Il est peut-étre difficile aujourd’hui d’imaginer ce qu’était la vie des pionniers venus il y a une centaine d’années développer les territoires de la C.B., ce qu’étaient leurs occupations quotidiennes, alors qu’ils devaient se suffire a eux-mémes, les services de l’appro- visionnement ainsi que les communications n’étant pas disponibles comme ils le sont de nos jours. DE L‘INGENIOSITE ET DES RESSOURCES NATURELLES Le canot sur les lacs et les riviéres, le cheval par voie de terre ne permettaient pas d’avoir beaucoup en matiére de possessions person- nelles. II fallait donc, pour compenser, user de bonne volonté (courage et détermination), d’imagination et d’habileté. La maison était une cabane de rondins a la toiture engazonnée et au sol de terre battue; pour balai une poignée de branches de bouleau et pour s’éclairer le soir une soucoupe de gras avec une ficelle en guise de méche, voila de quoi situer le cadre de vie des pionniers de I’Okanagan, selon le témoignage recueilli par Mary-Gabriella Orr (“Pioneer Housekeeping in the Okanagan” dans Pioneers’ Days in B.C., 1979, Heritage House Publishing Co. Ltd. p. 120-123), ses grands-parents auraient été les premiers en 1887, a s’établir sur la rive Ouest du Lac Okanagan, au promontoire de la Riviére a la Truite (Trout Lake point) dans ce qui est, aujourd’hui, le district de Summerland; “C’était une terre d’abondance, avec un lac pour voie de communication, un climat merveilleux et beaucoup de possibilités. A cette époque les pionniers se suffisaient presque a eux-mémes, la nature leur procurant tout, sauf la farine, le sucre, le sel, le thé et café, l’habillement et un fourneau. Il y avait du poisson que l’on mangeait frais ou que l’on préservait salé dans des barils de bois pour l’hiver. Pour les manger, Grand- mére les faisaient tremper toute la nuit dans l’eau froide avant de les faire cuire. Il y avait des perdrix en quantité. Grand-mére prenait sa carabine .22 et allait dans les brousailles en tirer une demi douzaine pour un repas. Il y avait des chevreuils et c’était tout un cuissot qui était préparé chaque fois au four. Il y avait toujours des hommes affamés a nourrir. On trouvait des quantités de framboises sauvages et d“olallies” LA VIE DOMESTIQUE DANS LE VIEIL OKANAGAN (Saskatoons). Plus tard des plants de groseilles rouges et blanches et de groseilles 4 maquereau venus de la Mission de l’‘Okanagan furent plantés.” MOBILIER ET OUTILS Au début les grands-parents Gartnell n’avaient ni mobilier, ni outils mais ils ne manquaient pas d’ingéniosité. “Ils avaient de la paille dans des housses pour matelas; ils lavaient les vétements a la main avec une brosse sur une planche a laver dans une basine d'eau. Cétait l’epoque des fers 4 repasser chauffés sur le fourneau, certains étaient faits d’une seule piéce et la poignée devenait brdlante; plus tard, ils furent fabriqués avec une poignée détachable qui parfois lachait au mauvais moment. Grand-mére faisait son savon avec des déchets de graisse et des cendres trempées dans de l’eau pour en extraire la soude. Elle fabriquait des bougies dans un moule, mais auparavant, la lumiére le soir provenait d’une soucoupe de graisse dans laquelle trempait une ficelle pour méche. Plus tard il y eut les lampes a huile dont il fallait couper la méche, nettoyer les verres et remplir fréquemment le réservoir. Quant il y eut des planchers, c’est a quatre pattes qu'il fallut les frotter, avec une brosse et une serpillére.” LES ANIMAUX ET LES PRODUITS DE LA FERME Comme la plupart des pionniers établis a cette €poque dans la vallée, les grands-parents Gartnell avaient quelques chevaux et aussi une vache ce qui était d’une grande valeur car ainsi ils avaient du lait avec tous les sous-produits qu’on en tire. Il n’y avait pas alors de séparateur de créme: le lait était placé dans une série de plats couverts de linge; la créme montant 4 la surface était enlevée avec une écumoire émaillée laissant échapper le lait écrémé; celui-ci était donné aux veaux et cochons. La créme non utilisée servait a faire du beurre dans la baratte. Avec une palette le beurre était tassé dans un bol a beurre en bois pour éliminer tout liquide jusqu’a ce qu'il soit sec, il était alors salé selon le gout.