12, Le Soleil de Colombie, 13 juin 1975 Chronique du Canada Francais Hier, c’était en 1961. Le Canada recensait ses ci- toyens pour la dixiéme fois depuis la Confédération. Quelques mois plus tard, ce relevé nous apprenait que les groupes. cana- diens-francais avaient augmenté, absolument et proportionnellement, dans toutes les provinces, en premier lieu, évidemment, au Québec, du moins pour le nombre absolu de citoy- ens d’origine francaise. Er termes de pournentage, nous étions descendus — de 82.0 en 1951 4 80.6 aupro- fit de 1’élément néo-cana - dien. Le recensement suivant, celui de 1971, devait nous apprendre que les groupes *‘minoritaires avaient at- teint leur apogée dix ans auparavant. Dans les Ma- Titimes, « Ja population frangaise de Terre-Neuve avait pratiquement doublé, passant de 9,841 en 1951, 4 17,171; les Acadiens des trois autres provinces a- vaient continué leur lente ascension démographique depuis la Déportation. lls constituaient 38.8Y, de la population au Nouveau: - Brunswick et les orateurs Ces extraits proviennent _ du recueil de poémes que Richard Cousineau _ pré- sentait 4 la Librairie fran- gaise ‘‘Le vendredi soir dernier. Cet événement avait attiré un bon nombre de francopho - nes (et méme anglophones), curieux et intéressés. On remarquait la présence du Consul de France, de re- _présentants de France-Ca- nada et du journal ‘‘Le So- Teil’. = Richard Cousineau, un _ jeune garcon bien sympa- thique, dont le recueil est _intitulé Kricor, est jour - naliste 4 Radio Canada de- _ puis 2 ans. Agé de 26 ans, il va partir incessamment pour le Moyen- Orient. Bouquineur’’, “C’eSt nationalistes, au Québec, parlaient avec un trémolo dans la voix, d’une_ future deuxiéme province fran- ¢aise. Le pourcentage des Fran- co-Ontariens était demeu- ré pratiquement le méme mais ils avaient connu leur plus forte augmen- tation numérique depuis la Confédération: 170.000 a- mes. Au Manitoba, les n6- tres étaient passés de 8.5% 4 9.1% de la population de la province; en Saskat - chewan, de 6.2. A 6.5; en Alberta, de 6.0 a 6.3. Les Franco-Albertains égalaient les Franco-Manitobains en chiffres absolus: 83.000. Méme les’ Franco-Colom- biens avaient grimpé de 3.6 a 4.1. Ils seront, en 1971, le seul groupe cana- dien-francais, -4 avoir aug- menté proportionnellement et, avec leurs 96.500 mem- bres, ils seront devenus la plus forte minorité fran- caise de l’OQuest canadien. Ce million un tiers de ca- nadiens-frangais hors du Québec, tenait la vedette au Québec aprés y avoir été longtemps plus ou moins i- gnoré. Il s’organisait pour sa survie linguistique et cul- ~KRIKOR un véritable cri qui se transforme parfois en plainte, en espoir: je crois beaucoup, c’est mon crédo.... leur identité devant ces grands messieurs aux lunettes de soleil, aux dents trop blanches, Dénonciation de l’homme qui a oublié qu’il existe autre chose que le béton, la politique, les frontiéres, '‘les étages machinaux’’.(Krikor) - les oiseaux rejoignent 1’aube comme les bateaux accostent aux havres on vérifie 1’amour si le coeur s’effrite quand un météore s’écrase... a Richard COUSINEAU C’est un pays qu’il connaft déja bien. et il nous enpar- le d’ailleurs dans Kricoy en nous citant quelques ré- férences.. La poésie. de Richard a une allure plutdt ‘‘inter - nationale’’; elle refléte ses “pensées 4 travers les sé- jours qu’il a effectués dans bien des parties du monde, Afrique du Sud, Italie, Moy- en Orient et Brésil. C’est aussi l’expression d’une grande sensibilité, - le sentiment d’un garcgon qui souffre du ‘*mal’’ des autres et dont les voyages 1’ont fait abou- tir 4 une prise de cons - clence=< roll 11=-croit que l1’homme est avant tout ci- toyen de la terre. Dans son poéme, ‘Bey- turelle; renforcant ses asso- ciations ou en créant de tou- te piéce, comme en Colom- bie et en Nouvelle-Ecosse. I] multipliait des rencontres avec le bloc solide de la vieille province frangaise. Aprés avoir vécu longtemps dans une semi-clandestinité au point de vue scolaire, il commencait &aforcer les portes des ministéres de l’Education. Dans les Mari- times, il brisait le monopole épiscopal irlandais et il pro- fitait de l’arrivée au pouvoir du. gouvernement Trudeau pour se faire connaftre A Ottawa. L’avenir s’annoncait pro- metteur pour ces groupes dispersés 4 la grandeur d’un continent. I] suffira de dix ans pour que ces espoirs s’estompent et pour qu’une Situation qui semblait pro- metteuse devienne