4 Le Soleil de Colombie, Vendredi 8 septembre 1978 Sursis et survie en Colombie par Keith SPICER . Courtoisie du Vancouver Sun Vancouver - La Colombie- Britannique est un haut- ‘lieu des montagnes russes idéologiques et de l’exhibi- tionnisme politique: une campagne électorale de deux mois y aurait pu tout chan- ger, sauf la douce pluie d’automne. Mais lorsque vendredi dernier Pierre Tru- deau sembla différer de nou- veau ses élections générales, tout indiquait cette forte probabilité: le massacre des libéraux a l'Ouest des Ro- cheuses. C’est la Colombie-Britan- nique qui, avec l'Ontario du Sud, aincité M. Trudeau a résister au chant de siréne d'une élection nationale en mai dernier. En se raccro- chant a la portiére comme ils Yont fait, les libéraux ont di avoir vent de sondages pré- disant que !’électorat colom- bien les accueillerait avec Vhospitalité d’un champ de mines au Sahara. Dans le cas d’une course serrée pour dominer le Parlement élargi de 282 siéges, les 28 qui reviennent a la Colombie- Britannique pourraient étre un champ de bataille dé- *, conservateurs-NPD, terminant pour les libéraux de M. Trudeau, les conser- vateurs de Joe Clark et - dans le réle éventuel de minorité décisive - les néo- démocrates d’Ed Broadbent. M. Trudeau a fort bien flairé tout cela dans les chiffres nationaux, et il a sagement décidé d’écouter la voix de la prudence. Depuis les élections man- quées de mai dernier, les’ libéraux colombiens sem- blent aller de mal en pis. . Pour les fidéles du parti, si l'on parlait de polarisation cest que l'on essayait sournoise- ment de les éliminer en les ignorant. Mais ils n’ont pu nier que le “Tahiti cana- dien” a une dent - souvent trés dure - contre le gou- vernement. Sur les huit siéges de la Colombie-Britannique tenus par les libéraux, pas un ne semble étre un bastion rou- ge, et chacun d’entre eux peut succomber aux conser- vateurs (qui voguent toutes voiles déployées) ou aux néo-démocrates (en pleine ressuscitation). Seules deux circonscrip- tions marcheront peut-€tre bien pour les libéraux. Sim- ma Holt, qu’on baptise affec- tueusement “la soeur volan- te des bonnes oeuvres”, a de grandes chances de garder som siége de Vancouver- Kingsway; Art Phillips, le _trés populaire ex-maire de Vancouver, semble égale- ment en mesure-de défendre l'ancienne place-forte de Ron Basford, Vancouver-Centre. Tous les autres libéraux, y compris les ministres Iona Campagnolo et Len Mar- chand,.courent des risques politiques. “Quest-Express” (Suite de la p.1) groupe animé et suffisam- ment -varié pour découvrir autant d’aspects du monde francais de l’ouest qu'il est possible. Car, s'il s’agit d’abord de produire une étude, de la rendre accessible a tous, une fois qu'elle sera faite, il s’agit aussi de se méler au monde, de découvrir la vie quoti- dienne des familles, de con- naitre le milieu de facon plus intime. A cété des conférences, des rencontres avec les pré- sidenis d’associations, pro- fesseurs, hommes politiques a l'occasion, l'un des traits particuliers du séminaire a consisté en séjours, allant de deux a trois jours, dans des familles. Pour ma part, j’ai passé trois jours 4 Saint-Pierre, au Manitoba, en pleine époque de “folies-grenouilles”... ou plutdt “frog follies”, puisque tout, ou presque, se dérou- lait en anglais! Pour ceux qui viennent de Vest, c'est la premiére sur- prise: a quel point, pour la » plupart des francophones de Vouest, le francais est une langue seconde, méme lors-. que-les lois permettent la mise sur pied d’écoles uni- lingues frangaises. Comme le disait un habi- tant francophone de Gravel- bourg a un Acadien incrédu- le: “Why speak French’? (On a connu quelques mo- ments de dépression, durant ce séminaire...) Mon second séjour ‘“‘en famille” a eu lieu a Hoey, village du nord de la Sas- katchewan, a4 deux pas de Saint-Isidore de Bellevue, de Batoche, et pas loin de Prince Albert: la, en compa- gnie de Gail Sinclair (on résidait souvent 4 deux dans chaque famille), j'ai eul’occa- sion de voir “combiner” |’or- . ge, de me promener au milieu de futurs steaks: sur pattes (j'ai faim rien que d’y penser), de rencontrer plu- sieurs générations de fer- miers venus, deux ou trois générations plus tot, du Québec... La troisiéme fois, j’étais a Edmonton, pas trés