6 Le Soleil de Colombie, Vendredi 19 Aoft 1977 POURQUOI HATFIELD|-" PART EN CROISADE UNE ANALYSE DE LEONCE GAUDREAULT Bouleversé par la victoire pé- quiste du 15 novembre, le pre- mier ministre du Nouveau- Brunswick Richard Hatfield a tenu des propos amers sur le Québec et son projet d’in- dépendance. Léonce Gau- dreault, qui a recueilli ses propos publiés nous dit pourquoi ce premier mi- nistre inquiet intervient avec tant de virulence dans le débat. Richard Hatfield aura fort a faire au cours des prochai- nes années. Ii est le premier ministre d‘une province limo- trophe du Québec, province qui vient de porter au pouvoir un parti politique pro- posant non seulement un “bon gouvernement” mais aussi, René Lévesque I’a rappe- ‘lé ~constamment tant a New York qu’ici méme au Québec, l'indépendance et une forme de socialdémocra- tie. Il n‘est donc pas surpre- nant de le voir participer au débat qui s‘amorce. Il ne veut d’ailleurs pas que espace fédéraliste soit occu- pé uniquement par Pierre Elliott Trudeau, rappelant que le Canada a été créé par les provinces et que celles-ci ont donc leur mot a dire dans le débat sur l'avenir de la Confédération. Cela suffirait & expliquer Vintérét qu'il porte a |’affai- re du Québec. D’autres motifs d‘inquiétude se trou- vent a l'intérieur méme de sa province. En effet, non seulement il est le premier ministre d'une province voisine du Québec, mais il est aussi le leader politique officiel de quel- que 200,000 Acadiens, c‘est-d-dire de prés de 35 0/0 de la population. i est vrai qu'une partie de ces ‘francophones hors- Québec” ne représente pas de problémes _ particuliers. Ceux-ci sont en effet complé- Quatriéme d’une série d’ar- ticles parus dans “‘ Le So- leil ”’ de Québec. Ces_re- portages sont le reflet dune réalité francophone hors Québec, telle qu’elle apparait au iournaliste Léonce Gaudreault, Québec. (Le Soleil, 7 mars 1977) de tement assimilés ou acceptent les améliorations gouverne- mentales au niveau du bi- linguisme qui ont été faites depuis 1967: en partant du programme “‘d’égalité sociale”, amorcé par |’ex-premier minis- tre acadien Louis Robichaud, jusqu’a l'adoption en 1969 de la Loi sur les langues officielles, en passant par une profonde réforme qui permet a de plus en plus de francophones de recevoir un enseignement dans leur lan- gue. LES ACADIENS ET L'INDEPENDANCE lly a cependant d’autres francophones, qu’on trouve plus au nord de la province, a partir de la péninsule aca- dienne — dans le triangle Tracadie, | Shippagan, et Caraquet —-jusqu’au nord- ouest, dans la “république du Madawaska” voisine du Québec et des Etats—unis, et également majoritairement francophone. Dans cette région, on y parle de plus en plus d’'indé- pendance acadienne et méme d‘union éventuelle avec le Québec. Méme, si pour le moment, ces évocations pren- nent plutét la forme de me- naces dans le but d’obtenir davantage d’attention des gouvernements de Fre- dericton: et d’Ottawa, elles semblent irriter M. Hatfield au plus haut point. A ces seules évocations, il s‘empres- se en somme de répondre: quant a faire, pourquoi-s‘ar- réter au Québec indépendant et ne pas réclamer un Mon- tréal indépendant, un “‘Peel Street” indépendant. Ainsi, la concentration fran- caise au nord du Nouveau- Brunswick peut 6étre source de nouveaux conflits pour le gouvernement conservateur de M. Hatfield, d’autant plus que les Acadiens, d’allégeance libérale par tradition, n‘ont que cing représentants (tous ministres) dans ce gouverne- ment. Le nord est aussi la région de la province, la plus défavorisée économiquement. En janvier dernier, selon le taux ‘‘désaisonnalisé” le ché- mage atteignait 13.2 0/0 au Nouveau-Brunswick, ce qui est déja élevé. Mais, dans toute la baie des Chaleurs et la pé- ninsule, ce taux grimpait a 25 0/0. Les citoyens de cet- te région ont de bonnes rai- sons de croire que tous les efforts d’industrialisation et d’‘investissements tendent 4 favoriser le