un seau d’eau, afin de refroidir. L’opération, pour les objets volumineux, était plus compliquée. Une fois décapés, chaudrons et casseroles étaient posés 4 méme le feu de la forge. Ensuite le rétameur, a l'aide d’une grosse cuil- lére de fonte, versait de I’étain liquide dans chacun d’eux, en leur imprimant un mouvement circulaire. II fallait beaucoup d’adresse pour réussir ce que je considérais un tour de force, car la couche d’étain prenait rapidement, ce qui risquait de laisser des zones non étamées. Le soir, a table, bien que mes parents me priaient de me taire, je tenais absolument a décrire, avec force détails, ma journée pas- sée chez les Gitans. Ne leur avais-je pas déclaré, péremptoire- ment que, lorsque je serais grand, je deviendrais rétameur? Le temps de ma jeunesse a disparu, comme ceux qui l’ont en- chantée. Qui se soucie, aujourd’hui, d’une assiette cassée, d’un matelas inconfortable, de couverts rouillés? Personne! Et pour- tant, c’est aux humbles artisans de mon enfance que je dois d’a- voir compris que c’était dans les petits riens du quotidien, que se cachaient les plus grands bonheurs. Robert Momer kkkkkhkeke Le voyage de René Caillié A Mauzé-sur-le-Mignon, petite ville du Poitou a cinquante kilomé- tres de la mer, nait en 1799 René Caillié. Le pére est boulanger. I! gagne peu, boit sans doute un peu trop, et lui vient I'idée d'arrondir ses revenus par des malhonnétetés. Facheuse initiative qui l'en- voie au bagne de Rochefort. René et sa mére vont s'installer a proximité de la prison afin, sans doute, de rendre des visites plus fréquentes au détenu. René a onze ans. Son enfance a été triste et il r6de a présent dans les rues de Rochefort et surtout sur les quais ou il est fasciné par tous ces navires marchands qui revien- nent d'Afrique et d'Amérique, il bavarde avec les marins et les hommes qui déchargent les cargaisons, il réve de partir lui aussi sur un bateau.