6— Le Seledl de Colombie, vendredi 10 janvier 1986
‘Unchefd’ oeuvre di Radio-Canada

L’assassinat du pére Noél

Par Roger Dufrane

Titre explosif que celui de ce roman
de 1937, adapté au cinéma en 1941,
retransmis 4 Radio-Canada le 25
décembre dernier.

Pourquoi Radio-Canada Goame<ai
parfois em épingle, a son “Ciné
Club”, des oeuvres sans grande
valeur, telle la comédie musicale
américaine “Top Hat” (1935; re-
donnée le 29 décembre) et relégue-t-
il a son “cinéma” de |’aprés-midi,
écourtés de réclames parfois d’un
gout douteux, des oeuvres mattresses.
Influences américaines? Raisons fi-
nanciéres? Le spectateur ingénu ne
comprend pas. Il espére toujours. Il
croit encore au Pére Noél! Pierre
Véry, le romancier, fait figure d'un
Simenon poéte; Christian-Jaque, le
réalisateur du film, d’un Henri
Georges Clouzot poéte. Pour l'un,
l'imagination, pour l'autre l’enchan-
tement des images, avec, en sour-
dine, les airs populaires et les Noéls.
d’antan. Tous deux ont brodé sur les
thémes de Cendrillon et de la
Belle-au-Bois des histoires qui s’en-
mélent, se démélent, et en ressortent
différentes.

Pour donner plus de relief aux
personnages essentiels, le film néglige
quelquescaractéres farfelus, le Mar-
quis de Santa Claus, ou de Santa-
Cruz, noble Portugais au nez de

fouine. Et Prosper, Lepicq, avocat,
sans causes, aux dossiers gonflés de.
pages blanches, de quoi en mettre

plein la vue. 1941! C'est vieux! c’était

la guerre! Et alors! Il s’agit d'un

classique: les classiques ne vieillissent

pas. Paris occupé, le rationnement,

l’angoisse? Mais la vie continue, et les

arts. Le soleil brille, les saisons se

suivent. On rit parfois entre les

larmes. Et surtout on se rit de

occupant. Il est sorti plus de chef-

d'oeuvres du cinéma, a Paris, de 1940

a 1944 qu’aux Etats-Unis, en Alle-

magne, et en Italie.

Inquiétant

Pour Pierre Véry et Christian-Jaque
le roman policier est la clé qui ouvre’
toute grande la grille du Pays des
Merveilles. Qu'il  s’agisse de
Catherine Arnaud, nouvelle Cen-.
drillon, aux yeux bleus, aux cheveux
de fumée ou du Baron de la Faille,
qui aime la jeune fille, inquiétant et’
séduisant a la fois, ou des gamins,
espiégles, innocents, ou du Pére
Noél, le Pére Cornusse a laihottevide
et qui a bu en chemin trop de
liqueurs, tous sont porteurs d’un
grain de folie.

On vole une relique, un bras d’or
devenu, dans le film, un anneau de
diamant. Les sonneries de cloche!

FORMATION
CONSULTATION

Votre voie
vers la réussite
en affaires

pour la messe de minuit. Des enfants

chantent!

Il était trois petits enfants qui s’en:
allaient glaner aux champs.. Passe la:
Mére Michel, de noir vétue: C'est la’
Mére Michel qui a perdu son chat,'
qui crie par la fenétre a qui le lui:
rendra. Le cinéma francais de
l’Occupation devait se réfugier dans
l'imaginaire. Or ]'intelligentsia fran-
caise, la plus fine du monde, se jouait
des contraintes. Dans les visiteurs du
soir, Jules Berry, satan médiéval,
joue avec les flammes comme Hitler
avec le feu.

Les metteurs en scéne préchent
pour leur chapelle. On peut, réfuter
René Clément qui a propos du
cinéma francais de 1940 a 1944 parle
de fenétres fermées. Ou Roberto
Rossellini qui proclame: “cinéma
Guindé; décors artificiels. Dans
I’'Italie mussolinienne peut-étre, mais
pas a Paris ni dans le Midi. Le cinéma
francais des années de guerre? Une
nuit semée d’étoiles. Des décors
artificiels? Allons donc! Les Visiteurs
du soir sont filmés en Provence dans
un vrai chateau de pierre,|’Assassinat
du Pére Noél, dans un village de
Savoie, le Corbeau dans les rues de
Montfort-l’Amaury.

Charmante Cendrillon (Renée
Faure) quelque peuperverseJe baron’
* (Bernard Lancret) Admirables d’in-
nocence effrontée, les garnements! Et
Harry Baur, le pére Cornusse, le Pére
Noél, qu'il est émouvant et pitto-
resque en sa forte stature et sa longue
houppelande! II faut parler de lui. Sa
fin fut longtemps mystérieuse. Com-
me d'autres comédiens francais il

‘avait en Allemagne, dés avant le

nazisme, des amis. Fin 1940, il se
pavane dans les salons huppés de
Berlin. Il tient le réle principal dans
un film allemand sur la vie de‘
Beethoven. Un jour, le Docteur

Goebbe: apprend que Harry Baur

it ge nangue le regime, ‘On | Po

cherche-Midi, a Paris, la Ghtapo le
torture. Ramené in-extremis chez
lui, il s’éteint le 8 avril 1948. Une
foule innombrable a assisté a ses
obséques. La France perdait un
acteur de génie, un monstre sacré du
cinéma.

