12 Le Soleil de Colombie, Vendredi 29 septembre 1978 Dimanche a Vernon par Roger DUFRANE [Suite et fin] Le soleil dore les monts fauves et dore nos idées. Cet astre réjouissant qui rend gai les peuples du midi et moroses ceux du nord, s’épa- nouit en mille sourires sur le- Lac Kalamalka. Quoi d’étonnant que ce lac ait inspiré de plaisantes histoi- res! Légende ou vérité? Je Yignore. En tout cas, certai- ne anecdote consignée par Monsieur et Madame Akrigg dans leur ouvrage “1001 British Columbia Place Na- mes, ouvrage cité au début de ce reportage, ne manque pas de piquant. Cette histoi- re, je la récris en francais pour nos lecteurs. Pour lui donner un tour quelque peu gaulois, j’y ajoute peut-étre un rien de mon cru, et je m’en excuse auprés des au- teurs qui eux-mémes di’ail- leurs ne manquent pas d’un humour trés fin. Le Lac Kalamalka tient son nom d’un chef indien. Celui-ci, déja sur l’ge, s’avi- sa de se tourner catholique. Il désirait rendre officiels ses précédents mariages. Or il avait quatre femmes et chacun sait que l’exemple des Patriarches n’est plus de mode dans notre société chrétienne.” Je ne puis aban- donner mes épouses!”’ se lamentait le chef indien de- vant le prétre_intransi- geant. Un beau jour, le chef -indien revient voir le curé avec une jolie squaw, toute neuve et affriolante. L’In- dien riait de toute sa bouche et de ses mille rides. “Ce n’est pas la une de vos femmes!” dit le prétre. “Si! répond |’Indien, la seule pour toujours. J’ai réuni mes bonnes femmes en conseil, et elles ont jugé qu'il serait meilleur pour moi de culti- ver la jeunesse!” Notre chauffeur se montre vétilleux a l’extréme. Une téte rasée d’ancien marine; des ordres comme a des sol- dats: “Arrétez de siffler, ca me dérange! - “Stoppez le déclic des ouvre-boites! cela me fait penser que mon autocar se détraque!” Arrét devant une échoppe rutilante de fruits. Les pas- sagers se jettent sur les pé- ches, les abricots, les ceri- ses. Le chauffeur a téte de commando revient, le visage - fendu d’un large sourire, chargé d'une caisse de pé- ches qu'il fourre sous le vé- hicule, entre les valises. Arrivée 4 Vancouver vers les quatre heures. Nous sommes contents d’habiter ici. Que ferions-nous sans patisseries francgaises, sans charcuteries allemandes,~ sans boutiques: hollandaises, italiennes ou autres? Com- ment vivre sans nos amis francais, sans nos livres francais, sans radio ni télé- vision francaises? “Canadien de naissance, mon frére! Sur le point de clore ce récit d’une bréve incursion dans ton pays, un scrupule me vient. Saturé des souvenirs de la vieille Europe, j'ai parlé bien un peu a la légére de ta jeune ville: Vernon. Un séjour trop bref ne m’a pas permis de saisir me de ta_ cité. Les petites villes du Canada ne sont rien, ai-je donné a entendre. C’est vrai dans le sens des traditions et de Vhistoire. C’est faux dans le fond. Certes la Vernon nor- mande, avec son écusson flanqué de trois bottes de cresson, avec ses vieilles pierres, en dit plus aux poétes que sa petite soeur. A mettre a Dans la conversation ani- mée que nous avions, T. me dit soudain: “Moi pour un...” Je perds aussitét le fil de son argument. Moi pour un (quant a moi), voila une de ces expressions qui me dé- priment. De langlicisation pure et simple, puisque cela vient de “I for one”. Elle est a mettre 4 la poubelle avec les autres déchets de la mauvaise cuisine syntaxique qui donne des coliques a la langue frangaise. Ses autres soeurs ne valent pas mieux: en autant que (pour autant que, si, etc.) 4 son meilleur (& son mieux, 4 son plus haut niveau), en aucun temps (n’importe quand, jamais). Ce qui me rappelle l’ex- cellent exemple de traduc- tion farfelue et dangereuse, donné par un traducteur qui rapportait avoir lu sur une canadienne. Mais toute ville 4 une Ame qu’elle cache entre ses murs, qu’ils soient de pierre ou de bois. Et voila que je me prends 4 te considérer vivante, Vernon de l'Ouest