ne a re ies oa ies ee es ees 6, Le Soleil de Colombie, vendredi 14 Octobre 1977 a DP BOO Un choix national SECTION 5 (suite du Chapitre 2)- la rhétorique de McCarthy, point de vue exprimé encer- !@ parlement du Manitoba tains milieux selon lequel il abolit toutes les disposi- faut tenter de quelque facon tions garantissant — |’usage que ce soit d’opprimer une du francais et les écoles langue ou de la placer confessionnelles subven- dans une position inférieure tionnées par I’Etat. par rapport a une autre: La campagne de McCar- toute tentative en ce sens thy a aussi conduit a I’a- serait vouée a I’échec, et doption d’une loi qui pré- méme si c’était possible, Para I’élimination du statut cela serait insensé et mes- !égal du francais dans les quin. L’argument si souvent Territoires du Nord-Ouest. invoqué que ce pays a été Ainsi, moins de 25 ans a- conquis est parfaitement Prés !a Confédération, I’u- sans valeur. Peu importe sage du francais était pres- qu'il. ait été conquis ou que complétement banni cédé; en vertu de la cons- dans_ l’Quest. Les Cana- titution, tous les sujets bri- diens de langue francaise qui tanniques sont égaux,.et~ étaient _entrés.. .dans la jouissent des mémes droits. cOnfédération ‘parce — quiils , croyaient au principe de 1é- en tant que personne et en : : i : matiére ae hate de reli-’ galité dont Macdonald avait ques et compromis leurs es- poirs. La dépression était a peine terminée qu’éclatait la deuxiéme guerfe mondiale. La blessure de la conscrip- tion, sur le point de se ci- catriser, s‘ouvrit 4 nouveau. Avec cette guerre, le Cana- da est devenu une des gran- des nations industrialisées du monde, La mise en va- leur intensive de ses ressour- Mécontents de leur si- tuation, impatients de la changer, les Canadiens de langue frangaise procéde- rent a une transformation radicale-du Québec au dé- but des années 60; et cela, presque a l’insu des anglo- phones qui continuaient d’afficher la méme ignoran- ce ou la méme indifférence a leur égard. Ces change- ments .ont surtout eu lieu ces a nécessité d’importants dans le secteur de |’éduca- investissements directs des tion qui fut laicisé pres- grandes entreprises améri- que du jour au lendemain. Caines qui ont ainsi acquis : le contréle d’une part im- L’Eglise institutionnelle a portante de son économie. cessé d’exercer. une influen- Ges investissements ont ce-.ce . prépondérante auprés ‘pendant fait. prospérer le d’une large fraction de la Canada et, malgré certaines population québécoise. “zones de pauvreté, les Cana- : a glophone. té de tous, exprimée par les députés représentant toutes Au cours des quelques an- les régions du pays, de pren- nées qui nous séparent dela dre des initiatives et d’ap- Confédération, le caractére porter les correctifs qui essentiellement dualiste du s‘imposent pour donner aux Canada a donc évolué vers Canadiens francophones la un pluralisme de styles de possibilité de participer plei- vie et d’idéologies. Les Ca- nement a la. vie du pays nadiens de |’OQuest notam- dont ils sont les co-fonda- ment concoivent le Canada teurs. Ils prouvent égale- comme un pays anglophone ment la souplesse d‘adap- aux groupes culturels mul- tation. de nos institutions tiples. Ils comprennent plus politiques et de |‘appareil gion, de propriété. Il n’exis- te par de peuple supérieur dans ce pays; il n’existe pas de peuple conquis dans ce pays. Tous, nous som- mes sujets britanniques et ceux qui ne sont pas Anglais. parlé avec tant d’éloquence, en ont ressenti beaucoup d‘amertume et de crainte et méme une impression de trahison. Conséquence. di- recte, on oublia |’apport _culturel des. francophones «4 o n’en sont pas moins’ sujets- #¢° “Manitoba,” en Saskas:’ -thewan et en. Alberta. et 4 tout leur travail de défri- chage et de colonisation. britanniques. : La Confédération a tir les nouveaux Canadiens de ‘impasse politique et de la confusion et leur a per- La guerre des Boers qui mis de s‘occuper des ques- cuiyit ces événements trou- tions économiques, notam- plants pour les Canadiens de diens ont atteint alors un des plus hauts niveaux de vie au monde. Le jeu des forces 6économi- ques a eu pour effet de con- férer aux Canadiens anglo- ‘phones un. réle de premier ‘plan et de faire oublier peu a peu la dualité du Canada. Vivant dans une société do- minée par des institutions politiques et religieuses dont ‘idéal était plus la survie que la participation active aux grandes transformations Il devenait de plus en plus évident que certains chefs de file de la majo- rité francophone du Qué- bec- allaient faire du chan- gement le théme principal de leurs. campagnes électo- rales, Se refusant a voir le Québec comme une pro vince exclusivement agrico- le et chargée d’une mission providentielle, ils croyaient fermement que les Cana- diens de langue frangaise pouvaient et devaient accé- ment celles reliées aux trans- {angue francaise