Information L'Ouest canadien propice aux meurtres Suite de la premiére page l’Ontario enregistrent un taux supérieur a la moyenne nationale (2,47), alors que les provinces de lest ont un taux inférieur 4 la moyenne. Conformément a cette tendance, la Colombie-Britanni- que et l’Alberta ont respective- ment déclaré des taux de 3,51 et 3,00. Toutes les provinces de 1’ Atlantique ont affiché des taux inférieurs a Canada (c’est a dire les zones ayant unnoyau urbain d’au moins 100 000 habitants), celle de Régi- na a enregistré le taux le plus élevé (4,72) suivie de celle de Saskatoon (4,39). Vancouver arrive en sixi¢me position der- riére Edmonton, avec un taux avoi- sinant 3,5. La région métropoli- taine de Montréal, qui avait affi- Rate per 100,000 population prévenu (soit 510 sur 656), la victime a été tuée par un membre de sa famille dans 37% des cas et par une connaissance dans 40% des cas. et prés de la moitié des homicides ont été commis au lieu de résidence de la victime. Rien d’étonnant 4 cela pour Ezzat Fattah: «!’ homicide est un crime de relations, de contact. Le mo- Taux pour 100,000 habitants 4 2,00 (pour 100 000 habitants). «C’ est une tendance difficile @ 3 |— expliquer car plusieurs facteurs entrent enli- , gne de compte» affirme Ezzat Fattah. Selon le criminologue, l’aug- ' mentation du taux de criminalité d’est en , ouest «suit de trés prés la mobilité de la popu- lation, qui se déplace aussi de est vers I’ ouest», «En Colom- bie-Britannique, poursuit-il, ce phénomene peut s’ expliquer par un style de vie particulier. Ici il n’y a pas que le taux de crimina- lité qui soit élevé, mais aussi le nombre de divorces, de suicides, d' avortements: tous ces phéno- meénes sont reliés». Si l’on affine l'étude a l’échelle des grands centres ur- bains, les plus grandes villes du Canada ne se révélent pas les plus car, une nouvelle fois, ce sont les villes de !’Ouest qui arrivent en téte. Parmi les 25 gran- des régions métropolitaines du Taux d'infractions d'homicide, Canada et les provinces, 1990 Que. Ont. Qué. _ché le taux le plus élevé en 1989, a chuté de 17% pour se retrouver au septiéme rang en 1990. Toron- to, la plus grande ville du pays, ne figure qu’en quinziéme position. La victime connaissait l’assassin Si l’étude de Statistique Canada nous apprend que |’on tue davantage dans l’ouest du pays, elle nous enseigne aussi que la plupart des crimes de sang se dé- roulent au domicile de la victime et que dans 77% des cas, la vic- time connaissait son assassin. Ainsi, en 1990, pour l’ensemble des affaire od I’on a identifié un 0 Alta. B.C. Alb. C.-8. Source:Statistique Canada bile du crime ne se développe pas dans le vide, il s’accroit lorsque les gens sont en contact». Pour étre encore plus précis, 74 fem- mes ont été tuées par leur con- joint, 34 enfants ont été tuées par un de leur parent, 26 hommes ont été tuées par leur conjointe, 16 parents ont été tués par un de leurs enfants et 10 personnes ont été tuées par leur frére ou leur soeur. «L’ émotion est essentielle pour engendrer I’ usage de la vio- lence, poursuit le criminologue. Il n’ est pas facile, par exemple, de rompre des relations familia- les: la violence devient alors un moyen de résoudre le conflit. C’ est Editorial Le gouvernement fédé- ral se veut le porte-parole et le défenseur du bilinguisme au Canada. Mais il doit aussi as- sumer les conséquences de ce choix. L’une d’elles est de pro- mouvoir et d’assurer la co- existence de deux cultures, celle de la majorité et celle des -minorités, spécialement la communauté francophone dans les provinces anglopho- nes et la communauté anglo- phone au Québec, donc la Presse francophone: crise d'identité promotion du caractére bicultu- rel. Pour assurer le développe- ment des minorités francophones, la communication en frangais par l’intermédiaire des journaux, de la télévision et de laradio (notam- ment Radio-Canada) est essen- tielle. Le gouvernement canadien a fait un pas dans la direction opposée en coupant le budget de l’auguste société d’Etat. Mainte- nant, le gouvernement, par le biais de Postes Canada et du ministére UN ¥ UN des Communications, met en péril la survie des journaux fran- cophones publiés hors du Qué- bec. La promotion du bicultu- ralisme ne semble plus étre une priorité canadienne. En effet, la hausse inna- ceptable des tarifs postaux si- gnifie la mort 4 plus ou moins court terme de la presse fran- cophone minoritaire. Ne sachant plus 4 quel saint se vouer (aucune