«Je suis Québécois, je dis toujours que j'ai mon nid au Québec et toute mon activité en Ontario», laisse échapper le romancier Yves Bre- ton, originaire de Gatineau. «La littérature franco-ontarienne, dans une trés large mesure, se hisse au rang de l’universalité. Je m’identifie comme un auteur bien enraciné dans la francophonie canadienne, mais je viendrais du Nouveau Brunswick, je dirais la méme chose», estime-t-il. Méme son de cloche chez Michéle Matteau qui considére qu’au-dela de toute appartenance a une communauté, ce sont ses différentes ex- périences qui ont fagonné son identité d’écrivaine. «J’écris avec ce que je suis, ce que j’ai lu. Certes, j’ai lu les auteurs franco-ontariens: Poliquin, Dalpé, Desbiens, mais j’ai également inté- gré les ceuvres québécoises et frangaises que j’ai étudié quand j’étais plus jeune», soutient Mme Matteau. Pas une, mais plusieurs littératures franco-ontariennes Quand on demande a Monique Bertoli, directrice générale des Editions du Vermillon, de définir la littérature franco-ontarienne, ses canons, ses themes récurrents; cette derniére répond, avec un léger regard intri- gué: «c'est stir que les auteurs puisent dans le milieu ou ils vivent; mais je ne suis pas certaine qu’il y ait quelque chose qui définisse exactement la littérature franco-ontarienne», dit-elle. lls se nomment Hédi Bouraoui, Melchior Mbonimpa, Franco Catanzariti et font exploser la notion méme de canons en introduisant une nou- velle littérature, elle aussi franco-ontarienne par définition, mais, cette fois, issue de l’immigration. Le premier est un écrivain d’origine tuni- sienne qui a vécu en France et enseigné a Toronto, le second est un Canadien d'origine burundaise. Quant au troisieme, Franco Catanzariti, il est Italien, installé a Ailsa Craig, pres de London. «J’écris en frangais, mais aussi en calabrais , un dialecte qui provient de I’ltalie du Sud. Quand j’écris en calabrais, je suis Italien. Quand j’é- cris en frangais, je me considére comme un auteur francophone de Ontario», affirme M. Catanzariti, auteur de la piéce de théatre Sahel. «Mais ¢a ne veut pas dire que tous mes sujets sont empruntés a la lit- térature francophone. La caractéristique majeure de la littérature fran- cophone, c’est sa diversité», rappelle-t-il. Marta Dolecki L’EXPRESS de Toronto Date : Numéro 39, semaine du 4 au 10 octobre 2005