loin du Collége Saint-Jean, et je dois avouer n’avoir pas tellement vécu avec la famille chez laquelle je demeurais, parce qu'il y a, 4a Edmonton, pas- sablement de choses 4 faire et a voir. : Mais je n’oublierai_pas - Yhospitalité de Madame Thé- - Le chef libéral provincial, Gordon Gibson, est un hom- me dynamique, doué et res- pecté qui a été pressenti comme candidat fédéral; il devra pourtant lui aussi lutter contre le courant. Comme tous les partis dans toutes les élections, les libéraux de Colombie-Britan- nique proclament que leurs militants sont fin-préts pour la bataille. Méme avec 15,000 membres cétisants contre les 40,000 au moins des conservateurs et les 27,500 environ du NPD, l'impact de leurs militants est loin d’étre négligeable dans certains comtés. Mais les forces des libé- raux sont dispersées, et bien qu’ils aient souvent pour eux leur ardeur a sauver la nation, ils n’ont ni la har- gne des conservateurs ni le dévouement quasi-évangéli- que des membres du NPD (les cétisations volontaires annuelles de ces derniers en Colombie-Britannique tour- nent autour de $23.50 par membre). Par quelle alchimie la Colombie-Britannique _ est- elle devenue le théatre d'une empoignade gauche-contre- droite ot les libéraux n’ont que la portion congrue? Deux ingrédients sont en cause: l'économie et Pierre Trudeau. Les partis conservateur et NPD ne diront pas aux habi- tants de Colombie-Britanni- que que leur taux de ché- mage et l'inflation est bien au-dessous de la moyenne nationale: 7.7 pourcent et 8.2 pourcent sont des chif- fres déja assez inquiétants. Les partis d’opposition n’ont. qu’a entonner leur rengaine sur l’emploi, les rése Beaudoin, pas plus que de mes deux hdtes précé- dents. Je ne regrette qu’une chose: l’impossibilité 04 nous sommes, en’ Colombie, d’en faire autant - parce que la rentrée approche, pour nous tous... C’est pourquoi je parle d“Ouest-Express”! Non seu- lement parce que cet article a été fait a toute vitesse, entre un restaurant japonais et le motel Capilano (Van- couver est une ville passion- nante, méme s’il pleut un peu trop...), mais surtout parce que, depuis le 29 juillet o&4 nous avons tous débarqué 4a l’aéroport de Winnipeg, jusqu’a ce 6 sep- tembre ou la plupart d’entre nous vont reprendre I’avion, tout a passé trés vite, trop vite. Il me semble que c’était hier encore que j’étais au collége de Saint-Boniface, en train d’écouter Georges Fo- rest parler de “L’affaire”, ou d’assister a un concert de> Gerry et Ziz, ou couché sur’ la plage de Saint-Malo un dimanche aprés-midi; que j'étais'au Centre d’Etudes- Bilingues de I'université de Regina, en train de discuter de l’expérience satellite Zé- non-Park - Baie Saint Paul; - prix et les bureaucrates - ou, pour les amateurs locaux de plages hawaiennes, le dol- lar canadien a 87 cents - pour frapper l’électeur 1a ot, par la faute des libéraux disent- ils, le bat les blesse: au portefeuille. Pierre Trudeau est un élé- ment au moins aussi essen- tiel a la stratégie de l’oppo- sition. Les conservateurs surtout présentent M. Tru- deau comme I'incarnation de tout ce qu'on déteste ici a propos d’Ottawa: budgets extravagants, indifférence, cynisme, politique ‘‘léche- bottes” envers le Québec, et une impression tenace d’ “arrogance”. Lors d’une visite en Co- lombie-Britannique en juillet pendant la gréve des bras- series, le premier ministre n’a guére arrangé les choses en confessant qu’il ne savait “fichtrement rien du tout sur la biére d'ici”. La semai- _ ne derniére, un groupe de 15 juges québécois venus aux frais de la princesse appren- dre l’anglais 4 Vancouver ont fait les manchettes lors- que leur guide-conseiller sembla laisser entendre que ce genre de promenade ne devait pas étre connue des contribuables. Détail typi- que, bien qu'un peu injuste: ce genre de largesse s’appel- le ici un “joujou 4 Trudeau”. On n’apprécie guére non plus, en Colombie-Britanni- que, l’impatience de M. Tru- deau sur la question consti- tutionnelle. Les électeurs de la province ne voient généra- lement pas l’utilité d’une option fédéraliste rajeunie a opposer l'indépendance qué- -bécoise lors du référendum du premier ministre René Lévesque prévu sans: doute que j’étais couvert tout noir de poussiére d’orge; que je rencontrais Georges Bugnet, agé