Environnement Canada Le Soleil de Colombie, vendredi 14 aotit 1987 - 5 Des cowboys 4 Il'assaut des montagnes En un peu plus de trente ans, le service des Parcs d’Environne- ment Canada a vu le nombre de ses sp€cialistes alpins passer de quelques-uns a peine, a une équipe nombreuse d’hommes expérimentés et bien entrainés dont l’expertise est reconnue dans le monde entier. Les gardes des parcs nationaux répondent en moyenne a une centaine d’appels de secours par année, pour des alpinistes et des skieurs. L’excellence du programme des opérations de secours est due en grande partie au travail du guide ‘suisse Walter Ferren et de ses successeurs Willi Pfisterer et Peter Fuhrmann. Le service des Parcs a toujours eu la responsabilité des opéra- tions de secours, mais jusqu’au milieu des années ’50, lors d’accidents d’alpinisme, on récla- mait ]’aide des membres du Club alpin ou des guides suisses a l’emploi du Canadien Pacifique. Le service des Parcs savait déja depuis quelque temps qu'il avait besoin d’experts en alpinisme. En 1954, quatre Mexicaines et leur guide étaient morts aprés une chute de 600 m dans un précipice au mont Victoria, prés du lac Louise. Trois autres alpinistes du méme groupe avaient été rescapées par l’€quipe de gardes ‘suisses du GP, sous la direction du guide renommé Ernest Feuz, .alors agé de 65 ans. Les Parcs ont appris avec inquiétude qu’a la retraite de _ Feuz, en 1955, les opérations de secours du CP se termineraient également. Walter Perren a été engagé pour mettre sur pied un programme d’entrainement pour les gardes en techniques d’alpi- nisme et de secours. Trente ans plus tard, les gardes des pares nationaux ont une réputation internationale d’excellence et de succés. La tache de Perren consistait vraiment a cowboys en alpinistes. A cette ‘€poque, la plupart des gardes pouvaient monter un cheval sauvage et faire les noeuds nécessaires pour bien équilibrer la charge d’un animal de bat, mais ils ignoraient tout de lalpinisme. «A la premiére école d’escalade en 1955, les mots d’encourage- ment de Perren sont vite devenus un refrain connu : Un tout p'tit peu plus haut». Perren est mort de leucémie en 1967. Peter Fuhrmann et Willi Pfisterer ont alors été engagés comme spécialistes alpins pour la région de l'Ouest, le premier a Banff et l'autre a Jasper. Ces deux alpinistes expérimentés ont conti- nué l’oeuvre de Perren pour développer la compétence de l’équipe de secours. «Au début, nous travaillions avec tous les novices,» dit Pfisterer, qui vient tout juste de prendre sa retraite. «J/ n’y avait pas assez de gardes entrainés, ni d'équipement pour tout ce qu’ y avait a faire et la tadche du spécialiste alpin était trés lourde.» «Nos gens sont maintenant trés compétents et stje fais une erreur transformer des tout lemonde s’en rend compte... Dans un sauvetage, maintenant, chacun satt ce qui va se passer et connait ce quil a a fazre.» «Parcs Canada a adopté tout ce quil y avait de bon dans les techniques des autres pays.» Des chiens sont employés a la ‘suggestion de Pfisterer, qui les avait vus a l’oeuvre dans son Autriche natale et le reste de l’Europe. Alf Burstrom, garde a Jasper, est devenu le premier maitre-de- chenil. Il n’a pas pris grand temps a prouver la valeur de son chien Ginger pour retrouver les victimes d’avalances ou _ les visiteurs égarés. Peter Fuhrmann, a Banff, a introduit I’hélicoptére ce qui a apporté un changement majeur dans les techniques de secours. Les gardes peuvent maintenant atteindre le site d’un accident beaucoup plus rapidement. Au besoin, un ou deux d’entre eux, suspendus 4 un harnais spécial sous l’appareil, peuvent étre déposés 14 ow I’atterrissage n'est pas possible. Les Parcs, qui sont aussi impliqués dans les opérations de contréle des avalanches, ont joué un réle de pionnier dans ce domaine, principalement sur la Transcanadienne dans le col Rogers. Plus tard, le service a conduit ce méme genre d’opéra- tions sur d'autres routes, y compris celles des _ stations de ski. Le ministére de la Voirie pour la Colombie-Britannique s'est inspiré du programme des Parcs pour établir