MRA akong POMC san eenet Cp Oee eT ee Se me pre Périple en Amérique Centrale par Muriel GAUDIN [SUITE] Le lendemain matin, nous sommes déja moins heureux. La veille nous avons parcou- ru 30 km sous une chaleur humide étouffante. N’ayant que des bottes, mes pieds ne - respirent pas, suent, chauf- fent et se “magannent”. Les muscles sont tendus et sen- sibles. Dominique veut con- tinuer, moi ayant commencé, je suis contre l'idée de faire demi-tour. Jarge ne se sent plus le courage et trouve notre aventure dangereuse pour continuer. Une discus- sion et nous décidons de continuer, de s’aider cofite que cofite, et nous repar- tons. Je boite déja car mes chaussettes étant mortes, je me fais des bas a la russe avec ma serviette de toilet- te. Le haut de la botte frotte contre mes mollets. Le mo- ral commence a tomber, nous devenons agressifs. Nous n’avons rien a boire. La chaleur est torride, nous essorons nos chemises tou- tes les demie-heures car elles sont trempées de sueur. Le pas devient de plus en plus mécanique et nous n’apprécions méme plus la beauté du paysage: Jarge et moi marchons en’ avant, Dominique nous sui- vait une centaine de pieds en _ arriére quand nous enten- dimes tout autour de nous des rugissements de fauve ARRIVEE A ATHABASCA [Suite] Nous fimes, le jour sui-. vant, d'autres connaissan- ces, soit dans le hall de 'hétel méme qui était deve- nu pour nous aussi un P.C., soit par d’amicales présenta- tions. Et toutes ces rela- tions aidérent 4 nous amal- gamer complétement a cette communauté qui était, a l’époque, un simple settle- ment de colons. Le maire de la localité, le «major», était un docteur, Canadien fran- cais, le docteur Olivier, jeu- ne et dynamique; un des gros commercants de l’en- droit, gérant un général store, s’appelait Lessard, Canadien francais lui aussi, et frére de P.E. Lessard, ministre au Parlement d’Ed- monton. Je vous ai dit que 1’hé- tel appartenait a Isaie Ga- gnon, Canadien francais et un des premiers résidents de la région. Trés riche, il avait fait une grande partie de sa fortune en spéculant sur des terrains qu'il avait achetés -au début pour des sommes _ dérisoires et en les lotissant. Il possédait, outre le Grand Union Hétel, plusieurs im- meubles dans le village et des intéréts un peu partout. C’était, en sommme, sur le plan financier, l'homme nu- inimaginables. Une panthe- re! Nous n’avions pas peur mais nous n’étions vraiment pas rassurés. Nous conti- nudmes d’avancer; que pou- vions nous faire d’autre. Nous nous serions faits atta- quer, on y restait: pas de fusils, pas de machettes pas de couteaux valables, rien. Soudain, prés de nous, Do- minique étant toujours der- riére nous, nous entendimes un détalement rapide; en tournant la téte, nous vimes un jaguar bondissant vers la jungle. I] dormait proba- blement dans le fourré, puis pris peur en nous entendant parler. On a pas eu le temps d’avoir peur. Cela se passa trop vite. Nous continuions a mar- cher, traversant des bour- biers, de la boue jusqu’aux hanches. Nos chemises étaient trempées de sueur, la langue gonflée par le manque d’eau, le ventre creux, les animaux de la jungle criaient tout autour de nous... La boue tombait dans mes bottes, et mes pieds rouges, gonflés et cou-. verts d’ampoules me fai- saient souffrir. Des petits gravillons coupéres les am- poules, la boue entra dans les plaies, infectant mes pieds morts et meurtris. II ne fallait pas qu’on s’arréte, mais continuer, marcher jus- qu’au fleuve. Nous y arriva- mes au coucher du soleil, sales, trainant les pieds si fatigués qu'il nous aurait été impossible de parcourir 5km méro 1 du pays, et ayant la réputation d’étre rusé et dur en affaires. Quant a nous, nous n’ei- mes pas, par la suite, a nous plaindre de lui, car il nous témoignait une certaine con- sidération. Nous représen- tions, en effet, pour la plu- part des résidents, un ap- port jeune et franc de ce vieux pays, venu vers eux, non point pour cacher des tares, mais par goat de I’a- venture et de la vie indé- pendante. Ils s’en rendaient d’ail- leurs vite compte, car nous n’agissions pas comme la masse des émigrants, plu- tot gens frustes, qui res- taient ignorés de tous. Au contraire, pour nous, il nous apparaissait utile de faire certaines visites «protocolai- res»: Pére Desmarets, notre desservant, le docteur Oli- vier, le sergent de Mounted Police, le Post Master, le directeur du Land’s Office, en un mot ceux que nous n’avions pas encore rencon- _ trés a Phétel ou au bar... Et il ne fallut pas plus de quel- ques jours pour que la plu- part de nos nouveaux amis ne nous appelassent par nos prénoms et vice