st ta tt tt tt Nt th Att tt | ~~ S 6 Le Soleil de Colombie, vendredi le 6 mars 1981 »~ RESUME:Nous avons, la se- maine derniére pu entrevoir un aspect dans la vie des Femmes québecoises en C.B. Cette semaine I’étude porte sur les Femmes des Prairies en C.B. avec leurs familles, plus précisément a Port Alberni. Grice aux recher- ches intensives et dévelop- de Mme Cécile Coutu- ninski, le Comité de Recherches posséde un dos- sier volumineux et exhaustif sur le sujet. Durant la premiére moitié du vingtiéme siécle, la vie en Saskatchewan était une série de souffrances, pauvreté et misére, surtout durant la dépression (dans les envi- rons de 1910 4 1930). La majorité des familles de- vaient dépendre des coupons donnés par le Bien-Etre Social, qu’on appelait “le Relief’. Il y avait les problémes constants des - poux et punaises. “Shack de logs bousillés”, Léoville, Sask. ¢.1927 La plupart des canadiens-francais rési- dant aujourd’hui a Port POINT DE MIRE SUR LA FEMME Comité de Recherche sur les Femmes Francophones en C.B. Alberni, étaient des fermiers vivant dans des cabanes de bois ronds appelés locale- ment: “shack de logs bou- sillées”. Sans réfrigérateur ou congélateur, on devait aprés les boucheries d’hiver, envelopper et enserrer la viande dans du blé ou foin gelé qu’on conservait tout Yhiver dans la grainerie. L’été, la viande, aussitét dégelée, était salée. On gardait la créme, le lait, le beurre et la viande fraiche dans les puits. Les fruits et légumes étaient mis en con- serve. Aprés les avoir empotés, les femmes les faisaient bouillir dans une immense marmitte pendant 344 heures. Les vétements que portaient les enfants et maris, étaient confectionnés dans des sacs de farine ou sucre. Les sacs étaient tout d’abord, blanchis (on les bouillait) et ensuite teints “soit avec de la mixture d’herbage ou de légumes, afin d’obtenir de différentes couleurs. L’épisode de la “dépres- sion” provoqua |’émigration en C.B. d’un grand nombre de familles des environs de Debden, Saskatchewan. Ces groupements familiaux vin- rent s’établir en grande ma- jorité, 4 Port Alberni et ses proches environs. On venait y chercher des “gages” plus élevées. Comme le raconte M. Jules Graitson, dans une entrevue accordée 4 Mme Coutu-Kropninski: “Il me semblait arriver au paradis quand on est arrivé a Port Alberni en 1951. Alors que je faisais de 16 4 18 heures de travail par jour en Saskat- chewan & raison de 0.25 Vheure, je faisais ici 8 heures de travail par jour a $1.42 Vheure. Je pouvais enfin me reposer aprés mes huit Evolution du Portrait de famille. Port-Alberni 1946. M. Jules Graitson, sa femme [née Simone Cardinal] et leurs enfants. heures de travail!” La nouvelle de meilleurs traitements se fit vite con- naitre dans les communautés autour de Debden, et bientét un grand nombre de familles comme les Larose, Demers, Cardinal, Cyr, Gaudrault ou Gaudreau, Graitson, Boire, Poirier et bien d'autres encore, sont venus connaitre les douceurs de la vie en C.B. En 1948, Mme Francois Gaudreau (née Jeannette Beaulac), débarque a Port Alberni, avec ses enfants, pour venir rejoindre son mari et reconnait sa voisine, Mme Adolphe Poirier, qui fut également sa premiére voi- sine en Saskatchewan 30 ans auparavant! Puisque toutes les fa- milles se conaissaient déja, il y avait beaucoup de rencon- tres familiales et tous s’en- traidaient dans les temps de besoin. La Ligue Catholique I minine (Catholic Women’s League” recruta plusieurs de ces femmes. En 1951, le Club Canadien-Francais de Port ‘Alberni, commence 4 offrir aux canadiens-frangais, des soirées de danses, des par- ties de cartes et rencontres sociales. Mme Marie-Anna Tremblay (née Gaudrault), femme de M. Jos Tremblay, , fondateur du Club Can. Fran. s’occupe alors de lancer sur une base permanente’ des soirées de Bingo au Centre Communautaire. Nous remarquons que toutes ces femmes et tous ces hommes étaient acharnés a garder leur statut de Catho- lique Francais. En effet, malgré leur pauvre éduca- tion scolaire, les méres s'assuraient et s’assurent encore aujourd hui farouche- ment que leurs enfants sa- chent leur cathéchisme et leur langue frangaise. r