éveilla,chez gy monde, les Canadiens der a la modernité. Cette des intentions des artisans . ferveur ..patriotique.envers de la Confédération, - un” {‘Empire ” britarinique:. “Les nouveau climat d’intoléran- Canadiens —_ francophones ce n’a pas tardé 4 apparai- qui, naturellement, ne parta- tre au Canada. geaient pas ces sentiments, craignaient d’avoir a s’enga- ger dans des guerres a leurs Cette intolérance s’est d’a- yeux plus favorables a la bord manifestée au Nou- Grande-Bretagne qu’au Ca- veau-Brunswick par l’adop- nada. Cette ferveur impéria- tion, en 1877, d’une loi. liste -a existé en ‘Grande- limitant les droits aén- Bretagne et‘dans tout {’Em- © seignement _confessionnel. pire jusqu’au*début du XXe Mais des événements plus -siécle. En 1914 6clata la tragiques se dessinaient dans premfére guerre mondiale et les Territoires du Nord- la Grande-Bretagne s‘y enga- Quest. Les craintes des Mé- gea tout comme ses colo- tis d’expression frangaise nies d’outre-mer . devant l’arrivée massive de —_L’inquiétude mélée d‘im- colons principalement an- patience des Canadiens fran- glophones ont conduit a la cophones a I’égard de ces rébellion de 1885 dans le guerres d’origine européen- Nord-Ouest et a la pendai- ne et du réle que le Canada son de Louis Riel. Ces faits y jouait atteignit son pa- choquérent profondément roxysme au»moment de la les Canadiens de langue crise de la conscription de francaise et contribuérent 4 1917. Cette crise fut avi- raviver un conflit que. la vée par I'élimination des Confédération devait résou- . écoles bilingues au Manito- dre. _-ba en 1916 et par l’adop- tion, en Ontario, du régle- : nt 17 qui limitait consi- Ce nouveau conflit por- ment 17 qui limitait consi for! *courants “detévolution du’ veau climat*de dynamisme Canada. Les Canadiens anglophones, qui __travail- laient directement au pro- grés économique du pays et se préoccupaient de son rdéle international, ont été trés réceptifs aux courants nouveaux du monde occi- dental. —. ; Il ‘ressort de cette bréve rétrospective des rapports -entretenus par les partenai- res de -la Confédération, que les Canadiens de langue francaise, menacés d’assimi- lation du fait de leur situa- tion géographique et démo- ‘graphique, n‘avaient aucune assurance d’étre traités sur un pied d’égalité. Ayant le sentiment d’avoir été trahis et ressentant une profonde insécurité collective, — ils sont de plus en plus nom- breux a manifester leur ir- ritation et leur impatience. ll ne faut pas oublier non plus que certains canadiens de langue anglaise ont mon- tré une ignorance presque et de progrés dans la société québécoise. Les chefs de file dénongaient en méme temps la concentration du pouvoir économique entre les mains des Canadiens de langue an- glaise, notamment au Qué- bec. Parallélement a ces chan- gements, une transforma- tion moins perceptible peut- étre, mais aussi importante, était en cours dans le res- te du Canada. Jusqu’a la deuxiéme guerre mondiale, les “Anglais” avaient sur- tout été influencés par la pensée et le style de vie des Britanniques. Le Cana- da faisait partie de |’Empi- re Britannique et de nom- breux Canadiens de lan- gue anglaise attachaient beaucoup d’importance au sort: de l’Empire et dela “mére-patrie”, “A compter du. début du XXe siécle, le Canada a recu un nombre croissant d'im- ports et. 2 l’expansion vers . | Ganadiens anaioph. Ones, franco 6té tenus nouvelle’ attitude a haté Ouest: Mais, se EN That be mat Ap i, Bd a a! lee on d'un nou- tait sur les droits des mino- rités francophones et catho- liques du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest. L’Ontarien D’Alton McCar- thy, croyant que la nation canadienne ‘serait minée par la cohabitation de deux fan- gues et de deux cultures, prit la téte d’un mouve- dérablement l’usage du fran- ¢ais dans les écoles publi- ques. Les Canadiens de lan- gue francaise se deman- daient pourquoi ils combat- traient aux cdétés. de ceux qui ne leur reconnaissaient pas des droits égaux dans leur propre pays, Dés lors, les Canadiens ment d’abolition de la lan- ge langue francaise se re- gue francaise hors du Qué- pijarent de plus en plus bec. Le Manitoba a été sur eux-mémes. Les- dures la premiére province a légi- années de la dépression ont férer en ce sens. Les immi- semblé les isoler davantage grants établis au Manitoba dans un pays ou la privation depuis sa création, en 1890, et ‘la misére ont gaché la étaient en majorité de lan- vie de bien des canadiens gue anglaise. Influencé par des deux groupes linguisti- totale ou peut-étre simple-- migrants d’origines culturel- ment de |’indifférence a|’é- les diverses, venant d’Euro-- gard de leurs compatriotes pe, et d’Extréme-Orient. Ces francophones. En effet, la immigrants se sont surtout société francophone leur ap- établis dans l’Ouest. Le Parassait rigide, fermée et nombre des Néo-Canadiens indifférente ,au progrés du