Le beurre de septembre était réputé le meilleur, il était plus doux parce qu’alors les vaches trouvaient plus 4 manger de fleurs de pissenlits, de moutarde sauvage et de tournesols, et sa couleur était meilleure qu’en hiver ou il était presque blanc 4 cause du manque de fourrage vert. Aussi bien souvent le beurre de septembre était conservé en quantité. En hiver, si l’on voulait améliorer la couleur, il était possible de teinter la créme dans la baratte ou d’ajouter la teinture plus tard en malaxant le beurre. La teinture pouvait étre faite avec des carottes rapées mises a tremper pour la nuit dans un peu d’eau. Le babeurre s’utilisait, naturellement comme boisson ou pour cuisiner pour faire des petits pains, pour le gruau ou des crépes et du gateau au chocolat. . . Il n'y avait pas d’épicerie du coin, ni de boulangerie et méme les célibataires devaient faire leur propre pain ou I’acheter a quelqu’un qui le faisait. Je revois encore dans une cruche la levure de Grand- mére, démarrée avec du houblon qu’ils cultivaient, et je la vois puiser un peu de ce mélange mousseux et le mélanger a la pate pour faire lever le pain. Les poules étaient des volailles des plus utiles autour de la ferme, sauf quand elles se mettaient a couver au mauvais moment et qu’il fallait les jeter dans la mare pour les décourager. Mon pére se souvenait qu’avec oncle Georges, lorsqu’ils étaient gamins, ils par- couraient les collines a la recherche de vieux os qu’ils faisaient braler pour que les poules puissent en picorer le calcium dont elles avaient besoin pour faire des coquilles d’oeufs solides. Pour protéger les poules des putois, Grand-mére empoisonnait des oeufs qu’elle mettait sous la grange pour tuer ces derniers. Progressivement, ils élevérent un troupeau de canards et d’oies qui procura non seulement 4 manger mais aussi de l’argent du marché. Il y avait des “corvées” pour plumer les oies auxquelles d'autres gens venaient aider; il y avait auparavant une grande journée de cuisine afin qu’il y ait bien 4 manger. II en était de méme quand on se réunissait pour faire du piqué, activité qui faisait partie de la vie sociale. Quand les premiers produits furent préts pour le marché, Grand- pére qui n’avait pas encore de charette fit un “travois” comme le faisaient les indiens des plaines de l’ouest. C’était deux barres de bois attachées de chaque cété du cheval; sur les bouts qui trainaient sur le sol, était construite une boite ot on mettait les oeufs, le LA VIE DOMESTIQUE DANS LE VIEIL OKANAGAN beurre et les legumes, pour les porter jusqu’a la barque a l’embouchure de la riviére. A partir de 1a Grand-pére ramait jusqu’a Penticton ou il vendait ses produits. Une fois Grand-pére ramena a la maison un singe comme animal familier, qui causa des tas d’ennuis 4 Grand- mére; il allait dans le placard a confitures et percait tous les papiers recouvrant les pots de confiture pour en gotter le contenu. La préservation des fruits était différente 4 cette époque, on utilisait beaucoup de sucre pour les empécher de se gater, les pots n’étant pas scellés hermétiquement....Des fruitsétaient mis a sécher, ainsi que des épis de mais qui étaient suspendus dans I’abri pour nourrir les volailles en hiver. GRAND-MERE ETAIT COQUETTE Les tabliers de Grand-mére me fascinaient, celui de dessus, couvrant sa longue robe, était d’un tissu grossier, probablement un sac a grain, et souvent sali par un travail ou un autre, car ma Grand-mére était une personne trés active tant en travaux intérieurs qu’extérieurs. Mais ce tablier pouvait étre enlevé en un instant pour faire découvrir en-dessous un autre, de toile fine, blanc immacule.” Comme beaucoup d'autres choses, le travail domestique de la vie de pionnier a considérablement changé avec les années. La région ou les grands-parents Gartnell s’établirent est aujourd’hui plus urbaine que rurale. Mais le passé est toujours la. Il faut qu’il reste quelqu’un pour s’en souvenir et le faire partager. . .