canadien. Et voila que je te parle, comme je viens de parler a l'un de tes fils: “Toute petite que tu sois, Vernon canadienne, ton 4me existe. Et cette ame, je la retrouve a Vancouver, dans la poubelle boite de cigares importés de Norvége l'inscription suivan- te: café avec . ‘“‘Nul doute, ajoutait-il avec humour, que les yeux de la dame née dans ta vallée, la dame qui m’affir- mait au départ: “Vernon! A booming town!” Car tu fais toujours boum! dans les yeux de ceux qui te connais- sent depuis leur enfance, qui ont hanté tes rues au sortir de I’école, qui se sont mariés dans ton église, qui ont cultivé sur ton coeur, avant de partir pour la lutte'de la vie, les fleurs de leur jeunes- se!”, ce genre de cigare doit étre “fait pour”. [Le mot du jour par Louis- Paul Béguin] Vancouver people’s law school 2110C-12ieme Avenue Quest Séminaire gratuit. Assuran- ce contre lincendie. 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Au milieu de conflits fami- liaux qui allérent jusqu’a altérer sa santé, il fit des études de lettres et s’exerca a écrire tout en faisant les métiers les plus divers, de- puis récupérateur d’ordures et valet de chambre jusqu’a représentant de commerce, employé des Postes, journa- liste et négre d’écrivain. Il milita dans la Résistance. Ce n’est qu’en 1948 que Vipére au poing le révéla avec éclat. Depuis, chacun de ses ouvrages est un évé- nement. I] fut président de ! Académie Goncourt et visi- ta de nombreux pays dont le Canada. Comme Bernard Clavel et Gilbert Cesbron, mais dans un style plus véhément, caustique et percutant, il s’attaque aux problémes les plus dramatiques de notre société dont il fait une critique sévére et lucide. ‘EDITEURS: Grasset, Seuil, Livre de Poche. PARMI SES MEILLEU- RES OEUVRES: Léve-toi et marche: Une courageuse jeune paralytique affronte la lacheté des gens bien por- tants. La Téte contre les murs: l’univers carcéral d’un hépital psychiatrique. Une critique des moeurs bour- geoises. L’Huile sur le feu. Confessions d’un pyromane. Au nom du Fils: les rapports affectifs d'un enfant et de © son beau-pére. Qui j’ose aimer: Trés beau roman sur un sujet difficile entre tous: l’amour inces- tueux. Madame EX: les si- tuations douloureuses créées par le divorce: en- fants divisés, parents divor- cés restant indissolublement liés par ces mémes enfants. LISEZ POUR COMMEN- CER: Vipére au poing: Dans ce roman autobiographique qui fit scandale lors de sa” parution, l’auteur évoque sa sinistre enfance frustrée d'amour maternel. Comment ses fréres et lui en vinrent a hair celle a qui ils refu- saient de donner le nom de meére, la surnommant “Fol- coche”, abréviation de “Folle, cochonne”. Le conflit entre Folcoche et ses enfants se poursuit dans La Mort du petit cheval et Cri de la Chouette. J’ailes mains sur la table. [...] Je suis terriblement correct. [...] Je peux te regarder fixement. Folcoche, c’est mon droit. Je te fixe donc, je te fixe éperdument. Je ne fais que cela de te fixer. Et je te parle en moi. Je te parle et tu ne m’entends pas. Je te dis: “Folcoche! regarde-moi donc’”’. [...] Je te cause, Folcoche, m’entends-tu? Oui, tu m’entends. Alors je vais te dire: “T’es moche! tu as les cheveux secs, le menton mal foutu, les oreilles trop grandes. T’es moche, ma mére. Et si tu savais comme je ne t’aime pas! [...] Je pourrais te dire que je te hais, mais ¢a serait moins fort. Oh! tu poison de regard. Moi, je ne baisserai pas les yeux. ’ | peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de | | ( Vipére au poing. ) [Infirmieres | Infirmiéres Britannique [RNABC], si vous parlez anglais couramment, si vous aimez choisir Si votre dipléme est valable en Colombie- | vos horaires, n’avoir qu’un seul malade a soigner, joignez-vous a notre groupe. Nous | ne suffisons plus a la demande. Private Duty Directory 1862 Broadway Ouest Vancouver, C.B. 731-3158 Entreprise a but non lucratif. 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