Lat init Leg tp L’>homme le plus fort du AUX EDITIONS VICTOR-LEVY BEAULIEU: par Ben WEIDER CHAPITRE IX Suite Les recettes se ressenti- rent aussi de cette absence de compétition. Louis et sa femme comprirent la lecon. Ils firent eux-mémes courir le bruit que Louis avait eu une phase particuli¢rement propice et qu’a plusieurs reprises il avait dans le privé failli étre égalé par des hommes forts de rencontre. Ceci rendit courage a quel- ques costauds et de nouveau Louis put faire face des compétiteurs. Toute sa vie, Louis appli- ua les mémes principes. II ne forca jamais plus. Jamais il ne s’employa plus qu’il ne fallait pour battre ses adver- saires; et encore avait-il soin” de ne les dépasser que d’une marge aussi faible que possi- ble afin de ne pas les dé- courager et surtout de ne pas décourager d'autres ad- versaires possibles. Sa victoire sur Pennell eut des répercussions d’autant plus grandes que |’Améri- cain était l’idole de son pays depuis le jour, lointain déja, ou il s’était imposé comme le roi dela force en surclas- santdans tous les domaines tous ceux qui avaient osé Uaffronter. Non seulement il était le meilleur leveur de poids, mais aussi le-meilleur lanceur de ballé de»basesball, et l'empereur du bras de fer. Louis parcourut surtout, au cours de cette visite aux Etats-Unis, les états de la Nouvelle-Angleterre. Aprés quoi, il remonta au Canada ou l’'attendaient de nouvelles tournées et de nouveaux succés. Cette vie, tantét errante, tant6ot plus stable 4 Mont- réal, dura prés de trois ans. L’un des moments les plus fameux de cette époque fut le célébre soulever d’une plate-forme chargée de 3,536 livres. I] réalisa ce tour ce force 4 Berthierville le ler octobre 1888. : Gus Lambert, | ami de Cyr. Louis préférait travailler avec des haltéres séparés plut6t qu’avec des barres. Cela provenait de son volu- me qui s’était encore ampli- ' fié. Tl pesait 4 cette époque plus de 300 livres. Il avait beaucoup perdu de sa sou- plesse mais avait gagné énormément en force. Tous ses levers comprenaient en général trois mouvements, le soulever du sol jusqu’aux cuisses mais sans les tou- . cher, le passage des cuisses — aux épaules, et le développé { f De ee ee ee ee a ee des épaules a bout de bras, le tout trés lent. Normalement, le grand effort pour tout étre normal c'est d’amener le poids des cuisses aux épaules. Pour Louis, ce fut toujours un jeu d’enfant. Il coupait littérale- ment le souffle a tous les spécialistes par l’aisance avec laquelle il maniait les poids une fois qu’ils avaient atteint la hauteur de sa cuisse. Le volume de sa musculature dorsale était tel que c’est d’amener les poids du sol aux cuisses qui posait pour lui des problémes. En 1889, a Saint-Henri, dans le Québec, Louis réus- sit un lever qui fit grand bruit a l’époque: il éleva d’un bras un haltére de 265 livres a bras tendu au-dessus de sa téte. ‘ : pee Sein Sandow, fy homme forts:. oio96 : = Quelques années plus tard, le célébre Eugen San- dow, dont nous aurons |’oc- casion de parler plus loin, prétendit avoir battu ce record de quatre livres. C’é- tait la une prétention abso- lument injustifiée. Tl est exact que Sandow amena au-dessus de sa téte 269 livres. Mais comment le fit-il? Voyons les deux hom- mes en action: Sandow amenait l’haltére a l’épaule a deux bras, en fléchissant les jambes et en se glissant littéralement sous la barre. Puis il emplo- yait le style du dévissé (le “bent-press” dont nous avons déja parlé). Louis Cyr prenait l’haltére d’une main, droit devant lui, sans plier les jambes, I] l’amenait a l'épaule toujours d’un seul bras, sans fléchir le dos, et il le montait 4 bout de bras, le torse immobile. Sandow ne pouvait méme pas réver d’essayer pareille chose. Ce qui frappait