Voyez-vous trotter dans la neige le
pére Noél? Il porte un globe terrestre
peint par lui-méme, oi I’on voit la
Chine, avec le fleuve Bleu et le fleuve
Amour. I] entre dans un chateau. Il
donne la boule a une enfant. Des
\gamins s'assemblent autour de lui, et
il leur raconte la plus belle histoire du
monde, celle d’une “certaine prin-
cesse trés belle qui dormait dans son
petit fauteuil....” Elle révait du
Prince Charmant qui devait venir un
jour la réveiller en lui apportant le
bonheur...

Les hommes en rouge

Par Alexandre Spagnolo

Si, Jacques Lavoie, attaché a la
Gendarmerie Royale du Canada,
Section de la Prévention du crime, a
remercié l’équipe du “Soleil de
Colombie” pour l'aide apportée a la
publication de ses chroniques heb-
domadaires: nous, lecteurs avons le
devoir de le |féliciter pour ses articles
qui mettent en lumiére tous les
aspects des faits délictueux, la
délinquance sur le plan social, les
crimes qui constituent malheureuse-
ment le fléau de notre société
moderne, trés souvent au prix
d'innocentes vies humaines.

Ses chroniques mettent en garde le
grand public et le prévient a quoi il
s’expose: de ce fait, il l’instruit en
étalant un vaste échantillonnage des
méfaits et délits possibles.

Nous félicitons le gendarme
Jacques Lavoie de son heureuse ini-
tiative, qui, ayant germé dans son
esprit, l’'a soumise a ses chefs de
Vancouver, qui n’ont pu que le
conseiller de s'adresser 4 Ottawa. La
réponse a été encourageante, allant
méme a publier ses chroniques, sans
avoir recours a un contréle préalable
de ses textes, qui ont nécessité un long
travail de traduction de l'anglais au
francais.

Origine

Connait-on bien la structure et
Vorigine:- de cette organisation qui
veille jour et nuit sur la population et
ses biens? Peu ou prou. Le Canada,

alors peu peuple, les villes de l'Est —

avaient leurs petites organisations
policiéres de fortune, les habitants
peu protégés. Montréal, au XVIIe
siécle, les juges de paix, les huissiers,
les shérifs assumaient l’ordre tant
bien que mal. C’est en 1878, qu'une
force de police fédérale fut formée
eee le nom de North-West Mounted

afin de maintenir l’ordre dans

ere régions ons de odest cbaaiccr eres”

Territoires du nord, surtout depuis
les rébellions de Louis Riel. Lepréfixe
de “Royal” ne fut donné qu’en 1904.
En 1920, cette force absorba une
Dominion Police, transférant son
quartier général de Régina (Sas-
katchewan) a la capitale fédérale
d’Ottawa, et le nom devint Royal
Canadian Mounted Police
(R.C.M.P.), avec comme devise, en
anglais “Upheld the right”, en
francais “Maintiens le droit”.
LaR.C.M.P. dépend du Solliciteur

général du Canada, qui, depuis

1966, a le rang de Ministre du
cabinet; le service pénitentiaire du
Canada en dépend également, com-
me aussi, il rapporte au Parlement
Fédéral, les décisions prises par le
Comité National des Libérations sur
parole, tant controversé. Un Com-

missaire, qui a le rang de sous-
ministre avec son statut, dirige la
ROMP Ce n'est qu’a partir de 1970,
que le nom de Gendarmerie Royale
du Canada (G.R.C.) est entré en
usage.

Toutes les provinces du Canada, a
‘l'exception de l’Ontario et du Québec
- qui ont leurs propres forces poli-
ciéres provinciales - sont en contact
constant aveclaG.R.C. Ottawa, afin
de faire appliquer le Code Criminel
du Canada et les lois provinciales sous
la direction des Procureurs Généraux
respectifs. En plus, ces forces poli-
ciéres fournissent leur collaboration
a 161 municipalités des huit pro-
vinces, mais se réservent exclusive-
ment leurs actions au Yukon et
Territoires du nord-ouest.

En dehors du Quartier Général et
du Bureau du Commissaire Général,
qui se trouvent 4 Ottawa, douze’
divisions opérationnelles existent
dans l’étendue du pays.

Sécurité

Un département de la G.R.C.
appelé “Security Service” a été établi
afin de maintenir et opérer des
services de renseignements de sécuri-
té qui peuvent étre requis. Antérieu-
rement, le nom était: Direction de la
sireté, jusqu’en juin 1971. Il est
concerné par la défense du Canada
contre l’espionnage, la conspiration
clandestine, les mouvements sub-
versifs et toutes autres activités
illégales dans leurs divers contextes,
se chargeant aussi de procéder a des
enquétes ou contre-enquétes.

La réputation de cette Police est si
considérable, qu’on dit couramment
qu'elle tient toujours son homme...
oui, mais, quand il passe devant
les tribunaux, avec les avocats de la
défense, les psychiatres, les faux
témoins, etc.. bref, ceci est une autre
histoire.

Nous avons relevé, d’un magistral

ouvrage de - John-Robert_ ‘Colombo,

un ancien de |’Université de Toronto,
intitulé “Colombo’s Canadian Refe-
rences” Edition Oxford University
Press (1976) un entrefilet portant le
titre de Red Serge, une référence aux
jaquettes des membres de la
R.C.M.P. - G.R.C. faites d’un tissu
rouge épais, dérivant du sergé en
laine Red Serge est aussi le titre d’une
série de contes concernant la G.R.C.
de l’auteur Harwood Steele, que nous
‘avons pu voir sur le petit écran, il y a,
deux semaines. Egalement, une
histoire de Vernon Kemp, avec le
titre de Scarlet and Stetson, une
référence sur la jaquette rouge
(ci-haut citée) et le couvre-chef a
bord large qui caractérisent l’uni-
forme des membres de la G.R.C. qui
ébouit les spectateurs lors des pa-

rades.

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