de presque cent ans; que... mais la liste n’en finirait pas, car l’ouest est immense, et car c’était, pour la plupart d’entre nous, une découverte de tout. Alors, tout se méle un peu, tout semble confus, et si l'on me demandait, mainte- nant, ce que je pense sur la francophonie dans !’ouest, je serais bien embarrassé. Les statistiques nous di- sent volontiers que la fran- cophonie va _ disparaitre. Doit-on y croire? Je souhaite juste, pour ma part, que la jeunesse qui va bientét pren- dre la reléve retrouve une certaine fierté d’étre elle- méme, de se créer une culture moderne oi la lan- gue ait une place, parce que ce n’est ni les statistiques, ni les politiciens, ni méme les séminaires “express” qui peuvent la eréer, cette cul- ture, cet espace de vie particulier. : En avons-nous trouvé lembryon quelque part dans l’ouest? Attendons, d’ici quelques mois, la sortie de notre magazine, qui sera dédié 4 tous ceux qui, dans Youest, sont persuadés que le frangais doit vivre, la téte haute... ° pour 1979, et beaucoup pré- férent s’acharner sur un dérivatif trivial: les proposi- tions constitutionnelles de M. Trudeau mettraient soit- disant en danger le statut de la reine... Ces deux questions mises a part, le pouvoir des libé- raux ici semble fragile et si l'on se rappelle comment ils ont conquis leurs huit siéges en 1974. Beaucoup de sym- pathisants du NPD votérent libéral pour contrecarrer les plans des conservateurs sur le contréle des salaires et pour protester contre les gaffes. répétées du premier ministre NPD Dave Barrett. Depuis que les libéraux ont fait volte-face en promul- gant les contréles des prix et des salaires et que Dave Barrett siége de nouveau dans l’opposition, nombre de ces apostats de 1974 rega- gneront sirement le bercail NPD. Comment les libéraux pourraient-ils se préparer a des jours meilleurs au prin- temps? En suivant la stratégie classique du dos-au-mur: a- gir comme si les faiblesses étaient des forces, monter en épingle des forces nouvel- les et placer les adversaires sur la défensive. premier ministre ferait Joe a Clark, et quel serait son. programme. L'essence de la vie politi- que en pays démocratique, — c'est l’existence de politi- ques et de leaderships de rechange. Beaucoup de gens sont si aveuglément furieux contre M. Trudeau qu’ils en oublient que voter c’est gé- néralement choisir entre deux imperfections. Un raz-de-marée libéral au printemps? A voir... mais peut-étre pas non plus la grande débfcle. —«Il faut faire comme les — autres», maxime suspecte, qui signifie presque tou- jours: «il faut mal faire». [La Bruyére] —Conduisez-vous toujours: avec la méme retenue que si vous étiez observé par dix yeux et montré par dix mains. [Confucius] Toute désespérée, voire : méme opportuniste, qu’ait : été la fiévre économique manifestée en aoit par M. Trudeau, elle pourrait jeter les bases d’un bon hiver de ° négociations rigoureuses a- vec bureaucrates prodigues , et syndicats étrangleurs. Si M. Trudeau serre vrai- ment les cordons. de la bourse, il pourrait bien rega- gner son autorité économi- que et alors les accusations de “cynisme” et d’ “ gance”’ portées contre lui arro- . perdraient beaucoup d’im- ' pact. Les forces nouvelles se- raient des personnalités neu- ves au sein du parti libéral r de Colombie-Britannique. En-.vénérant cing ou six candidats libéraux dignes de figurer au conseil des minis- ‘ tres, les électeurs colom- | biens qui ne peuvent aimer rabattre sur un libéral du coin, Enfin - et c’est 14 a coup | stir que se trouve la ques- tion-massue - les libéraux | pourraient passer une bonne partie de l’hiver 4 se deman- der tout haut quel genre de Resmupury Francais Tél. 687-1418 751 rue Denman Vancouver, C.B. _M. Trudeau pourraient se - re Houqui, m2 _LIBRAIRIE~ GALERIE FRANCAISE: Leivres on Disques “Magazines ; Cartes de voeuxs Lundi au samedi: 10h00 a 18h00 Dimanche: 12h00 a 18h00. * Le dimanche, venez déguster un bon café, une — 1222 ROBSON STREET VANCOUVER, B.C. SS ~ % ; Ye Nahe, Jeudi et vendredi: 21h06 | gracieuseté du Bouquineur! | TRY pan Sin ale aie ab Ah as SR ah 2: Ri inmates OY ate JR MEE jbl beet, a tee — geen pete, st < ‘ APES 1S taea elites a Aa ica 687-5936 Ouvert 7 jours par semaine de 12h00 a 14h30 et de 18h00 a 23h00 Dimanche de 17h0022h00 §