Kropninski, née Cécile Coutu c.1950 Les Associations féminines catholiques s’occupaient des activités de la paroisse. Elles étaient actives autant dans les campagnes de finance- ment que dans les prépara- tions des soirées _parois- siales. La religion catholique et la langue francaise sont en- core aujourd’hui pratiquées a Port Alberni, grace a ces femmes authentiques et ver- tueuses. Un guide d’entrevue a été distribué au début de ce projet d’étude. -Les ques- tions qui y étaient incluses touchaient tous les. sujets pertinents 4 notre recherche. Il fallait essayer de décerner le plus précisément possible: les activités quotidiennes de la femme au foyer; son réle dans la famille...dans sa communauté; ses relations avec les voisins anglophones, | avec le curé de sa paroisse; les revenus de sa famille; ses efforts pour perpétuer I’héri- tage canadien-frangais parmi les siens; son.niveau d’éduca- tion scolaire; ses connaissan- ces en questions sexuelles et hygiéniques et enfin, ses sentiments envers la con- traception. . Les huit premiers sujets Mmentionnés ci-haut, ont été ouvert jusqu’éa maintenant dans les articles précédents. Ce sont donc les points traitant de la sexualité, de Vhygiéne et de la contracep- tion que nous verrons la semaine prochaine. Nous vous donnerons les résultats de la compilation des ré- ponses touchant ces trois sujets. Premiére maison de la famille de Wilfrid Boire 4 Port-Alberni c. 1951 ERRATUM Dans l’article de la semaine derniére, une erreur s’est ‘glissée. dans un des paragraphes. I] fallait lire: “A Maillardville, en 1909, prés de soixante-quinze [75] familles de la Vallée d’Ottawa, de Sherbrooke et des Cantons de Est viennent peupler le petit village bati par la direction du Fraser Mill pour leur main d’oeuvre. Ces familles sont recrutées par deux émissaires de la direction du moulin: le Pére Oblat Patrick O’Boyle et Théodore Théroux, gardien de nuit du moulin. réle communautaire des femmes Depuis toujours les femmes ont donné, sans attendre rien en retour, leurs énergies, leur temps aux miséres d’autrui. Afin de venir en aide aux démunis et défavorisés de la société, les femmes ont crée des services aussi variés que l’envoi de friandises et de tricots aux soldats canadiens pendant les deux guerres mondiales, en passant par l’organisation de concerts et la lutte pour l’obtention d’écoles francaises, pour en arriver A se pencher aujourd’hui eur leur condition de vie. ; Cependant, face a ces divers niveaux d’engagement, une question se pose: pourquoi les femmes s’engagent-elles dans leur communauté? ou pourquoi mettent-elles tant d’énergic a la mise sur pied de tous ces services qui sont de toute évidence de l’essor de I’Etat? D’abord, la nécessité de sortir de l'isolement motive nombre de femmes a s’impliquer dans un organisme social quelconque, comme la Fédération des femmes canadiennes-francaises. C'est une fagon pour elles de rencontrer d’autres personnes, d’initier des contacts, enfin de sortir de l’enceinte du foyer et de vivre d’autres expériences, d'autres relations que celles promues dans le milieu familial. Ces engagements communautaires permettent aussi aux femmes de se valoriser, de s’épanouir, enfin de sentir qu’elles sont capables d’agir, qu’elles participent activement a la vie de leur communauté, ala société et A son évolution. De plus, : l'expérience acquise dans des organismes communautaires sert pour plusieurs femmes de porte d’entrée sur le marché du travail ou encore de préparation 4 un engagement plus poussé tel qu’en politique. D’abord pour autrui L’engagement des femmes dans leur communauté, que ce soit en tant que membre de la FFCF ou d’un autre organisme, n’a pas toujours eu l'aspect revendicateur qu'il développe actuellement. En effet, l'intérét que les femmes portent a leur condition est un phénoméne quand méme assez récent car par le passé elles ont surtout employé leurs énergies 4 mettre sur pied des services sociaux pour améliorer les conditions de vie des gens défavorisés, soit des services que l'Etat ne dispensait pas. Ainsi, elles ont oeuvré en tant qu’auxiliaires dans les hépitaux, ont aidé les handicapés, les