alar - mante, sinon critique. Nous verrons, dans une autre chronique, cette dégradation telle que nous la décrit un maftre des statistiques, le R.P. Richard Arés, dans son tout récent volume _— sur nos Positions au Canada. - Le Conseil de la Vie Fran gaise - ; routh 73” il décritses im- pressions sur la guerre ci- vile et il semble sentir la méme chose dans son poé- me 4 1l’Indien de CB; ces deux fléaux: guerre et dété- rioration de la condition humaine, semblent l’obsé- der. C’est pourquoi’ sa poésie parle d’amour, de communication, d’échange. C’est un bon début, Ri- chard et il faut continuer. Le public, 4 l’heure actuel- le, est avide de choses vraies, de paix et de joie. Je pense qu’on peut trou- ver tout cela dans les poé- mes de ce jeune écrivain. Vous pouvez acheter le recueil de Richard Cousi- neau au Bouquineur, 1141 rue Davie.—- =. = Marguerite BATUT Levee 3 coin de loffice de la langue francaise vous m'en direz tant par Louis-Paul Béguin Denise est serveuse dans un modeste restaurant de Québec oli je mange bien souvent. Ce soir, elle vient s’asseoir 4 matable, aprés l’heure de pointe, pour prendre un café avec moi. - **Qu’est-ce que vous en pensez, vous, le linguiste, de la piéce sur les ‘‘ Wai - tresses’’. - - **Ma foi, Denise, difficile 4 dire’’. - ‘fEt bien, moi, cela m’a complétement découra - gée’’. Denise tire une bouffée de sa cigarette puis boit une gorgée de café.Ses yeux noirs me fixent, in- terrogateurs. ‘Quand je pense qu’on nous prend tou- tes pour des malignes’’. (Malin dans le sens d’iras - cible, au XVIlé. Siécle). - ‘*Bien. sQr que non. De- nise, vous savez, un auteur doit parfois généraliser’’. - *Généraliser comme ¢a voudra, mais nous, les ser- veuses de restaurant, nous ne sommes pas pires que d’autres’’. - *tje le-sais, Denise.”’ Je me risque: ’’C’est d’ail- leurs ce que je reproche a l’auteur d’avoir montré toutes les serveuses sous un jour aussi tragique et désespéré’’. - ‘Ah! vous voyez, vous 6- tes de mon avis. Ei si nous disons des bétises ‘de temps a autre c’est temps 4autre, celane veut pas dire que nous n’avons pas une vie respectable. | Vous n’endites pas, vous, de bétises, entre linguis - tes’’. - **Naturellement, vous de- vriez assister 4 certaines conférences.. .’’ - *fEt puis, les ordres, je veux dire les commandes, bien sQr, nous ne savons pas les bons termes fran- g¢ais mais, entre nous, on se comprend’’. - ‘‘Si vous voulez, Denise: — disons que nous devons fal- re une distinction entre le francais courant, et le — francais plus soigné. C’est — une question de circons = — tances. C’est ce que nous © appelons les niveaux de la — langue’’. S| - **Voila, vous l’avez.D’a- bord, toutes les serveuses ~ ne s’appellent pas Fran ~ — goisc. A part de ga (Deni- — se veut dire A part cela), Je — n’ai qu’une 8éme année; © mais je lis beaucoup’’. Denise arrange son joli — tablier blanc et lisse ses cheveux bien coiffés — qui encadrent son char- — mant visage. Ses mains blanches et soignées sont — jolies. a - ‘*]] faut bien travailler- Je suis veuve, voyez-vous; — et j’ai un enfant a élever-e Et puis, je ne prends pas — de boisson (alcoolique, de- vrait-elle ajouter). Et je ne sacre pas toutes les deux minutes. Franchement, — cette piéce-la, ga m’acho- — quée’’. : - ‘* Je sais, Denise, que vous n’employez pas de mots grossiers. Croyez-moi, les serveuses du Québec — sont bien connues pour leur — gentillesse. Je dois dire que pour une Francaise, il — y a dix Denises’’. se - ‘*€’est vrai qu’on- est ““hen’’ fines’’.. Et Denise se léve, contente. de mon jJugement et, du coup, m’apporte un autre café que je n’ai pas commande. ~ - ‘Avec Jes compliments de la maison, murmure- “t-elle, avec un regard du cété de la caisse pour voir si la patronne s’en ~ est apercu. Et elle — s’éloigne en adressant le plus doux des sourires, a ~ moi, le défenseur linguis- tique de la veuve et de lorphelin. - ancouver ALAIN GIROND =! GO G3 - est Motors Ltd. SERVICE MECANIQUE COMPLET VOLKSWAGEN -DATSUN - TOYOTA- MAZDA | Ouvert: sur semaine: de 7h30 A 17h30 Lessamedis: de 7h30 4 midi 1241 SEYMOUR STREET VANCOUVER 2, B.C. ¢ 683-0813 aap eros (b.c.) CARBONE . CONSULTANTS EN FORMULES D’AFFAIRES ET SYSTEMES POUR REDIGER, DESSINER ET IM?RIMER VOS FORMULES CONTINUES POUR ORDINATEURS OU FORMULES SUR SET AVEC _ SPECIALITE DE FORMULES BILINGUES USINE SUR PLACE - LIVRAISON RAPIDE - APPELEZ GUY DAGNEAU =) . RICHMOND, B.C. V6vV 159 BUREAU: 273-5671 RESIDENCE: 941-4353 J