page 8 L’APPEL Mai 1967 AVEC LUI, EN LUI Par Jacques GENET Ce vieux pélerin, partout étranger, aprés tant d’années de vagabondages, se trouvait cette nuit-la au coeur de la ville. Abandonné par ses forces, il errait, lorsqw’il passa devant une église. Il neigeait. Le vent lui fouettait le visage, ce pauvre visage osseux, creusé de ri- des sur les cdtés, sillonné sur le front, gelé... Quelle nuit! C’était la nuit de Noél. Par les vitraux illuminés, passaient leg notes étouf- fées de Vorgue, guillerettes, chaleureuses, si nouvelles, mais aussi cruelles, de par leur joie, UNE HISTOIRE DE LA COLOMBIE (suite de p. 7) Un exemple frappant de expansion explo- sive de Vancouver, avant la naissance du ving- tiéme siécle, est celui de la création d’un ser- vice urbain de transport en commun. Aprés que la décision fut prise d’étendre un réseau ferré pour omnibus tirés par des chevaux, les lignes et les écuries n’étaient pas encore termi- nées qu’on sauta 4 Vadoption du tramway é- lectrique. Les représentants envoyés dans l’Est pour y acheter les chevaux dirent revendre ceux-ci avant méme de revenir. Jusqu’a son incorporation, Vancouver por- tait le nom de Gastown qui lui avait été donné irrévérencieusement 4 cause d’un propriétaire Vhétel, trés verbeux et connu de toute la com- munauté par le pseudonime “Gassy Jack”. C’est William C. Van Horne, le constructeur de chemin de fer, qui choisit le nom définitif Van- couver, de préférence 4 Gastown et 4 Gran- ville. Quand la crise de croissance sera terminée, Vancouver deviendra une trés grande métro- pole. On peut Vappeler, déja, la porte de 1’0- rient. Le tonnage de son port de mer menace, dés a présent, de dépasser celui du grand port de Montréal. Libre de glace 12 mois par année, quatre chemins de fer y aboutissent: les Che- mins de fer Nationaux et le Pacifique Cana- dien, venant de lest; le Pacific Great Eastern, propriété du gouvernement provincial, venant du nord; et, le Great Northern Railway, ve- nant du sud et des Etats-Unis. Vancouver, ¢’est en vérité la queue d’un entonnoir. L’accés a l’océan Pacifique, par le continent, n’est vraiment pratique qu’a deux endroits: Prince-Rupert, au nord, et Vancou- ver, au sud. C’est Vancouver qui l’a emporté. Favorisé par le climat, par l’industrie et par la population, il est situé en marge de l’une des plus riches régions agricoles au pays: la vallée du Fraser. Les meilleurs souhaits que lon pourrait faire 4 Vancouver sont les suivants: se débar- rasser de sa formule actuelle de gouvernement municipal, donner des pouvoirs élargis 4 une commission de regroupement et de rénovation de V’ensemble métropolitain, une génération dactivistes consciencieux afin que la nature ne soit pas le seul artisan de ce site merveil- leux pour une cité des hommes. leur légéreté, devant ce misérable pélerin vot- té, oublié, ignoré méme. Il grimpa, se hissa plutét jusqu’d la gran- de porte de bois. Les sons lui parvinrent alors plus nets. La neige ne pouvait plus l’atteindre, et sa main déja gelée s’agrippa sur la poignée, cette grosse piéce de fer glacial qui lui brila les doigts encore un peu plus. La serrure céda, mais ce fut au prix d’un effort douloureux qui acheva d’user les forces de son pauvre corps transi, épuisé, cassé... La lumiére Vaveugla. Les notes de l’orgue ne furent plus des notes, mais une assourdis- sante musique qui lui emplit les oreilles, le ra- rima. Péniblement, il se traina, la main droite elissant par a-coups sur le mur de la batisse. Il atteignit un coin d’ombre, le seul peut-étre qui ptt exister alors dans Véglise. La, enfin hors de cette cruelle lumiére, il souleva la téte et pleura. Devant lui, il y avait l’Amour, il y avait la joie, il y avait le bonheur. Tous ces étres ras- semblés fétaient la méme féte, suivaient le mé- me prétre, chantaient le méme chant, priaient le méme Dieu. Tous ces étres si différents, tous ces étres de différentes familles, de différente éducation, de différente profession, de diffé- rentes idées politiques, gofitaient la méme joie, communiaient au méme amour du méme Dieu. Et lui, vieux pélerin, vieux vagabond, s’ou- blia. Lentement, il se redressa, reprit forme, et joignit le peuple des fidéles, sans pourtant changer de place. Ses deux bras tout 4 l’heure si misérables, eh bien ses deux bras s’élevérent et, tendus a l’extréme vers cet autel, la-bas, y apportérent sa participation 4 la communion spirituelle. Une fois de plus un chant s “éleva, et ce n’était qu’une seule voix humaine, qu’un seul coeur, qui disait son amour et sa joie. Lorsque le vieillard sortit, c’était toujours un vieillard, mais un vieillard heureux, jeune dans son coeur, dont les oreilles bourdonnaient encore de musique, dont l’4me chantait encore sa joie. Non loin, dans un café, un ivrogne feétait Noél dans un autre excés de boisson; demain, il aura oublié. Dans cette famille, Yon féte uniquement avec des cadeaux, et un repas gi- gantesque ; demain le repas ne sera que sou- venir, et bientét les cadeaux auront rejoint le monde des oubliés. Il n’y a qu’en Dieu que l’on peut féter au vrai sens du mot. Et la féte donne au coeur un élan qui marque le cours de notre vie. u n’y a qwavec Dieu que lon peut Aimer. Il n’y a qu’en Lui que nous trouverons l’Unité. N’est-il pas Lui-méme “Amour”? Et ce n’est qwen Amour que l’on Aime... et ce n’est qu’en Amour que l’on est Un. wy Le Service compétent et complet d’impressions Aussi prés de vous que votre téléphone Pere i. 505. Austin,, Coquitlam Rv Tel 939-7287