catégorie définie), les journaux - pour la plupart des hebdomadaires - font face a une crise d’identité, périodi- que ou journal. : Par exemple, si le Soleil de Colombie est classé comme journal, les cofits postaux se- ront plus élevés que les frais d’imprimerie, une réalité tout a fait inconcevable pour un organisme non subventionné. Avant que le probléme s’envenime, le gouvernement doit songer 4 l’application d’un tarif préférentiel aux publica- tions francophones ou le re- tour a l’ancien systéme. Ainsi la réalité biculturelle canadienne pourra s’épanouir sainement. Daniel Bélanger Vendredi ler novembre 1991 Le Soleil de Colombie d ailleurs pourquoi les homici- des sont souvent spontanés et non pas prémédités». Rappelons toutefois que les homicides représentent moins de 1% de l’ensemble des crimes avec violence rapportés au Cana- da. Car chaque année, il se com- met presque une fois et demie plus detentatives de meurtre, cing fois plus de suicides et au-dela, 200 fois plus de voies de fait que d’homicides au Canada. Renaud Hartzer Etats-Unis Quatre fois plus d'homicides Les villes canadiennes paraissent décidemment bien tran- quilles comparées a leurs voisines américaines. Si l’on compare deux cités aussi semblables du point de vue géographique, topo- graphique, économique et culturel que Vancouver et Seattle, le fossé apparait immense. «La comparaison entre ces deux villes est trés intéressante» commente Ezzat Fattah, professeur de criminologie a l’université Simon Fraser. «J n’y aurait, objecti- vement, aucune raison que le taux d’ homicide soit différent: les habitants des deux villes sont exposés aux mémes médias, leur culture est proche et on franchit la frontiére sans méme s’en apercevoir». Et pourtant. Seattle affichait en 1988 un taux d’homicide de 11,1, soit un chiffre presque quatre fois plus élevé que Vancouver, située sculement a quelques 250 km de distance. Une disparité qui se retrouve au niveau des statistiques nationa- les puisque l’estimation provisoire du nombre d’homicides sur- venus aux Etats-Unis en 1990 (23 650) se traduit par un taux de 9,51 presque quatre fois plus élevé qu’au Canada (2,47). Windsor et Détroit: le jour et la nuit Le contraste se révéle encore plus frappant entre Windsor et Détroit. La cité ontaricnne affichait en 1990 un taux d’homi- cide de 2 pour 100 000 habitants. A quelques centaines de metres, del’autre cOté de la frontitre, voila Detroit, ses usines au- | tomobiles et son incroyable taux d’homicide de 58 pour 100000(*). Y a-t-il donc une raison valable pour laquelle on tue 25 fois plus a Detroit qu’& Windsor? Ezzat Fattah ne voit qu'une ex- plication plausible: «!’ accessibilité et la disponibilité des armes afeuaux Etats-Unis», tandis que!’ achat et la possession de telles armes, déja strictement réglementées, ont été encadrées de fagon encore plus draconienne au Canada depuis 1978. C’est ainsi que les massacres a l’arme semi-automatique comme celui du 16 octobre dernier a Killeen au Texas (dans lequel 22 personnes ont trouvé la mort) sont quasiment inexistants au nord du 49¢me paralléle. Le massacre de jeunes étudiantes de 1’école Polytech- nique de Montréal en décembre 1990, qui avait traumatisé le pays tout entier, demeure ainsi tout a fait exceptionnel. R.H. (*) Detroit détient le plus fort taux d' homicide aux Etats-Unis derriére Washington, ou ce taux s’ établissait - record absolu - 4 59,5 en 1988. Le Soleil de Colombie Le seul journal en francais de la Colombie-Britannique Président-directeur: Jacques Baillaut Rédacteur en chef: Daniel Bélanger Gestion, administration, publicité: Jacques Tang Journaliste: Renaud Hartzer Réalisation, mise en page: Suzanne Bélanger Correspondant national: Yves Lusignan (Agence de presse francophone) Collaborateurs: Claudine Lavallée, Tima Sekkat, Jean-Claude Arluison, Jean-Claude Boyer Collaborateurs Arts et spectacles: Marie-Louise Bussiére, Nigel Barbour, Marie Michaud Ouverture du journal: 9h 4 17h, du lundi au vendredi Toute correspondance doit étre adressée au Soleil de Colombie, 980 rue Main, Vancouver, BC, V6A 2W3. Les lettres a la rédaction seront publiées 4 condition que leur contenu ne soit pas diffamatoire et qu'elles soient signées. Tél: (604) 683-7092 ou 683-6487. Fax: 683-9686. L'abonnement annuel coiite 21,40$ au Canada, 26,75$ 4 l'étranger. Le journal Le Soleil de Colombie est publié par Le Soleil de Colombie Ltée. Enregistré comme courrier de deuxitme classe. No 0046. - TPS No R 103242624