Le Moustique Volume3 - 9*° édition Septembre 2000 veux de Mots. Andréa Tischhauser Quel rdpport entre un artichaut, du coton, une aleéve e& un medtelds ? C’est que tous ces mots — et bien d’autres — nous viennent de !’arabe. La civilisation arabe était bien plus avancée aux Xe et XIe siécles que les peuples vivant en Europe, y compris les ‘francophones’ d’alors : une population de souche celtique, latinisée puis mélangée aux Francs, Normands et autres Germains, et parlant toute une série de patois romans, ancétres du frangais d’aujourd’ hui. Aux Arabes nous devons le sucre. Pas seulement le mot, mais aussi la substance elle- méme, puisque les Arabes ont été les premiers a importer la canne a sucre en Europe. Nous leur devons aussi le coton, le safran, les artichauts, la caroube et les oranges. En Espagne et au Portugal, ot l’influence nord-africaine a été plus forte qu’en Italie ou en France, les Arabes ont méme légué leur article ‘al’ dans ces mots. C’est pourquoi les Espagnols parlent d’azicar, d’algodon ou d’azafran. Méme des plantes du terroir gaulois ont adopté des noms arabes, comme le nénuphar. Ce beau nom nous fait réver aux Milles et une Nuits mais, en arabe, ninufar signifie ‘racine bulbeuse’ : trés avancés en médecine, les Arabes se servaient en effet de la racine du nénuphar a des fins anaphrodisiaques ! De la médecine arabes nous devons aussi la soude (signifiait migraine), le muse (drogue), la momie (résine servant 4 embaumer), le sirop (boisson), la nuque (idem) et la raquette (paume de la main). Les Arabes n’ont pas seulement apporté la science aux Occidentaux ; ils leur ont fait connaitre le luxe de la vie privée. I y a naturellement les ‘arabesques’ en architecture (puis en danse), la maroquinerie (du Maroc), les matelas et les alcéves. Avec le commerce des épices, les Arabes ont apporté le mot ‘magasin.’ Plus connus comme étant d’origine arabe, nous avons |’alchimie, |’alambic, |’alcool, le borax, l’algébre, le chiffre et le zéro. Encore plus connus, mais aussi plus récents dans la langue francaise, nous avons le haschisch (herbe) et l’assassin (buveur de haschisch ; les brigands de grand chemin aimaient bien en consommer, parait-il), mots importés au XVIe siécle. Encore plus récents et réservés a l’argot : le bled (village) et le toubib (médecin), adoptés au XIXe siécle lors de la présence frangaise en Afrique du Nord. J’ attends vos commentaires a atischhauser@home.com