2 - Le Soren ve Cotomsicé, vENDREDI 13 aovr 1993 Billet Sauve Un grand malheur était sur le point de s’abattre sur la communauté francophone nord- américaine. Le journal Le Devoir était 4 l’agonie. Fondé en 1910 a Montréal par Henri Bourrassa, Le Devoir a toujours joué la carte culturelle, n’ayant jamais sombré dans le sensationnalisme ni dans le commercial “tape a l’oeil”. Ses analyses politiques, ses articles sur les arts, ses chroniques littéraires ou théatrales, font, depuis plus de 80 ans, la joie d’un lectorat qui dépasse amplement les frontiéres du Québec et du Canada. Aprés plusieurs jours d’un statu quo douloureux, les quatre syndicats ont finalement accepté le drastique plan de restructuration visant a geler la masse salariale pendant trois ans, a priver les employés de certains avantages sociaux et a permettre quelques licenciements. Ilest évident qu’avec 30 000 lecteurs, Le Devoir avait la capacité de survivre. Il est heureux que pour ce faire, les syndicats aient réalisé l’ampleur de l’enjeu : préserver une vénérable institution culturelle etdes emplois, au prix, il est vrai, de quelques sacrifices. Mais le jeu en valait la chandelle. Malgré l’injection de 117 000 dollars de la poche des journalistes permanents, et Vaide de 375 000$ du gouvernement québécois, la structure était encore trop lourde. Iln’y avait pas de recette miracle; pour survivre il allait falloir couper dans les dépenses. D’aprés l’administration du Devoir, il est possible d’économiser jusqu’a 800 000$ par an en appliquant le plan de redressement a la lettre. Devant tant de bonne volonté, la Société de développement industriel du Québec et le Mouvement Desjardins ont décidé d’aider Le Devoir a se remettre en selle en accordant une aide de 750 000$. Pierre Péladeau, PDG de l’imprimerie Québecor, principal créancier du journal, accepte d’effacer sa dette de 2 millions de $, en prenant possession de l’immeuble du Devoir, dans le vieux Montréal. Aprés la tension des derniers jours, la francophonie et la francophilie d’ Amérique du Nord peut donc pousser un profond soupir de soulagement. Au Soleil, nous nous félicitons de cet heureux dénouement, et souhaitons bonne chance a notre prestigieux confrére. Pierre Longnus Congres de l’ACELF L’Association canadienne d’éducation de langue francaise (ACELF) tenait 4 Hull, du 3 au 6 aout denier, Ottawa- C’est sous le théme “Les défis de la modernité pour l’éducation de langue francaise” que s’est ouvert la 46e édition du ' congrés de 1’ACELF tenu a Hull’ du 3 au 6 aofit 1993. Trois cent cinquante congressistes ont. participé a la rencontre. “Dois-je dire que dans un contexte économique difficile, en période de récession, il y a des gens qui tiennent a participer a des activités ou il est question des défis que notre systéme éducatif doit relever’’, aexprimé le président du 46e congrés, Jacques Roberge. Des programmes défaillants L’ére de la technologie . $a 46 édition sous le théme de Ia modemité. frappe aux portes 4 une vitesse fulgurante dans les milieux de travail depuis quelques années. Cependant, les programmes scolaires des écoles francophones semblent tirer de la patte devant la modermité. “Les programmes qui sont offerts, tant dans les écoles que dans les colléges et les universités, sont-ils ceux qui sont ou qui seront requis? Certaines études révélent, en effet, que les programmes scolaires sont en retard sur ce qui serait requis dans le monde du travail des années 1990 et davantage encore par rapport 4 ce qui sera requis au XXIe siécle”, a déclaré le Le Commissaire aux langues officielles s’inquiéte pourl’avenir » Le Commissaire aux langues officielles, Victor Goldbloom, partagait avec les enseignants sa réflexion sur la situation de la langue francaise au pays dans le cadre du congrés annuel de 1’ACELF tenu 4 Hull. “Si nous pouvions tout simplement accepter qu’il y adeux langues officielles et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes parce que les deux sont_ reconnues (...), nous n’aurions pas besoin d’ efforts afin de faire valoir la contribution du francais a [’histoire du pays”, a exprimé, en début d’ allocution, M. Goldbloom. Toutefois, la situation est beaucoup plus complexe et le Commissaire aux langues officielles 1’a remarqué depuis qu'il a entamé une tournée de rencontres au sein. des communautés francophones et anglophone du pays. Le Commissaire aux langues