4 Le vendredi 27 juin 1997 e me baladais tranquillement dans l’environnement, la téte dans le CO2 de l’air ambiant quand, sans crier gare (ou tasse-toi je suis pressé !), un oiseau m’a fienté dessus sans raison apparente : merde. Encore une chance que c’était un oiseau et que je les aime, car ca aurait bien pu étre un avion ou une bombe, que je me faisais remarquer, tout en riant jaune parce que je n’avais pas le choix des couleurs, sinon j’aurais pris blanc. Mais bon, on a les dents qu’ona et ¢a finit 1a. Plus tard, l’oeil hagard, je suis passé devant un grand magasin The Bay et j’ai été étouffé par Podeur de parfums artificiels modernes qui émanait des portes. Cela m’a écoeuré. J’ai grimacé comme un chameau qui manque d’eau : pas beau a voir ni A sentir. Par chance, personne n’a vu la face que je faisais, puisque les gens ne regardent jamais dans les yeux, ils laissent tomber leur regard par terre et le trainent comme ¢a jusqu’au soir, toute une vie durant. Par chance et par malheur, que je me suis mis 4 philosopher quelques secondes. Puis & nouveau quelques secondes : que regardons-nous quand on a les yeux ouverts ? On regarde de quoi l'autre a Pair, s'il a des espadrilles 4 150 $ et un téléphone cellulaire. Que regardons-nous quand on s’apergoit de quoi l’autre a l’air ? On se dépéche a regarder en l’air, on se demande si cet autre touche un peu plus gros salaire et on fait souvent le commentaire qu’il ou elle a l’air de s’en faire accroire. Puis on rebaisse les yeux a leur place habituelle et on réve de s’acheter au plus sacrant au magasin le plus prés tout ce que ca prend pour avoir l’air ; on léche des yeux toutes les vitrines qui vendent des images et des personnalités. Ca, c’est pour les gens qui ont de l’argent de méme que pour ceux qui n’en ont pas assez, faute de talent ou de personnalité. Au coin des rues Thurlow et Melville, quand je reviens du café, je m’assois souvent prés d’un de ces oasis urbains ; je fume la moitié d’un paquet en écoutant le bruit de l’eau, les différents et beaux accents chinois, le klaxon de gens pressés, etc. Aprés, je vais fumer l’autre moitié au coin de Bute et Alberni, 1a ot: se trouve un autre de ces oasis (créés pour les gens de la ville pour ne pas trop qu’ils s’ennuient de la vraie nature). Au premier coup d’oeil c’est trés joli, et c’est ce qui m’ennuie : c’est pas naturel. Il manque quelque chose. De l’eau enfermée dans du béton et du marbre au pied de buildings macabres, y a rien qu’en ville qu’on peut voir ga. Vancouver est un joyau artificiel dans un paradis naturel. Mais, c’est beau, ha c’est touchant. L’oasis au coin d’Alberni est comme un _ labyrinthe, l’eau contourne des colonnes, descend des pentes, c’est touchant touchant. Sur une de © ces colonnes, entre deux roches énormes, il y a d’inscrit (pas facile & voir ni & lire) cette parole de Leonardo da Vinci (1452-1519) : « In rivers, the water you touch is the first which comes and the last of what has passed, hence so with time. » J'ai mis du temps avant de revenir au bureau cet aprés-midi Ia, j’ai flané plus longtemps que permis, j’ai philosophé plein d’autres secondes sur les choses et le monde. De nos jours les « aujourd’hui » passent de plus en plus rapidement, |’on fait tout de plus en plus vite (l’amour, la cuisine, la conversation) ; on prend de moins en moins le temps pour penser a ce que l’on fait, on fait de plus en plus dans Vartificiel (parfums, saveurs, bonheur) et le « ca-a-l’air-c’est-correct » et le « a-peu-prés-mais-ca-va ». Je voyais trop de choses en méme temps, | étais mélangé, j avais dans le coeur des sentiments mi-rage mi-raison ; je clamais intérieurement que le monde tel qu’on le fait et tel qu’on le vit maintenant est de plus en plus faux, de plus en plus rempli de faux-culs, de fausses déclarations, de faux-sentiments, de faux-paysages, de vrais mirages... Je me suis levé du bane, tout étourdi, et je n’ai méme pas essayé de voir au loin parce que c’est impossible au centre-ville de Vancouver. J’ai juste... bah, rien. Denis GILBERT * prochain article : L’English Bay. Apres, on verra... « Toi qui palis au nom de Vancouver... » Marcel Thiry, poéte belge, 1897-1977 André Oscar Cauchie est né 4 Ghlin, prés de Mons, en 1900. Ils’est marié en 1924, toujours & Ghlin, & deux pas du berceau de ma famille paternelle. Aussitét, il s’en est allé au Canada et uel francophone n’a péli au nom de tous ses enfants sont nés la-bas. Le dernier, Vancouver ? Grace 4 Marcel Thiry, la Norman, né en 1944, est celui qui, pianotant un métropole du Pacifique a une charge jour son nom sur le réseau A la recherche de émdtrve qui reléve du patrimoine culturel de la cousins européens, tomba sur moi, méme nom, communauté Wallonie-Bruxelles. Que dire mémes initiales. quand elle est 4 lorigine, avec la complicité Et voilé comment les enfants de Wallonie- Vancouver, le Web... et moi d’Internet, d’une plongée dans ses racines ? C’est ’aventure qui m’arrive en ce moment... Ce 21 mai 1997, la surprise de ma vie : mon premier courrier électronique transatlantique ! Qui plus est, d’un correspondant inconnu ! En fait un de mes homonymes, résidant 4 Vancouver, & la recherche de ses origines, ici chez nous. Toutes mes préventions & Pégard de ce Web, agent secret de la mondialisation, tombérent d’un coup. Je me mis a surfer frénétiquement. C’est comme ¢a que je devins internaute. Bruxelles se retrouvent maintenant, par Web interposé. La prise de contact en est t yUjOUrs A ses premiers balbutiements, mais elle va pouvoir bien vite se développer puisque, je n’y tiens plus, je vais, je cours & Vancouver ! Marcel Thiry et Vancouver, la diaspora wallonne et la nouvelle toile du monde : la société de l’information bien de chez nous... NIcoLe CAUCHIE COMMISSION EUROPEENNE, INFORMATION