chez Cyr a cette époque et qui a été relevé par tous les médecins et les spécialistes qui l’ont approché, c’est le fantasti- que volume et l’invraisem- blable puissance de-ces cuis- ses et de ses reins, sans parler de ses mollets. Louis Cyr approchait de ses 25 ans; comme on I’a déja dit, il était devenu énorme. Tl commengait 4 payer un de ses rares, sinon unique dé- faut, la gloutonnerie. On ne peut appeler autrement ce besoin, cette passion qu’il avait de manger et manger encore. * ESSE UAR A EASE Tout petit enfant déja, il avait été imprégné de l'idée, chére a son grand’pére, qu’il faut manger pour étre fort. Lorsqu’il avait une activité de jeune homme, courant, sautant, dansant méme, tra- vaillant dans les champs ou sur les chantiers de longues heures par jour, le mouve- ment équilibrait la quantité de nourriture absorbée. Avec le succés, il mena une vie infiniment plus sédentai- re. Son appétit, lui, ne dimi- nua pas et il en résulta une augmentation de volume et une détérioration lente mais sire de l’organisme. Ayant encore augmenté sa renommée d’homme fort en soulevant, le 5 décembre 1890, 490 livres d’un seul doigt, Louis Cyr étonna défi- nitivement le monde. Son nom devint célébre aussi bien sur ce continent qu’en Europe, ou l’intérét pour les hommes forts et les tours de force était alors 4 la mode du jour. CHAPITRE X RENCONTRE AVEC LES EUROPEENS VOYAGE : EN ANGLETERRE Alors que Louis Cyr éton- nait le continent nord-amé- ricain par ses exploits et son sens du spectacle, la vieille Europe vivait le plus joyeu- sement possible cette pério- de de prospérité et de paix qui fut appelée plus tard, a tort ou a raison, “‘la belle époque”. En Angleterre, comme en France, le caprice du jour s‘était emparé des hommes forts. Tout le monde était a l'affit des distractions les plus variées. Les hommes en maillot collant, aux épaules en armoire normande, aux biceps comme des jambons et aux grosses moustaches, attiraient des foules énor- mes. Les gros gars chan- geaient leurs noms, ordinai- res en général, contre ceux plus ronflants et sugges- tifs qui désignaient dans la mythologie les champions de - la virilité et de la force. C’était I’époque ot s’exhi- baient les Titan, Cyclope, Atlas, Vulcain, Samson, Attila, sans oublier I’énorme Apollon. Le Cyclope, homme fort Les contacts du Nouveau Monde avec I’Ancien étaient loin d’étre aussi faciles qu’ils le sont devenus aujourd’hui. Les échos de la gloire de Louis Cyr parvenaient bien jusqu’a Londres et Paris, mais assourdis et souvent versés au crédit de la publi- cité tapageuse et en général trés surfaite, qui était de ri- gueur dans les milieux de la force a la fin du_ siécle dernier. La plupart de ces colos- ses européens étaient gigan- tesques et plutot envelop- pés. Ce fut une véritable révolution lorsqu’un astu- cieux Allemand, qui devait prendre le nom de Sandow et le rendre célébre dans le monde entier, arriva en-An- gleterre et forca l’admira- tion des foules non seule- ment par une force physi- que exceptionnelle, mais surtout par une harmonie musculaire et un délié sans précédent. Sans un pouce de graisse, trés développé et merveilleusement _ propor- tionné, Sandow était une vé- ritable statue antique. Il augmenta encore I’inté- rét du public pour les tours de force. Apprenant l’existence de tous ces hommes forts euro- péens, Louis Cyr fut pris d'un sérieux désir de les ren- contrer. Notre continent commencait déja a attirer, par sa richesse, les célé- brités européennes; aussi, avant d’aller affronter les Hercules européens sur pla- ce, le Canadien eut l'occasion d’en rencontrer quel- ques-uns chez lui, ce qui devait le mettre en appétit. Miller, champion lutteur Le premier des nouveaux envahisseurs de notre conti- nent, fut