pauvres; elles ont nourri et habillé des orphelins, des familles victimes d'incendie; elles ont servi des repas aux personnes 4gées immobilisées par la maladie, etc. Enfin, la liste est longue et il n'est pas nécessaire d’endire plus long sur cet aspect du bénévolat qu’ont exercé les femmes dans nos communautés car tous et toutes nous en sommes conscients(es). Puis pour le sort des communautés _Toutefois, il est important de souligner comment ces femmes ont évolué a d’autres niveaux d'engagement communautaire. En raison de |’accélération des transformations sociales, de l’augmentation sensible du monde des sociétés établies s’occupant du bien-étre dans un sens précis telles que la St-Vincent de Paul pour les indigents, la Jjohn Howard et la Elizabeth Fry pour les prisonniers(éres), de la prise en charge par l’Etat des services que les femmes bénévoles octroyaient (exemples: Bien-étre social pour les pauvres, la Société d'aide a l’enfance, I'Assurance-chémage, etc.) les membres de la FFCF, par exemple, ont orienté leurs actions vers les domaines culturel et éducatif. C’est ainsi que nous les retrouvons parmiles premieres a lutter pour les droits et la langue des leurs. Elles si¢gent sur de nombreux comités et commissions pour l’amélioration des services frangais, rédigent des mémoires et des rapports destinés aux gouvernements provinciaux et fédéral. Tout ceci pour améliorer le sort de leurs communautés francophones. Pour elles-mémes! Or, depuis quelques années les femmes sont devenues beaucoup plus soucieuses de leur propre condition. En effet, elles se rendent compte que les changements socio-économiques en cours influencent profondément leur vécu quotidien, surtout depuis qu’elles retournent en plus grand nombre sur le marché du travail. De plus, beaucoup d’entres elles sont maintenant plus indépendantes et autonomes ayant quitté ou perdu leur conjoint, ou bien parce qu’a la suite d’un divorce, d’une séparation ou du décés de leur conjoint, plusieurs ont besoin d’argent pour survivre. On voit donc des femmes s’intéresser davantage a la lutte pour des garderies, des services d’aide aux victimes d’agression sexuelle, aux femmes battues, pour des meilleures conditions de travail, pour un accés plus facile et égal a I’éducation, pour un contréle sur leur corps, etc. Elles sont désormais engagées dans des luttes plus politiques et sont par la force des choses plus politisées et surtout plus visibles dans la société. Elles luttent pour des services qu’elles jugent nécessaires pour l’amélioration de leur vie en tant que femmes. Elles luttent pour elles-mémes! Evolution dans les organismes Conséquemment, on retrouve ces nouvelles tendances au sein de la FFCF comme dans d'autres organismes féminins. Ces organismes ont un énorme défi 4 relever: comme ils se sont toujours définis en fonction d’autrui, c’est-a-dire en donnant des services, en aidant leurs proches, leurs voisins, dorénavant ces. associations veulent s’occuper de leur sort. — Elles doivent donc se tailler une place quelque part entre les organismes féministes les plus extrémistes et ceux qui jouent un réle moins visible de sensibilisation. Le défiest de taille il va sans dire, et sous-entend nécessairement une redéfinition des objectifs et une réorientation de plusieurs de ces organismes. La Fédération des femmes canadiennes-francaises, comme bien d'autres groupes bénévoles a atteint ce stage de son évolution. C’est pourquoi son congrés biennal en juin de cette année est d’une importance capitale. Il permettra aux participantes de donner une ~ nouvelle direction 4 la Fédération afin qu’elle refléte davantage les besoins des femmes francophones. Le projet de recherche sur l’apport des femmes francophones hors Québec et d’analyse sociologique de leur situation s’avérera sirement un outil fort utile dans cette redéfinition du mandat de la FFCF tout en fournissant un document précieux sur l'histoire des femmes francophones hors Québec. Les femmes francophones seront désormais peut-étre un peu plus connues au Canada. Fédération des femmes canadiennes-francaises 525-325, rue Dalhousie Ottawa, Ont. KIN-7G2 ‘ [613] 232-5791