2 - Le Soleil de Colombie, vendredi 27 avril 1990 EDITORIAL A la recherche du temps perdu Brian Mulroney est décidément le champion des audiences publiques: audiences pour le «Plan Vert» récemment lancé par le ministre de !’Environnement, Lucien Bouchard; et maintenant audiences, non plus pour sauver les eaux du lac (entre autres), mais pour sauver «l’entente» qui en porte le nom... et dont le Comité Spécial, présidé par Jean Charest et composé en tout d’une quinzaine de députés, était lasemaine demiére a Vancouver pour étudier la _ résolution d’accompagnement del’Accord du lac Meech proposée par le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Frank McKenna. «Mieux vaut tard que jamais», dit-on. Cependant, a deux mois de |’échéance, et aprés que Meech ait donné les résultats que chacun sait, on se demande quelle peut bien étre l’utilité d’un semblable exercice qui, finalement, risque de coder beaucoup plus cher qu’il ne rapportera. En juin 1987 pourtant, tout semblait simple. Il s’agissait tout bonnement et principalement de réparer un accident historique, c’est-a-dire, pour reprendre la formule du discours Officiel, de «réintégrer le Québec dans le giron constitutionnel», |e tout dans |’honneur et |’enthousiasme. Pourquoi? Parce que la Belle Province n’avait pas signé l’entente constitutionnelle de 1981-82 pour des raisons qu’il serait fastidieux de rappeler ici. Tout cela, peut-étre, n’aurait été qu’une simple formalité si Brian Mulroney n’avait pas donné un délai de trois ans aux provinces pour ratifier |’Accord dans leur législature respective. On connait la suite: appui massif du Québec au Libre-Echange; Loi 178 sur |’affichage commercial ; élection de trois nouveaux premiers ministres provinciaux; ’A.P.E.C.; Sault-Sainte-Marie et consorts; etc. Bref, depuis juin 1987, le Canada a remué pas mal de métaphysique. Des questions importantes, telles la réforme du Sénat, l’égalité des femmes, les autochtones, les territoires et les revendications des minorités linguistiques, des préoccupations légitimes et justifiées, mais qui au départ ne devaient pas faire partie, 4 proprement parler, de cette ronde constitutionnelle, font maintenant partie intégrante d’un débat qui n’a plus de commune mesure avec le projet initial. Résultats? : Meech apris des détours et des proportions qui risquent -que |’Accord passe ou qu’il ne passe pas - de saper pour un bon bout de temps les relations entre Québec et les provinces. Re-résultats? : des questions qui dans leur temps et dans le cadre du processus constitutionnel auraient pu étre étudiées et réglées ultérieurement et sans qu’il soit nécessaire de diviser le pays - telles celles proposées par Frank McKenna - sont aujourd’hui examinées a la vapeur comme si leur contenu n’avait pour seul mérite que de sauver |’Accord. ll-reste maintenant a espérer que les résultats de ses audiences ne seront pas perdus et que des oreilles attentives s’en souviendront, et ce, quelle que soit |’issue de Meech. Aprés tout, comme tous les ans, aprés le 23, il y aura le 24... Patrice Audifax La générosité réinventée Vincent Pigeon B.A.,L1.B. Hean, Wylie, & Cie Avocats & notaires 1501-4330 Kingsway, Burnaby, C.B. V5H 4H9 Télécopieur: (604) 434-7707 pgactees Téléphone: (604) 434-5786. COURRIER Le déficit comme prétexte Oui, la promotion du bilin- guisme cotte de |’argent! II en est de méme pour la promotion de la culture, des arts, des sports ou d'un style de vie plus sain. Tout le budget pour la promotion du bilinguisme au. Canada ne fait qu’un demi de un: pourcent du total du budget des dépenses fédérales. N’est-ce pas trés raisonnable de débour- ser 0,06$ par Canadien par jour afin de pouvoir jouir de tous les bienfaits du bilinguisme? Est-ce que le conseil munici- pal de Montrose a passé au peigne fin le budget fédéral de 130 milliards? Ont-ils passé ala loupe tous les _ principaux dossiers (la défense nationale cotte a elle seule 19 fois tout le budget du bilinguisme) pour formuler et soumettre au gouvernement une série de recommandations qui abouti- raient a une réduction substan- tielle du déficit fédéral? Non! Ils se sont empressés de déclarer qu’ils n’ont rien contre le bilinguisme mais... qu’ils ne veulent pas qu’un seul sou soit dépensé pour sa promotion. Alors, profitant du seul sujet politique capable d’unir tous les canadiens_ (I’énorme déficit fédéral), ils essaient de camou- fler leur résolution anti-bilingue en motion anti-déficit fédéral. Leur position les lie directe- ment aces groupes extrémistes qui font une campagne de fausse information et méme de ce qui pourrait s’appeler de la propagande haineuse (identifier le frangais au Sida). Il ne faut pas une analyse bien approfon- die pour déceler la véritable nature de leur proposition anti-déficit fédéral et de constater bien améerement qu’avec Salmo ils