un fier 4 bras allemand, qui s’appelait Sé- bastien Miller. fl avait fait le vide autour de lui en Euro- pe, ou du moins il le pré- tendait. Il était certaine- . ment d'une force peu comm- ment d’une forrce peu commune, qui le rendait trés sir de lui. 11 arrivait avec la ferme intention de rencon- trer Louis Cyr au plus vite. Il fut surpris par la faci- _ lité avec laquelle Louis ac- cepta. En fait, le Canadien, en pleine possession de ses moyens, avait éliminé, avec toutes les précautions possi- bles d’ailleurs, pour ne pas effaroucher les suivants,tous les adversaires qui lui avaient été opposés. Il était enchanté de renouveler son numero. Le match fut signé a Montréal. et la préparation de la rencontre commen- ca. Les deux adversaires Le Soleil de Colombie, Vendredi 9 Décembre 1977 11 étaient confiants en leur propre force, mais cela ne les empéchait pas de se méfier l'un de l'autre. De nos jours une telle méfiance se serait traduite par un entraine- ment progressif, surveillé par des techniciens, savam- ment calculé pour amener la condition physique a son point optimum le jour de la rencontre. Des précautions seraient prises pour éviter tout surmenage a la veille du match. Mais on vivait 4 une xk monde autre époque. Pratiquement l'avant-veille de la rencon- tre, Louis Cyr, par exemple, donnait une exhibition au cours de laquelle pendant prés de deux heures il forca autant qu'il le put. II battit méme un de ses records pré- cédents en chargeant d’une seule main sur son épaule un baril de ciment pesant 314 livres. A suivre * OK _En bref_ L’émission des timbres courants de 50c., 60c. et 75c. représentant-des scénes de rue n’a pas eu lieu le 7 décembre comme prévu. Un arrét de travail chez Vimprimeur a causé un ra- lentissement de la produc- tion. On ne peut préciser la date d’émission pour |’ins- tant. 2 ER a a a a ROND-POINT ’78: a I’occa- sion de son assemblée an- nuelle, l’ACFA (I’Associa- tion Canadienne-Francaise de |’'Alberta) organise une grande rencontre, Rond - Point '78, 4a Edmonton, les 20, 21 et 22 janvier pro- chains. DENVERS — Curieuse ex- périence a4 Denver. On a placé dans une méme cage un mannequin richement vé- tu et un lion. Le lion I’a senti, a rugi et s'est éloigné. Puis on a placé avec le méme mannequin de platre, tou- jours vétu de riches toilettes féminines, une lionne. En moins de 30 secondes, tout n’était plus que miettes et lambeaux... RK Lameilleure fagon de prendre soin de votre corps? Utilisez votre téte! d’annonces classées. Le Soleil de Colombie, 3213 rue Cambie, Abonnez-vous aujourd hui méme! ! et vous recevrez un livre de poche en francais... _ Soyez au courant des diverses activités ayant lieu en francais en Colombie-Britannique. Ayez une idée de la politique fédérale en ce qui touche les droits des | citoyens francophones au Canada. En recevant “Le Soleil” toutes les semaines, vous recevez aussi le TELE SOLEIL, horaire détaillé des émissions de télévision de CBUFT. Vous pouvez suivre nos bandes dessinées, faire nos mots croisés, avoir un coup d oeil sur le sport, lire nos commentaires et éditoriaux. Le Soleil, c’est toute une aubaine pour qui veut vendre, louer, échanger quelque chose ou encore trouver du travail ou en offrir... par notre service gratuit Jusqu’au ler Janvier 1978, tous les nouveaux abonnés au Soleil recevront comme prime un livre de poche en francais d’une valeur de $2.00. Vous pouvez . aussi abonner vos parents, vos voisins et vos amis et recevoir un livre de poche différent chaque fois. “LE SOLEIL, C'EST TOUTE UNE AUBAINE” Vancouver, C.B. V5Z 2W3 Veuillez trouver ci-joint la somme de $ abonnement ou renouvellement au SOLEIL DE pour un COLOMBIE. “Nom: Adresse:. 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