8 Le Soleil de Colombie-Britannique, vendredi 9 mai 1997 Les Ils ont fait la une Enfin Indépendants Cest grace a la persistance de notre Premier ministre Pierre Trudeau, qui malgré toutes les embiiches, qui depuis 1927, ont fait échouer tous ses prédecesseurs que, samedi dernier 17 avril, 4 8h45, heure du Pacifique, la Reine Elizabeth II, reine des Iles Britanniques et du Canada, apposait sa signature «Elizabeth R» 4 la nouvelle Constitution, mettant ainsi fin 4 115 ans de colonialisme. Dorénavant le Canada, n’aura plus besoin d’aller quémander, auprés du Parlement du Royaume Uni, lautorisation de faire des changements a l’Acte de Amérique du Nord de 1867, qui depuis cette date nous sert de Constitution. Précédent, sur la colline parlementaire, le discours de la Reine, notre Premier ministre Pierre Trudeau a déclaré qu’enfin le Canada accédait 4 sa compléte souveraineté; soulignant qu’il regrettait l’ab- sence du Québec, il a rappelé qu’au cours du récent référendum, la majorité des Québécois devait opter pour le fédéralisme, mais comme toujours, la majorité reste silencieuse, alors que l’opposition est vociférante. Il a ajouté que cette cérémonie n’était pas la fin mais le commencement d’une nouvelle ére pour le Canada. La Reine, 4 son tour, a déploré l’'absence du Québec. Parlant en francais, elle a souligné que sans l’apport des Canadiens Frangais, le Canada n’existerait pas. Elle s’est dit heureuse de voir que notre nou- velle Constitution donnait un droit d’égalité aux femmes, qu'elle pro- tégeait les handicapés et respectait le droit des aborigénes. Pendant qu’a Ottawa, on célébrait la signature de la Constitution, par la reine Elizabeth, 4 Montréal René Lévesque, chef du PQ et pre- mier ministre du Québec, prenait part a une démonstration s’op- posant au rapatriement de la Constitution. Lopposition du Parti Québécois et de son chef M. René Lévesque, était 4 prévoir. M. René Lévesque ne pouvait participer aux fétes d’Ottawa sans risquer de se faire traiter de «Judas» a la cause péquiste, qui ne réve que de la création d’un état indépendant du Québec. Par contre, dans la ville de Québec, un groupe de personnes avec I’ex- ministre libéral Claude Castonguay, fétait la signature de notre Constitution. Chinois, langue officielle ? Le chinois vient-il de remplacer le francais comme langue officielle au Canada? C'est la question que je me suis posé lorsque je suis allé au bureau de poste «B», situé au 295, East Hastings 4 Vancouver. Deux panneaux sont placés sur le comptoir: «Next wicket, please», la traduction francaise a été recouverte par deux morceaux de carton qui offrent la traduction en chinois! Evidemment, ce quartier com- prend une large partie de la communauté d’origine chinoise de Vancouver... mais ce n’est pas une trés bonne raison. Les services postaux doivent, d’aprés la loi €tre offerts dans les deux langues offi- cielles du Canada et tous les panneaux et brochures doivent étre rédigés en anglais et en francais. Voila un cas supplémentaire pour M. Maurice Gauthier et Mme Gilberte Proteau du Bureau du Commissaire aux langues officielles, a Saint-Boniface, qui sont chargés des quatre provinces de l’Ouest. Jean-Claude Arluison Anne-Hébert inaugurce A n n Victoires francophones Trop souvent, la “Une” des journaux ne relate que crimes et catastrophes. En voici une ot ne figurent que de bonnes nouvelles (a l'exception de la hausse des tarifs postaux) et toutes concernent la francophonie. Dans le domaine de I’éducation, un grand pas a été fait le 23 février. Lors de leur réunion 4 Montréal, les premiers ministres du Canada ont établi les principes des droits linguistiques des minorités. Le communiqué final de cette conférence définissait le principe suivant: Chaque enfant des minorités anglophone ou francophone a droit 4 une éducation dans sa langue dans les écoles primaires ou secondaires, dans chaque province, partout ot les effectifs le permettront.” Mercredi, le 23 janvier: lére péri- ode, mathématiques - 2éme période, sciences humaines - 3éme période, francais, travail sur “Les 4 saisons” de Piquot. Quoi de plus banal que ces quelques mots jetés sur un tableau noir Et pourtant...pourtant, quand je vous aurai dit qu'il s’agit 14 d’une classe en langue frangaise, vous aurez compris que je veux parler du programme- cadre. Et pour ne tien vous cacher, cette classe est celle de Mme Lacasse, a Pécole élémentaire Jamieson de Vancouver. Lorsque je suis arrivé dans la classe, les éléves suivaient un cours de mathé- matiques; il était question de la “com- mutativité”. Vous savez ce qu’est la commuta- tivité ? Non, moi non plus. Tout ce que jai retenu c’est qu’elle est différente de Passociativité. Plus précisément, certains éléves travaillaient sur ces propriétés pendant que d’autres s’initiaient aux additions, soustractions, multiplications et divi- sions. En fait, la classe de Mme Lacasse UNE CLASSE PAS COMME LES AUTRES comprend plusieurs niveaux: les 4éme, 5éme, 6éme et 7éme, soit quatre pro- grammes différents pour 14 éléves. Mais comme elle le dit elle-méme: “Je n’ai pas trop de problémes car ces éléves ont une bonne compréhension de la langue frangaise’”’.Malheureuse- ment, ce n’est pas toujours le cas. Toujours selon Mme Lacasse, “cette classe serait en un sens plutét privilégiée.” D’aprés les directives du Ministére de !Education il est textuellement mentionné que “le programme a été congu pour les enfants des parents francophones qui ont une compréhen- sion suffisante du francais pour étre éduqués dans cette langue.’”Mais de la théorie 4 la pratique, la marge est grande !” Pour les éléves de Mme Lacasse, la question ne se pose pas; tous parlent le francais, méme si parfois il faut recourir au dictionnaire bilingue pour un mot ou deux. C’est d’autant plus difficile pour certains que l’année derniére, leurs cours se faisaient en anglais.I] a donc fallu s’adapter 4 une autre forme d’éducation et méme rem- es suites dun cance a Vage de 74 an placer le francais phonétique qu’ils avaient appris dans les autres écoles, par le francais du dictionnaire. “Au début, se rappelle Mme Lacasse, quelques-uns se sentaient frustrés de ne pas pouvoir parler en anglais, notamment ceux pour qui Panglais est la langue premieére.” Aujourd’hui, Vhabitude est prise, lorsqu’ils pénétrent dans la classe, “ils laissent leur anglais au vestiaire.” De toute fagon, poursuit Mme Lacasse, quand ils me parlent en anglais, je leur donne une composition!” Sur 25 heures de cours par semaine, 90 min- utes sont consacrées a l’anglais, les autres 1410 minutes se passent en frangais.(...) Enfin, autre probléme et peut-étre le plus important, cette classe, avec celle de Melle Mullaire, reste isolée parmi d’autres classes anglophones; elle ne constitue pas un ghetto frangais dans une école anglophone mais n’en demeure pas moins un ensemble parti- culier au sein de l’école. Par Claude Tronel