16 - YS Soleil de Colombte, vendredi 23 octobre 1987 a — _ TOURISME Effleurez la Par Patrice Romedenne A une vingtaine de kilométres de Victoria, dans un douillet écrin de verdure, sommeille un tapis fleuri de cinquante hectares : les Butchart Gardens. Pour vous y rendre, vous serpenterez une petite demi- heure, en voiture, a travers les bois, dans un paysage qui rappelle les Landes. et em at L’histoire commence en 1904. Sur leur propriété de cent-trente hectares, M. et Mme Butchart s'adonnent a leur passe-temps Vhorticulture. Lui est directeur de la favori pionnier, nature manufacture de ciment de Portland. Une fleur, deux fleurs, trois fleurs... mille fleurs, des millions de fleurs : voila ce que peuvent visiter familles ou amoureux en quéte de pétales... Mme Butchart y a mis tout son coeur, tout son amour, toute sa sensibilité, tout son savoir-faire. Au fil des ans, le jardin s’est développé, agrandi. La passion initiale s’est muée en industrie. Depuis, des centaines de milliers de visiteurs découvrent ce spectacle féérique. Il réveille en sursaut le fond une tartinet bucolique qui sommeille en chacun d’entre nous. Comment vous dire... Il y a 1a des parterres entiers de fleurs soigneusement entretenus_ et savamment disposés. Ici, les bouquets se succédent, hautaine- ment dominés par d’immenses feuillages majestueusement em- mélés dans un cocktail de couleurs. Vert, marron, ocre, jaune, kaki... les premiéres heures de l’automne canadien semblent fatiguer la verdure mais n’ajoutent que grandeur a ce décor somptueux. La, une timide lumiére perce le feuillage dense et illumine la splendeur florale, tapie dans un désordre rangé. Plus loin, pénétrez dans le dédale du jardin japonais, a droite de la statue en bronze de Mercure, vestige de lart florentin. Cet espace est au jardinage ce que le naif est 4 la peinture : le détail, érigé en principe, imprégne sa marque. Il somnole, sous vos yeux attendris, a lombre de la verdure. A ses cétés, les jets d’eaux s’intercalent entre les jeux d’eau, encadrés par la rondeur réche de_bonsais adultes. Promenez-vous... Laissez votre regard se perdre a l’horizon des immenses pelouses, abandonnez votre ouie retrouvée au chant des oiseaux et au clapotis des ruisseaux. Déambulez a travers le jardin de la rose, le jardin italien, jen passe et des plus exquis... Parcourez-les tous avant de signer le livre des visiteurs qui vous attend 4 la sortie. Ivre, les yeux pensivement levés au ciel, vous chercherez dix bonnes minutes l’adjectif qui manque a votre commentaire. I] ne viendra pas. Et vous sortirez, presque décu de ne pas avoir su qualifier le bonheur des yeux que vous venez de vivre. Il y a un épilogueparadoxal a cette promenade inouie : pour 6,25$, vous aurez des milliers de fleurs a l’oeil. — INFO... Et vogue le plaisir Bonjour Fellini Par Roger Dufrane Fellini, Federico de son prénom, italien, metteur en scéne d’envergure mondiale. Qu’on se rappelle la Strada, drame puissant, son terrible -saltinbanque (Anthony Quinn) et la pauvre mascotte, aux cheveux frisés, sa victime. Or, Fellini désigne l’enseigne d’un café a la lisiére de l’université. Encastré entre quelques bouti- ques, il me rappelle, avec son mobilier de bois les cabarets villageois de Picardie et méme de l'lle-de-France. Je retourne y réver de temps en temps. J’y suis allé un soir d’octobre. La belle saison perdurait. La nuit était bleue. Un croissant de lune se balangait. Je fredonnais la chanson d'Yves Montand: Une demoztselle sur une balangoise, se balangait a la féte un dimanche, elle était belle et l’on pouvait voir, ses gambes blanches sous son jupon noir. En deux temps trois mouve- ments nous voici chez Fellini. Décor sobre, mi-naturel, mi- artificiel; dallage noir et blanc, non pas de céramique, mais de linoleum, abat-jour en demi- sphére, a la fois colorés et tamisés, 4 