versa. A LA RECHERCHE DES TERRES Mais il ne s’agissait pas, le plus. Nous n’avions rien mangé pratiquement en 3 jours et l’eau que nous trou- vames était terreuse et mousseuse. Je n’avais qu’un vaccin, anti-variolique. Mes pieds et mon visage étaient couverts de boutons rouges. Nous arrivames finale- ment au village appelé Fron- tera Echeverilla of vivaient 400 indiens dans des huttes en bois. Les enfants indiens qui s’amusaient dans la boue partirent en courant a notre vue. Nous ne vimes qu’une seule femme. Jarge discutait avec un des indiens et des dizaines d’autres nous entou- rérent. Nous finimes par avoir la hutte servant de réserve de Chili pour dormir dans nos hamacs. Nous pas- sames 20 heures couchés, dormant comme des morts, affalés, les vétements cou- verts de boue. Le lendemain, nous passames la journée dans les hamacs, a penser a rien, si fatigués qu’on alla méme pas.se laver. Nous écrivimes notre journal de bord avec des stylos bille et les indiens venaient dans la hutte et regardaient avec fascination le “baton magi- que qui laissait une trace”. Ils ne connaissaient pas la montre, et n’avaient jamais vu un blue-jeans ou du nylon, jamais de barbe (nous ‘étions deux barbus), et ils passérent la journée entiére a observer nos mouvements, nos gestes dans les moin- dres détails. Un pionnier se penche sur son passé pour nous, de nous complai- re et nous amollir dans les délices de Capoue. Nous étions impatients de partir a la recherche de nos terres de colonisation, qui nous sem-° blaient devoir étre la Terre Promise; d’autant plus que nous n’étions pas les seuls 4 atterrir 4 Athabasca, et que le bureau des Homesteads enregistrait chaque jour quelque entrée. Il nous fallait done un guide, connaissant bien le pays et digne de confiance, afin de nous diriger vers les lieux propices 4 un établis- sement. Servestre nous mit alors en rapport avec un métis nommé Sidore La- fleur, croisé d’Indien cree et de Canadien frangais qui, depuis toujours dans la ré- gion,_la connaissait comme sa poche. Nous ne voulions pas aller trop loin, d’abord pour avoir, les avantages du village, et ensuite pour profi- ter, le cas échéant du boom qui pouvait se produire dans quelques mois, lors de l’arri- vée du rail. Nous nous entendimes fa- cilement avec ce métis, sur la base d’un salaire de trois dollars par jour, nourriture comprise naturellement et fournie par nous, de méme que son tabac. Et pour le stimuler dans ces recher- ches, nous lui avions pro- mis, si nous trouvions, par Nous avions |'impression d’étre des singes dans une cage et cela m’irritait. Le lendemain, nous partimes avec cing indiens dans une pirogue taillée dans un trone d’arbre, longue d’environ 30 pieds et large de 4 au milieu. Nous devions remonter le courant, passer des rapides sur une distance de 200km. Nous récupérames assis au fond de la pirogue, pre- nant des photos par ci par la “le derriére dans l’eau”. Le soir nous couchames chez le pilote qui habitait sur l'une des rives, a 200 milles du village indien le plus proche. Ilavait une femme et 7 ou 8 enfants, dont un enfant sau- vage et une fillette qui avait des problémes de pigmenta- tion de la peau. Nous n’avons rien mangé de toute la journée, sinon _quelques baies étranges. Nous repartimes le lende- main 21 septembre, allant manger durant la journée dans une tribu d’indiens. Nous efimes une assiette de filets de singe séchés au soleil (les filets séchaient sur une corde a linge), roulés dans du piment avec des friroles et du café qu’ils cultivent eux-mémes. Le soir nous arrivames a Sayaxche, petit village sim- ple, avec ses scénes de tous les jours. Nous vimes quel- ques cochons se balladant dans les cuisines d’une “Can- tina”, tandis qu'une jeune fille assise dans un coin du restaurant donnait le sein a lui, des terres 4 notre satis- faction, d’ajouter une grati- fication supplémentaire de six dollars, ce qui le mit en appétit. Nous lui laissimes le soin d’organiser 4 sa guise notre petite expédition. I] nous fallait des chevaux: nous avions déja deux bétes et Lafleur son «cayuse». Il s’agissait donc de nous pro- curer, par l’écurie de louage, trois autres montures, l'une de selle, les autres pour transporter nos impedimen- ta (couvertures, provisions, avoine, tente, etc.). Il n’y eut pour cela aucune difficulté, le cheval étant, dans ce pays, avec les chiens de traine, le seul moyen de locomotion en cette période de l'année. Nous avions décicé de faire quatre sorties, chacune d’elles dans une des direc- tions cardinales, de fagon a avoir une vue d’ensemble sur la topographie des ré- gions entourant Athabasca et de pouvoir