officielles n’a pas maché ses mots lorsqu’est venu le temps de parler des connaissances historiques des Canadiens. “Nous n’ avons pas, au Canada, une feuille de route reluisante en ce qui concerne l’enseignement de Phistoire de notre pays.” “Lorsqu’on me dit que la dualité linguistique du Canada était imposée 4 une population qui n’en voulait pas et qui n’a pas été - consultée par un gouvernement arrogant qui voulait effectuer un travail de génie social de manipulation et que c’est une expérience de 24 années d’échec qui devrait étre abandonné (...), je minterroge que lon ne puisse pas reconnaitre qu’en 1534, Jacques Cartier afoulé lesol dela Gaspésie. (...) Le francais a été la langue du Canada pendant deux siécles et quart et ce n’est qu’au milieu du 18esiécle qu’asurgilacoexistence linguistique. Lorsqu’on me parle de 24 années, je répond en parlant de 234 années de coexistence linguistique. Ca, c’est une réalité humaine.” Les chiffres du dernier recensement de 1991 sont encourageants pour !’augmentation dunombre de francophones, “mais lorsqu’on interroge ces mémes francophones sur la langueutilisée au foyer, la baisse des chiffres est importante et menacgante”, relate M. Goldbloom. “Aprés tout, si une langue veut étre toujours un moyen utile de communication, cette langue doit se moderniser, notamment par rapport au progrés technologique”, concluait M. Goldbloom. APF LE TOUR DU MONDE EN 365 JOURS En diffusant, jour apres jour, les meilleures émissions de France. de Belgique, de Suisse, du Canada, du Québec et d'Afrique, TV5, c'est le tour du monde en francais. © Une vision internationale et vigilante de l'information. Une présence internationale dans le monde des arts, des lettres et des sciences. Un calibre international dans l'univers des variétés, des téléfilms et du theatre. Tout un programme a TV5, cable’35*: * * * * * LA TELEVISION INTERNATIONALE Peut varier. Cons a a ren os ultez votre cablo distributeur. TOUT UN PROGRAMME! ENFoRMATION président de l’ACELF, Normand Boisvert. La thématique ducongrés a été pensée sous toutes ses coutures, mais le choix s’est orienté autour “des défis de la langue francaise qui sont particuliers et énormes. Laprécisiondes défis nous apermis d@identifier deux grands phénoménes soit la mutation des valeurs de la société et le secteur des nouvelles technologies”, a confié le responsable de la thématique, Louis-Gabriel Bordeleau. Un partenariat essentiel En identifiant ces deux phénoménes de la société, les tétes organisatrices du congrés souhaitent favoriser la réflexion et “créer davantage de partenariat avec la famille, le milieu de travail l'ere de la technologie ou d’autres instances sociales pour relever un défi, qui, nous — croyons, dépasse les ressources que l’Ecole elle-méme posséde”, constate M. Bordeleau. Outre la technologie, les spécialistes de I’éducation se sont aussi penchés sur le probléme de l’assimilation des minorités | francophones. Le budget de la 46e édition du congrés del” ACELF oscille les 100 000$. “Le budget est serré”, estime M. Roberge. Toutefois, chacun a contribué asafacon. Les — organisateurs du congrés ont regu — de l’aide financiére de la part des _ deux gouvernements provincial et fédéral, ainsi que des contributions des conseils scolaires du Québec et de 1’Ontario. APF | Le seul journal en frangais a l'ouest des Rocheuses “SANS PEUR NI FAVEUR" Président-directeur : Jacques Baillaut Rédacteur en chef : Frédéric Lenoir Administration et gestion : Noélle Mathis Journaliste-photographe : infographisme Pierre Longnus : Suzanne Bélanger, Eric Cété Correspondant national : Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs : Claudine Lavallée, Marielle Croft, Catherine Lannoy Collaborateurs Arts et spectacies : Marie-Louise Bussiéres, Nigel Barbour, Marie Michaud, Marc Fournier, Yvan Brunet, Claire Bédat, Louis Anctil Ventes : Jean-Yves Bergeron Ouverture du journal : 9h a 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit @tre adressée au Soleil de Colombie, 980 rue Main, Vancouver, C-B., V6A 2W3. Tél : (604) 683-7092 ou 683-6487. Fax : 683-9686. L’abonnement annuel cofite 25$ au Canada, 30$ A ['étranger. Le journal Le Soleli de Colombie est publié par Le Soleil de Colombie Ltée. Enregistré comme courrier de deuxiéme classe. No 0046. - TPS No R 103242624 Impression: Horizon Publications Hebdomadaire fondé en 1968 par André Piolar : :