la mode de 1930. Quelques jeunes gens et jeunes filles se murmurent Dieu sait quoi. Comme tous les étudiants, et selon les heures, ils passent de la réflexion studieuse a l’insou- ciante jeunesse. On voit des blue jeans et des blousons, ici et 1a quelques blazers en cravate, des tweeds a l’anglaise, aux coudes rapiécés de cuir,-tenue 4 la fois cocasse et britannique. Des ingénieurs 4 vareuse rouge et révolutionnaire. Quelques filles, sportives, aux allures de garcons : «What are you guys doing?» Les «gaillards», ce sont les ingénieurs. Ils aiment beugler en groupe leur cri de guerre. Dans les années cinquante ils faisaient la chasse aux novices. Ils les jetaient dans la piscine, vis-a-vis de la bibliothéque, une sorte de baptéme. C’était l’automne, les feuilles rousses tombaient. Au fond, le jardin japonais se mettait en harmonie. Des amoureux flanaient sur le pont courbe, se penchaient sur les nénuphars. Ils tournaient, intrigués, autour du pavillon. On entendait au loin ‘quelques énerguménes . Le soleil palissait. C’était le jour de Lady Godiva. Lady Godiva vivait au XI@me siécle. Pitoyable aux bonnes gens elle intercéda auprés de son seigneur et maitre pour obtenir des impéts moins lourds. Le comte de Coventry, brutal et tortueux, promit. Mais la comtesse devait passer nue, sur un roncin, par les rues étroites de la cité. Par décence pour leur dame, les bourgeois, tous volets clos, se cloitrérent dans leurs maisons. Or, un petit ramoneur risque un oeil par les persiennes, et il en perdit la vue. Le jour de Lady Godiva, des centaines de peeping Toms cavalent derriére une femme nue 4 cheval, dans les allées du campus. Mais les ingénieurs n’en perdent pas la vue : ils se rincent l’oeil. De tels gaillards n’ont pas froid aux yeux. Alors que je réve 4 Lady Godiva la porte s’ouvre sur la nuit. Un personnage s’ébroue dans le vent, jette sa besace par terre et s'installe a-une des tables de Fellini. Il porte une escarcelle et un costume rayé de couleurs vives. De longs cheveux blonds, la barbe courte, je pense 4 un ménestrel comme on en voit dans les miniatures des moines de Canterbury. I] sort tout droit d’un autre monde, sans doute celui de Lady Godiva. Il commande un expresso, et un de ces petits gateaux de son qu’on appelle des muffins. Sortant de ses réveries, il jette quelques pistoles sur la table de bois, et disparait dans la nuit comme il était venu. Nous partons a notre tour. Alors que la voiture démarre, je contemple le croissant de lune dans la nuit bleue. Aussi doré que tout a l’heure, il semble se balancer dans une féte foraine de ma ‘Les cartes de » |’ UNICEF sont réputées pour leur beauté et les projects de développement qu’elles permettent de financer. Joignez-vous 4 moi et aidez |’ UNICEF en envoyant des cartes de voeux de l’ UNICEF cette année.” - Harry Belafonte, Ambassadeur de Bonne Entente de |’ UNICEF unicef ¢=) Pour passer commande ou obtenir des renseignements, contactez: UNICEF Canada 443 Mt. Pleasant Rd. Toronto, Ont. M4S 2L8 Téléphone (416) 482-4444 OU appelez sans frais au 1-800-268-6364 (Téléphoniste 509) EB eee Public Works Canada Appel de soumissions pour Victoria, C.B. Travaux publics Canada Travaux publics Canada recherche les propositions de romoteurs pour la location-bail 4 long terme, ou la vente de *immeuble Malahat sis face 4 la mer au 1002 rue Wharf, Victoria, C.B. Les propositions doivent étre remises le 27 novembre a4 14 heures (2 p.m. PST) au plus tard. Les trousses d'information peuvent étre retirées a: TRAVAUX PUBLICS CANADA Travaux publics Canada . se réserve le droit d’accepter fupels.d peaeny ceaurets ou de refuser toute offre. Vancouver, C.B. V6E 3W5 Canada lointaines étoiles : Une demoisel- le sur une obalangoire, se balangait a la féte un dimanche, elle était belle et l’on pouvait voir, ses jambes blanches sous. son jupon nozr.