viennent de se déclarer les maitres de |’intolé- rance en Colombie-Britannique. Moi aussi je fus aveuglé. Pas par|'intolérance ou les préjugés mais par mon amour de la région de Kootenay Ouest. Lorsque Salmo a voté unanime- ment en faveur de |’unilinguis- me anglais, j’ai cru (je voulais croire?) qu’il ne s’agissait que d'un malentendu créé par un manque d'information. Je ne doutais pas qu’en recevant des faits précis et vérifiables qui ‘démontrent le sort enviable de la minorité anglophone du Québec (un systéme scolaire complet jusqu’au doctorat, des services sociaux et des soins de lasanté disponibles en anglais ; des lois sont votées simultané- ment en frangais et en anglais; des députés qui peuvent prendre parole en francais ou en anglais au parlement), ils constateraient que leur proposi- tion anti-bilingue est basée sur de fausses prémisses et qu'il ne leur restait plus qu’a la retirer entiérement. Leur proposition d’unilinguis- me anglais, légérement maquil- lée, votée le 10 avril ne correspond en rien a la nature bilingue du Canada et fait malheureusement de la région de Kootenay Ouest la capitale de l’intolérance en Colombie- Britannique. Paul Picard, Président de l’association des francophones de Kootenay Quest : Divergences entre la « tour d’ivoire » et la « feuille de choux » Monsieur Patrice Audifax, J’ai pris connaissance de vos deriers éditoriaux dans le Soleil de Colombie. || m’appa- rait évident que nous sommes loins de nous entendre sur l’approche requise pour favori- ser |’épanouissement de la communauté francophone de la Colombie-Britannique.,La ot la Fédération cherche a unir et a développer, il semblerait que le rédacteur de notre seul journal de langue frangaise arrive a peine a dissimuler son indifférence (pourrait-on aller plus loin et dire «mépris»?) aux craintes et aspirations de la communauté. Du haut de la «tour d'ivoire» dans laquelle vous nous considérez, cette «certaine Fédération» se demande parfois si le rédacteur du Soleil s’est déja penché sur la mission du seul journal francophone de la Colombie-Britannique. On ne sent pas cette volonté de construire de la part du Soleil, les idées personnelles, |’esprit de clocher |’ont emporté sur la | critique journalistique cons- tructive. On ne sent pas la personne morale, |’institution que devrait représenter Le Soleil. Y a-t-il des lignes directrices, une politique édito- riale, ou le Soleil se limite-t-il a la plume et a |’humeur de son rédacteur? Pourquoi trouve-t-on si rarement des entrevues locales, ou bien des séries d’articles sur un sujet de heure. Le Soleil va-t-il se limiter a la reproduction de communiqués de_ presse? Quand un grand quotidien de langue anglaise sollicite la réaction de la Fédération des Franco-Colombiens, en méme temps que celle du premier ‘ministre Vander Zalm et celle du Mike, chef de _ |l’opposition, Harcourt, a un récent discours du premier ministre Mulroney, Le Soleil, lui pour sa part se cantonne dans son coin et ne s’intéresse guére a présenter la perspective locale et franco- phone. Le Soleil de Colombie devrait étre acheté pour son contenu, et non pas parce qu’il est le seul quotidien de langue francaise de la cdte ouest. On en arrive a se demander si c'est vaguement un cas de solidarité a la francophonie, voire un cas de conscience, qui fait que nous renouvelons nos abonnements. A cet égard on devine, dans la communauté, une certaine insatisfaction face au journal. Apres tout ce medium, ne devrait-il pas étre un instrument de changement social plutdét qu’une feuille de choux qui prend l’allure de réglement de compte et de négativisme général. ll existe certains outils a la disposition du Soleil, pour le rendre plus pertinent. Nous serions heureux d’explorer avec vous les pistes menant ala mise en oeuvre des changements souhaités afin de réaliser ce qui devrait é6tre notre objectif commun: le mieux-étre de notre communauté et de ses acquis. Marie Bourgeois, Présidente de la Fédération des Franco-Colombiens fti3 SOB) Le seul journal en frangais ij Coforasis de la Colombie-Britannique Président-Directeur: Rédacteur en chef: Patrice Audifax Journaliste responsable de I‘APF: Yves Lusignan Photocomposition: Suzanne Bélanger Coordonnateur administratif: Jacques Tang Journaliste-Coopérant: Francois Limoge Jacques Baillaut Publié par le Soleil de Colombie Ltée 980 Main, Vancouver, V6A 2W3 Association de la APF ni : Presse francophone -* hors-Québec | Fad 683-7092 ‘683-6487. Fax: 683-9686 Abonnement 7 an: Canada, 20$ - Etranger, 25$ Numéro d’enregistrement: 0046 Courrier de 2eme classe Les lettres adressées au Soleil de Colombie par ses lecteurs doivent étre lisiblement signées par leur(s) auteur(s). La rédaction se réserve le droit de corriger ou de raccourcir le texte s'il est trop long. 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