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8, Le Soleil de Vancouver ,22 mai 1970

CARNET D’UN PROMENEUR

par Roger DUFRANE

U RDIN__D

L*université séveille chaque jour
plus fraiche plus parée; hier,
des bourgeons; aujourd*ui des
fleurs, Garcons et filles déam—
bulent au long du mail ot deux
rangs d’arbres gris se pompon—
nent de rose et courent- vers la
mer et la montagne, ‘* Vive
le printemps!”? semblent—ils;
nous dire, ‘Et vive la jeunesse!*?
répondent les yeux des filles. Les
plus coquettes, en jupes courtes
un bandeau dans les cheveux,
évitons de trop nous y arréter
Nos études en souffriraient. Ce
campus de 1’ U.B*% C. réunit
l’agrément de la nature A celui
de la jeunesse. On peut l*ima—
giner un village ot chaque sai—
son deploie ses charmes. Les
autos n’y circulent pas, ce qui
restitue & 1’@lément paysager et
& element humain leur carac—
tere originel.

Dans ce domaine agréable ot
la science se cultive de concert
avec les fleurs, les étudiants cir—
culent paisiblement. Ot vont—
ils de ce pas? Les uns aux plai—
nes de jeux, les autres aux salles
de cours, d’autres encore a la
maison internationale ot, selon
le jour et l*heure, ils parlent
espagnol, francais, allemand, Ici
le temps se regle comme une
horloge. Une svelte tour de
béton, en face de la bibliothe—
que, et qui regarde autour d’el—
le tourner son aiguille d’ombre
nous le rappelle, Cette tour a
ecadran ajourée, mon ami Fer—
nand la définit d*’une reémarque
saugrenue; un barométre en béton
tatant l’atmosphére. Chaque fois
que nous passon, cette colonne
excite Vhilarité de Fernand, qui
ne prise guere son modernisme,
En cela, il se heurte 4 l’opi—
nion générale, mais il n’en a
cure: ‘* la majorité 4 toujours
raison, méme quand elle se
trompe” me dit—il, L*horloge
de l’université s’avére fort uti—
le, Il faut seulement regretter
de la voir érigée en tel endroit
ou elle coupe une perspective qui
partait naguére du corps central
de la bibliothéque, & la manie—
re royale des avenues de cha—

SCIENC

teaux, On ett du conserver
cette perspective, Ouvrant sur
la bibliothéque, ne symbolisait—
elle pas la marche vers le sa—
voir?

Mon ami Fernand vante les
jardins francais aux belles al—
lées de sable, ot les buissons
arrondis se répondent ot les
parterres avoisinant les corps de
logis évoluent tout douce—
ment vers une nature plus four—
nie, pour rejoindre au loin la
profondeur des foréts, Pour
ma part, j’aime les jardins an—
glais. Romantiques, capricieux
en leurs sentiers et rocailles,
ils me semblent plus naturels
que les parterres disciplinés.de
la France classique. En tout
état de cause, Fernand et moi
nous nous entendons pour con—
dammer les jardins mi—anglais
mi—francais, & la mode améri—
caine, ot 4 la rigueur cubique
des patiments et des cours cO—
toie des velléités de poésie, Cet
amalgame architectural, ot le
fonctionnel alterne avec l’esthé—
tique, ou une colonne aux an—
gles durs barre la facade d‘un
édifice mi—pierre, mi—ciment,
ne nous enchante pas.

Mais voici que Ihorloge sonne,.
Le timbre se répand aux alen—
tours,profond, musical. Qui dira
la puissance incantatoire des
carillons! Tout un passé de bel—
les églises, de petites villes, de
ruelles rustiques , se léve dans
mon souvenir; Bruges a Paques;
Québec au mois de juin. Les
voyages révolus, innombrables,
colorés, revivent devant nous,
Arrachons—nous au reve, Il
faut travailler.

Sur le chemin du retour, der—
nier répit de la pensée avant
l’enchainement quotidien, je me
dis qu*il ne faut pas chercher
la raison au coeur de l’univers
Jardins de fantaisie aux abords
des blocs de béton, jupes lon—
ques, jupes courtes, rires d’é—
tudiants et chants des fontaines
soleils et pluies, marques de
neiges ou de feuilles sur la mar—
gelle des vassins, voila quelques
relfets du monde! Voila la viel.

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Bien-étre, aux Etats-Unis, le
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sans enfants, habitant une
grande ville de l’ouest qui se
sont mariés trés jeunes ou plus
d’une fois. On se rend compte
que le pourcentage des divorces
a continuellement augmenté
depuis 1963, ce qui représente
tm peu plus de la moitié des cas
des années records- qui ont
suivi la deuxiéme grande
guerre. Ce qui a diminué quel
que peu, c’est la moyenne d’age
des couples divorcés, le nombre
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