sud, principa- lement autour des pdles de croissance de St-Jean et de Moncton. LE NORD ET LE SUD Dans le cabinet de M. Hatfield, il y a au moins une personne qui pense ain- si. C’est Jean-Maurice Si- mard, président du Conseil du Trésor et député du Madawaska Au cours d'une entrevue accordée au SO- LEIL, cet ancien Québécois .a révélé qu’il avait méme di voter (ou seulement me- nacé, il n’a pas bien précisé) contre son propre budget, du temps oi il était ministre des Finances, parce qu’on fa- vorisait économiquement le sud au détriment du nord. Un certain nombre d’efforts ont malgré tout été faits dans le nord mais plusieurs de ces efforts gouvernementaux d’in- dustrialisation ont tlaissé un godt amer et risquent d’hy- pothéquer lourdement |’ave- nir, {l n‘est-qu’a penser aux investissements gouvernemen- taux dans la CIRTEX de Caraquet, la Brunswick Mills de Bathurst et la Venus (Radio Engineering) d’Edmondston pour illustrer ces échecs. Tou- tes ces industries ont fermé en décembre dernier. Tout un cadeau de Noél pour les quel- que 550 employés congédiés. ‘Mais on ne désespére pas de les rouvrir. Malgré -tout, le ministre Jean-Maurice Simard se con- sole en mettant en paralléle les $160,000,000 d’assurance- chémage payés annuellement les événements de Monc- ton a la méme époque. Cette lutte contre le maire Léonard la galere! EN RUINES : LES VIEUX FORTS FRANCAIS A TERRE-NEUVE Par: Claude Lemieux Certains historiens prétendent venu parc national en 1968 lorsque Terre-Neuve l’a cédé Jones a accentué le senti- W° les Basques francais pé- au gouvernement fédéral. ment chez les francophones du nord que fa vie frangaise au sud n’‘était pas possible. RICHARD COEUR DE LION L’ardeur de M. Hatfield a défendre la minorité anglaise du Québec laisse également songeur. Au cours de cette tournée acadienne, plusieurs francophones ont insisté pour dire qu’ils avaient trés peu apprécié la vigueur de M. Hatfield a défendre la “pauvre-minorité-anglophone”’ du Québec a I’occasion du “ bill 22”, comparativement a la Situation qui est faite quotidiennement aux Aca- diens de cette province. Pourtant, M. Hatfield a tou- jours montré une sympathie plus que bienveillante a |’en- droit de sa propre minorité, cherchant toutes les occa- sions de participer a ses fétes et de se méler a ses gens, et de s'‘impliquer directement dans les débats (exemple: la crise de décembre sur le sta- tut de l'université acadienne de Moncton). Depuis I'élection du 15 novembre au Québec, on re- proche de nouveau a M. Hatfield de s‘emporter. Voi- la Richard, coeur de lion, qui part de nouveau en croi- sade, disent plusieurs franco- phones. La menace de la séparation du Québec intéresse, on le constate, M. Hatfield au plus haut point. Méme si ce n’é- tait que de la barriére phy- sique que cette séparation et les $40,000,000 de deniers—-signifierait pour cette province publics engloutis en sept ans dans des expériences ratées d‘industrialisation. C’est donc du nord que sont venus une partie des probleé- mes politiques de M. Hatfield. On se souviendra de la “mar- che de la dignité” en 1972 a Bathurst en guise de pro- testation contre le haut taux de chémage. Il y ae i avec le reste du Canada. Mais il y a plus. Le Nouveau- Brunswick, malgré ses re- tards économiques, estime tirer profit du fédéralisme. On dit parfois que le minis- tre fédéral de l’expansion 6- conomique régionale est en fait le premier ministre de cette province. gique chaient au large des cétes de Terre-Neuve bien avant que Jean Cabot ou Christophe Co- lomb ne parte a la “découverte du Nouveau-Monde”’. C'est la péche qui les atti- rait et non l’exploration. Mais, au fil des ans et au fur et a mesure qu’augmentait le nom- bre des navires étrangers dans leurs eaux, les Francais déci- dérent qu'il était temps de défendre leurs territoires de péche. . Louis XIV investit de for- tes sommes pour faire forti- fier important, havre straté- de Plaisance ( au- jourd’hui Placentia). La