frais. Puis nous circulons dans les rues en pente jusqu’au parc de laLiberté. Vuemagnifique surle port. Je prends une photo de deux petits bouts de chou tout a fait mignons - visages sérieux, en demi-lune - debout devant - une sculpture moderne: deux énormes maillons de chaine pour commémorer cent ans d’amitié et de relations diploma- tiques avec les Etats-Unis. C'est ici, a Incheon, aujour- d’hui port de mer florissant, que le général McArthur a ordonné la manoeuvre qui a permis de reprendre Séoul douze jours seulement apres avoir été envahie parla Corée du Nord. Sa statue de bronze, avec casquet- te et lunettes de soleil, repose surun haut socle, face au grand golfe chinois. Nous circulons’ lentement a travers fleurs et arbustes jusqu’a une réplique delaLiberténew-yorkaise; prés d’elle, de blanches colombes aux ailes déployées. Un troisiéme Coréen s’appro- che et nous demande d’une voix timide s’il peut nous accompa- gner pour pratiquer son anglais. Bien str. Les commentaires abordent. Exemple entre mille: la ou le littoral est rocheux, la marée monte de 2,54 cm (1 po) par minute. Je fais remarquer au nouveau venu que Tim est anglophone mais que je suis francophone. Peu lui importe; il cause tanto} avec lui, tantét avec moi. Nos guides improvi- sés nous offfent maintenant des fruits, des glaces et des rafraichissements. Tim doit bient6t retourner a | Séoul pour s’acheter des livres techniques d’ingénierie, qui codtent «six fois moins chers ici qu’aux Etats-Unis», et un grand sac-valise (il retourne en Californie demain). Le jeune « Nous circulons lentement a travers fleurs et arbustes jusqu’a une réplique de la Liberté new - yorkaise C pres d’elle, de blanches colombes aux alles déployées. architecte m’invite chez lui, a Suweon. Mon aventure de «café drogué» en Inde me revient a l’esprit comme un éclair: je refuse poliment. Remercie- ments répétés de part et d’autre, professeurs et éléves! Et je reprends la direction de la grande jungle avec Tim, mon garde du corps. ‘ [Suite la semaine prochaine) Vile Granville Richmond u trouver (0 le Soleil ? Le Soleil de Colombie se trouve maintenant en vente dans ces différentes locations: e La Madrague, boucherie francaise du Marché Granville, sur _ @ La Librairie francaise, 795 - e Manhattan Books Store, 1089, rue Robson e European News, 1136, rue Robson e Universal News, 132, East Hastings e Piccadilly, tabagie de I‘hétel Vancouver e Mayfair News, 1535 Broadway ouest e VIP, News and Gift Store, 2440, rue Granville e La Mouette, librairie francophone, 3451 rue Chatham, ¢ Dans les tains: Via elt. en partance de Vancouver 16éme avenue ouest