20 e Le Moustigue | .., Pacifique — Hymne a Ia nuit Immense Nuit, profond mystére Ot l'esprit flotte, agitant son flambeau Comme un fanal au mat d'un noir vaisseau Roulé sous des cieux sans lumiére. . . Au fond des temps, jours du chaos preniier, En des lieux vides et funébres Dormaient d'insondables ténébres: Informe argile, attendant le Potier. Mais si la nuit couvrait le monde, Si rien n'était, que vague inanité, L'Esprit voyait, dans cette obscurité, L'oeuvre lumineuse et féconde. L'oeuvre ou la Nuit, transformée en rayons, Deviendrait la mére des étres; Mére des astres, les ancétres, Et mére aussi de I'humble moucheron: Mere de l'homme! .. . 6 grande mére, Laisse-moi voir jusqu'au fond de ton coeur ... Sorti de toi, je vais au Fossoyeur Qui te remettra ma poussiére. Ah, je t'en prie, avant que dans ton sein Je retourne a jamais attendre, O mére, laisse-moi comprendre L'obscur secret de ton vaste dessein. t Je crois en toi, mére, et je t'aime. Mais fais plus forts mon amour et ma foi Pour que, sans trembler, je retourne en toi, O Nuit, comme en la splendeur méme. George Bugnet