ville fut fondée officiel- lement en 1662, longtemps a- prés que ses plages blanches eurent servi a sécher le pois- son pour la premiére fois. A la suite de la fortifica- tion de Plaisance, des atta- ques réussirent par deux fois, a faire tomber Saint-Jean, la capitale anglaise, mais les Bri- tanniques la reprirent. La forteresse de Plaisance, par contre, demeura inexpu- gnable. Plus d’un- demi-siécle plus tard, l’occupation frangaise de Plaisance prit fin, non dans une bataille, mais par la si- ghature du traité d’Utrecht en 1713. Quelque deux siécles et de- mi plus tard, la plus grande partie des fortifications origi- nales a été dégagée et les rui- Nes sont conservées au parc national de Castle Hill. Aprés 1713, les Britanniques avaient choisi de donner le nom de Castle Hill 4 Fort Royal, le plus grand fort francais. Cas- tle Hill domine la baie de Placentia et l’endroit est de- Le parc regroupe un centre d'information, les ruines de Fort Royal et ses dépendances, la redoute détachée, la Guail- lardin et la batterie La Fon- taine. . Les guides du centre d’in- formation travaillent de juin a la féte du Travail et l’entrée au parc est gratuite. Au cen- tre, des illustrations retracent ‘histoire de Placentia. Le Guillardin, une petite re- doute , fut érigé en 1694, un an aprés Fort Royal propre- ment dit. Environ 100 hom- mes y étaient en garnison. Aujourd’hui un sentier y mé- ne a partir du parc de sta- tionnement. : Avec ses murs massifs et ses nombreux canons, Fort Royal était une construction impressionnante. On rapporte que les murs originaux avaient 2,4 métres d’épaisseur et 4,8 métres de hauteur. La redoute détachée, érigée elle aussi en 1693, protégeait un bras de mer qui s‘ouvrait sur le port. La batterie La Fontaine, l'une des nombreu- ses constructions que les Fran- gais (et plus tard les Anglais) ont élevées pour défendre le port est la seule qui subsiste. Le musée de Saint-Jean pré- sente des plans et des maquet- tes des fortifications. Pour plus de renseignements sur les voyages au Canada;s’a- dresser 4 son agent de voyages. Pour tout renseignement d’or- dre général sur le Canada en tant que destination touristi- que, s‘adresser 4 l’Office de tourisme du Canada, 150 rue Kent, Ottawa,Canada, KIA OH6. Ses ae afc afc ae eae IC fe afc afc 2c 24 2 ak ac 2 2 hc ak ak alk 2c a 2k ac afc afc age ae ae ak akc ?LE MOT DU JOUR: SRE ae ae ae ae ae ae he he ae he ae ae ae ae ae a ake A ae ae ae he se ae Me se Hk ea a ae UNE DIFFERENCE QU’IL EST BON DE SAVOIR Sous Vinfluence de Ian: glais, -certains—mots - francais sont souvent mal orthographiés. Il s’agit de mots pres- que identiques dans les deux langues mais qui compor- tent une petite différence qu'il est bon de savoir.Le mot adresse ne prend qu’un “d”. Le mot apparence s’écrit appearance en anglais. L’anglais carrot se dit carotte en francais. Et de nombreux noms compor- tent des consonnes doubles dans une des deux lan- : dinn din 3 3% (a) famine th coh ( a) grappe (f); fla- agression (f). -D’ail- leurs quatre mots francais seulement prennent deux “gy. Ce sont: aggraver, agglutiner, agglomérer et sug- gérer.On a tendance 4 écrire hasard avec un z; hazard. C'est anglais. Défense, en frangais, prend un “s’’.Mais en anglais on écrit: defence. Quant a département on fait souvent au Québec la faute de l’écrire 4 I’an- glaise : départment et aussi de l’employer dans un sens anglais qu'il n’a pas en francais.De méme le mot appar- tement se dit en anglais apartment. L’abréviation fran- gaise est app. et en anglais apt. Tout cela est question d’habitude. En cas de doute, il y a toujours le diction- naire. Cet espace est acheté par le Secrétariat d’Etat. Lestextes _(tiré de la publication ‘“‘Le mot du jour”’, éditée qui s’y trouvent sont publiés dans les 14 journaux mem-. bres de l’Association de la presse francophone hors Québec, APFHQ. par l'Office de la langue francaise du Québec et préparée par Louis-Paul Béguin, linguiste). See | — ——y *