juger ensuite en toute connaissance de cause. Notre premiére sortie eut lieu vers l'Est, en descen- dant d’abord pendant quel- ques miles le cours de |’A- thabasca, et en obliquant par la suite franchement pour rejoindre le village par un grand arc de cercle. Nous emportions, outre la carabi- ne de Lafleur, notre petite Le Soleil de Colombie, Vendredi 10 novembre 1978 15 son nourrisson. Le périple de la jungle était terminé. Nous arri- vions enfin au Guatemala, sans cachet d’entrée, car bien sir par ot nous étions passés, il n’y avait pas de douane. On nous traita de contrebandiers et on faillit nous faire fusiller par |’ar- mée au site archéologique de Tikal. Nous endurames 77 heu- res de bus pour parcourir 600km de piste et 200km de route. Avec tout ¢a, 10 contréles de police, nous arrivames 4 Guatemala le 24 septembre, je courus a l’am- bassade de France pour avoir de l’aide; je regu un NON et me fit mettre a la porte. Pour terminer le cau- chemar, c’est l’ambassade d’Espagne qui nous aida, mettant son avocat a notre service. Cet avocat nous sauva. On manqua d’aller en prison, puis l'histoire se ter- mina par une amende de 20 quetzal pour payer l’avocat. C’était le 27 septembre. De la, je prenais le train jusqu’aux Etats-Unis et fit du pouce jusqu’a Montréal, pris l’avion et rentrais en Frange. Dominique et Jarge m’avancérent de |’argent, rentrérent en bus 4 New York et prirent l’avion pour la Suisse. J’avais contacté une mala- die due aux moustiques et a l'eau que je trainais pendant 3 semaines au Guatemala. Durant ce périple, je perdis 20 livres. Nous apprimes par la sui- te que 5 personnes avaient fait le méme voyage avant nous. Les premiers, un cou- ple qui s’aventura dans la jungle. Avant d’arriver au village Frontiére Echeveril- la, la fille mourut d’épuise- ment et le gars fit demi- tour. Puis passa un trio. L’un des trois fut attaqué et tué par une panthére. Aucune possibilité de rapatriement des corps. Ceux qui meurent dans la jungle sont enterrés dans la jungle car tout corps blessé, allongé est considéré comme un eadavre. Les ani- maux ne laissent jamais une seconde de répit. [FIN] Infirmiéres Si votre dipléme est valable en Colombie- Britannique [RNABC], si vous pariez anglais couramment, si vous aimez choisir vos horaires, n’avoir qu’un seul malade a soigner, joignez-vous a notre groupe. Nous ne suffisons plus a la demande. ; Private Duty Directory Vancouver, C.B. 731-3158 j Entreprise a but non lucratif. Nous ne prélevons rien sur votre salaire et les frais d’inscription sont modestes. 22 pour, éventuellement, tuer quelques lapins ou per- drix afin d’apporter notre écho a l’héte du soir qui nous donnerait l’hospitalité. Ces deux premiéres jour- nées de prospection ne nous donnérent pas satisfaction, car les terres visitées étaient vraiment trop boi- sées, ou bien certaines qui semblaient relativement claires, devaient étre maré- cageuses au dire de notre guide. Car il fallait, en cette saison d’hiver, agir avec pru- dence, le froid et le gel donnant consistance a des terrains qui, au dégel du printemps, se révéleraient humides et spongieux, des «swamps» comme on les nommait la-bas. Dvailleurs, pour des yeux avertis, I’as- pect des arbres, des taillis ou de la végétation en général procurait de précieuses indi- cations; en outre, sur les terrains qui paraissaient fa- vorables, il nous arrivait de faire, au pic et a la pelle, un petit sondage du sol, pour en connaitre la valeur et la composition. Les cartes cadastrales re- mises par le Land’s Office et les repéres laissés par les arpenteurs au centre de cha- que section, nous indi: quaient approximativement la distance de la concession au village. C’était done un travail méthodique que nous | 1862 Broadway Quest | accomplissions, mais telle- ment intéressant, dans cette nature absolument neuve: a l'Ouest, la région s’étendait vers le lac Baptiste, a envi- ron vingt milles d’Athabas- ca. Une trail rudimentaire, accessible aux chariots jus- qu’a cing ou six milles, partait du village, le long de cette piste, des homesteads avaient été déja enregistrés par des colons, et on pou- vait voir, a certains endroits, les débuts’ d’installation: maisons ou cabanes et gran- ges en cours de construc- tion, arbres coupés, terrains déja clairés pour les labours du prochain printemps. A SUIVRE —L’éducation a pour but de donner au corps et a l’4me toute la beauté et toute la perfection dont ils sont sus- ceptibles. [Platen] POEME Tu es l’Amour, “ainsi je t'aime; et ton amour me soutient, et mon amour me vivifie. Et notre amour c'est notre joie, c'est notre vie. Nicky BARBOUR PE ETS a OO