des écoles de contréle d’avalanches. Deux organisations ont alors été créées, le Canadian Avalanche Associa- tton et le Mountazneering Council. «On a été impliqué partout,» explique Pfisterer, «parce qu'on était juste un peu en avance sur les autres.» Pfisterer et Fuhrmann ont tous les deux fonné des_ sessions d'entrainement pour les gardes dans d’autres parcs que ceux de Jasper et Banff. Pfisterer a travaillé en 1970 a préparer un plan d'action pour le parc national Kluane. «A ce moment-la, seulement le Willi Pfisterer [Photo Harry Rowed] [Photo Environnement Les artless 22 SE EES des Soe secours [1962] arcs National Geographic Magazine et (Bradford) Washburn de Boston, avatent des photos de reconnatssance aérienne de cette région,» dit Pfisterer. «On a bien changé tout ¢a> Tous les deux ‘ans, Pfisterer et d’autres gardes_ escaladaient différentes montagnes dans le parc, établissant des cartes et prenant des photos, décidant ensuite ot établir les camps a haute altitude. Les gardes se sont fait rappeler brutalement Tlimportance de bien connaitre le terrain lors d’un sauvetage dramatique l’an der- nier, dans les Rocheuses. Pendant une éclaircie dans une tempéte, les gardes ont réussi a atterrir sur le flanc du mont Robson, et ont essayé d’en atteindre le sommet, malgré la neige et l’obscurité. Clair Israelson, un membre de léquipage de secours, explique .que Pfisterer utilisait une radio pour guider les hommes, pas a pas sur le trajet a suivre. «Pfisterer connatssait vraiment cette montagne! Allez a gauche, disazt-il, ou bien, maintenant, un petit peu vers la droite.» Finalement Israelson annonce par radio : «Willi, je suts sur un petit bout pointu, et c’est bien a ‘pic de tous les cétés.» Aprés une pause, une voix a l’accent autrichien, reprend «Tu t’es encore trompé. C’est le sommet!» Pfisterer et Furhmann ont établi sur des bases solides le programme de sécurité du public dans les parcs nationaux des montagnes. Ils ont été témoins de changements dramatiques dans les techniques, l’€quipement et le style. Le niveau de compétence des gardes et des alpinistes amateurs est bien plus élevé qu’au début. «Ilya de nos jours un plus grand ‘pourcentage de véritables acct- dents, c’est-d-dire quitls peuvent se produtre n%tmporte quand, pour nimporte qut,» dit Pfiste- rer. «Les alpinistes sont plus nombreux et hien meilleurs, mats ils essaient aussi de plus grands exploits.» En cas de malchance ou d’accidents d’alpinisme dans les Parcs nationaux, il est réconfor- tant de penser que des €quipes de secours, parmi les meilleures au monde, sont prétes a partir a la recherche des malheureux visi- teurs. Les gardes de parc effectuent encore des patrouilles a cheval, mais ils se débrouillent aussi bien avec pitons et mousquetons qu’avec sangle et brides. LA DEUXIEME LUNE DES FRANCAIS (SHS) Pour commémo- sculpture géante... en orbite. Rien de moins! Cette scul; serait « formée d’un long tube gonflable de 24 kilomé- tres de circonférence, fabriqué d’un de Kevlar et Mylar, des perles 4 un collier, cents ballons réfléchis- sants de six métres de diamétre. Placée dans un container et propul- sée en orbite par une fusée Ariane, la sculp- ture se it 4 800 kilométres d’altitude. Vu du plancher des va- ches, ce signe de frater- nité 4 l’adresse des na- tions du monde aurait Pair aussi gros que la pleine lune! D’un coat relativement modeste (1,5 million $), cette premiere sculpture spa- tiale s’autodétruirait au bout de trois ans. UN ENFANT AVERTI EN VAUT DEUX (SHS) Il n’y a rien a faire avec les violeurs d’enfants, il faut plu- t6t éduquer les jeunes pour qu’ils puissent se protéger. C’est ce qu’a soutenu une spécialiste américaine en service social, Mme Anne Cohn, au Congrés in- ternational sur |’enfan- ce maltraitée. Au moins un-million d’en- fants américains sont victimes de mauvais traitements causés par des adultes, avance Mme Cohn, qui repro- che aux réseaux de télé- vision de contribuer a créer un climat de vio- lence. Aussi propose-t- elle des campagnes de prévention auprés des méres et des enfants, et la mise sur pied d’un Fonds d’aide a !’enfan- ce.