devait s’accroftre sensible- pays, ou tout simplement ment au cours des années incapable d’y prendre part. 50, avec l’arrivée des forts Les Canadiens anglophones contigents. _d‘immigrants s‘habituérent. donc a domi: dans les principales agglomé- ner la vie 6conomique pres- rations. Ils ont adopté la ‘que sans concurrence. Ils langue anglaise et sont deve- en sont venus a croire que nus de loyaux sujets de leurs compatriotes de lan- Sa majesté la reine du Cana- gue frangaise s’en désinté- da; néanmoins, leurs styles ressaient. A leurs yeux, les de vie reflétent souvent da- francophones formaient une vantage leurs cultures d‘ori- société rurale dominée par gine que celles des collecti- l’Eglise. -vités - francophone © et ~ an- facilement la diversité cultu- relle du pays que sa dualité linguistique qui, pourtant, remonte a l’origine méme du Canada. Depuis la deuxiéme guerre mondiale, de nombreux et importants développements, surtout dans le domaine cul- turel, ont favorisé l’affirma- tion de la collectivité fran- cophone. L’apparition de la télévision dans les années 50 a éiargi le rdle de fa Société Radio-Canada, créée en 1936 par le gouverne- ment fédéral. Les réseaux francais de radio et de télévision, qui s’étendent actuellement d’un océan a l’autre, ont grandement favorisé le remarquable es- sor de la collectivité fran- cophone. ‘La Commission royale sur les Arts, les Lettres et les Sciences au Canada, créée en 1949, a souligné l’impor- tance d‘assurer l’essor de la culture de la collectivité francophone. La Commis- sion royale sur le bilinguis- me et le biculturalisme, constituée en 1963, a été chargée de faire le point sur la situation de l’anglais et du francais et des rap- ports existant entre les deux groupes linguistiques. Elle devait en outre recom- mander des mesures favora- bles au développement des deux collectivités en égard a la diversité culturelle du Canada et dans le respect du principe de |’égalité. La Loi sur les langues offi- cielles de 1969 et les pro- grammes des langues offi- cielles mis en oeuvre dans les institutions du gouver- nement fédéral ont donné corps a bien des recomman- dations de cette Commis- sion. Ces mesures ont trans- formé la fonction publique fédérale qui, en moins de dix ans, a perdu son mono- lithisme anglophone au pro- fit du frangais: aujourd‘hui, elle est en mesure de servir tous les Canadiens dans la langue officielle de leur choix. D’autres organismes fédé- raux, tels que I'Office natio- nal du film , la Société de développement de I‘indus- trie - cinématographique canadienne, le Conseil des Arts et le Conseil de la ra- diotélévision et des teélé- communications canadien- nes ont aussi beaucoup contribué a |’affirmation de la collectivité francophone. Als: témoignent de la volon- d’Etat. Le Canada est né des aspirations et des efforts inlassables de générations d‘hommes et de femmes qui, depuis 1759, ont voulu concilier leurs —profondes différences culturelles, lin- guistiques et religieuses. Tout d’abord contraints de partager des frontiéres com- munes,deux peuples ont cherché a cohabiter dans la Paix,le respect mutuel et la sécurité. L‘héritage qu’ils nous ont légué est une liberté _individuelle sans pareil dans le monde. Cette exceptionnelle liber- té a été rendu possible grace aux institutions par- tagées ou communes mises en place par les Canadiens de langue frangaise et leurs compatriotes anglophones. Si elles se sont inspirées a lorigine d'institutions 6- trangéres, elles n’en sont pas moins canadiennes. : Malgré les oppositions fa- rouches et les forces centri- fuges qui existent dans tout pays ow doivent cohabiter deux groupes linguistiques importants et de nombreux groupes culturels, ces insti- tutions sont l’oeuvre de Canadiens francophones et de Canadiens anglophones, tous animés de bonne vo- lonté et d’esprit de tolé- rance. Ces Canadiens cro- yaient que la collaboration dans le respect mutuel et la bonne foi déboucheraient sur la création d’un pays plus fort que chacune de ses composantes, parce qu'il saurait vaincre les divisions; la liberté est plus puissan- te que les diverge.ces d’or- dre culturel, religieux et linguistique. Pierre de touche de la vie canadienne, la diversité est inhérente a la réalité physique du pays. Elle a marqué la vie de ceux qui l‘ont habité depuis les temps les plus reculés; les autoch- tones qui l’ont parcouru les premiers formaient diverses tribus. avec chacune leur langue, leur style de vie et leur mode de pensée. Lors du débat entourant la Confédération, Sir Georges- Etienne Cartier a exprimé cette réalité en ces termes: Notre fédération se compo- se de catholiques et de pro- testants, d’Anglais, de Fran- cais, d’Irlandais et d’Ecos- sais, et les efforts et les réussites de chacun ren- dront la nouvelle confé- 4 (4 suivre en page 8) « a = 4 ; 4 re See | Saka ks a Die BT ND Vat SYR Eg See cae TD Gap ck We - x