Ete 96: l'autre deluge PAR JEAN PARE e Québec a besoin d'une nouvelle crise linguistique comme du virus du VIH! » écrivions-nous ici en avril dernier. Or. malgré le sou- hait du premier ministre d'un « dé- bat non émotif et serein », nous voila les deux pieds dans la crise. Une crise provoquée de toutes pieces, d’ailleurs. La menace, le printemps dernier, de resserrer les restrictions contre l'anglais a provoqué, c’était prévu, une réac- tion en retour, laquelle renforce l'angoisse des francophones, qui. espére-t-on, resserreront les rangs autour d'un gouvernement aux abois, impuissant devant la crise fi- nanciére, fiscale et économique. Talleyrand disait que. lorsque les affaires vont mal a l’intérieur, il faut créer une crise a l’extérieur. Une diversion. De 1981 a 1996. le Québec a créé 61 000 emplois par année en moyen- ne. Or cet été, il en a perdu 78 000 en deux mois! Le chémage atteint 12.5%, 2% de plus qu'il y a deux ans. 2.5 % de plus que la moyenne du pays. I] y a moins d’emplois actuellement au Québec qu’en 1990. Depuis la récession de 1992, nous sommes en récession per- manente. Voila l'état de économie sous un gouvernement qui, en deux ans, n’a pas montré qu'il pourrait étre l’égal de ceux des 35 derniéres années. Le premier ministre se dit « préoc- cupé ». On voudrait qu'il soit catastro- phé. I] dit que l'emploi est sa priorite. Mais encore faut-il autre chose que des paroles. Bien sir, les gouvernements ne ‘créent pas d’emplois, ils en sont totale- ‘ment incapables. Ils sont fameux. par contre, pour en détruire. On s‘attendrait d'un gouvernement qui comprend que seuls les inventeurs et les entrepreneurs créent de l'emploi qu'il s‘affaire a élimi- ner obstacles et embiches. Mais alors ‘que les taxes sur l'emploi sont de deux a trois fois plus élevées au Québec que ‘dans les autres provinces.on en. ajoute. ‘et on alourdit une législation et une re- ‘' glementation déja onéreuses. Sans comp- ter l'évidente hypothéque d'un avenir politique a deviner. Alors méme que les services s’évaporent, on refuse d’alléger un impot personnel réel de 7% & 15 % Il n’y a pas que le Saguenay... Taxes, chOmage: tout le Québec est devenu une zone sinistrée. wae Vag LS ~ plus élevé que dans tout le reste du pays. Or, ¢a risque d'empirer! Les emplois d'aujourd ‘hui. ce sont les investisse- ments d’hier. Les investissements d’au- jourd hui sont le travail de demain. Ac- tucllement. sur 10 dollars investis ay Canada, le Québec en recoit moins d'un. alors qu'il devrait recevoir 23.5 % des in- vestissements. Autrement dit. les Québe- cois, méme les francophones. qui ap- puient en majorité le gouvernement. et méme les péquistes. ne croient pas leur propre baratin et investissent leur argent alextérieur! Une crise linguistique peut peut-étre sauver le Parti québécois, elle risque de perdre le Québec. Déja. le poids du Que- bec dans le Canada semble indirecte- ment proportionnel au succes des inde- pendantistes. I] n’a jamais été plus nul. sa marge de manceuvre plus faible. On ne demande pas au premier minis- tre. et a son parti, de renoncer 4 Vinde- pendance: personne ne le croirait. Mais douvrir son jeu. de dire nettement qu'il a choisi. pour la réaliser. la voie des sa- crifices €conomiques, et que cela durera bien une génération au moins. De trailer en adultes les citoyens d'un Québec qui est. de plus en plus clairement, un grand Saguenay... A quand la collecte 2 < LA PRESSE