Me. 4 me Si VOYAGES Le Soleil de Colombie, vendredi 8 décembre 1989 - 17 Par Jean-Claude Boyer Paris, 23 septembre 1984. Je suis hébergé depuis une semaine par les religieux de Sainte-Croix - mon ancienne communauté. J’ouvre les yeux, bien reposé, sur la fenétre de la lingerie (faute de chambre disponible) qui laisse deviner le soleil. Petit déjeuner typique, sans toasts, ni oeufs, ni bacon. Nous sommes neuf a table, comme dans ma famille vers la fin des années 50. Retour ce matin a Beaubourg pour écouter a nouveau (troi- siéme et derniére fois) un enregistrement d’AIDA, que jiirai voir bient6ét a Munich. Je me laisse d’abord emporter par le vent de liberté artistique qui souffle sur sa place (voir «Le plateau Beaubourg»). Ecou- teurs sur la téte, je vibre ensuite aux envolées pathétiques du célébre opéra. La voix bien timbrée, toute en nuances, de José Carreras ne manque jamais de me séduire. Les heures suivantes, je les passe au Louvre, déja visité a quelques reprises en 1979. Un monde fou. Il me faut prendre mon temps, je n’ai guére le choix. Tout m/’impressionne, comme a Saint-Pierre de Rome. . Que dire en peu de mots? Admirables collections dispo- sées suivant les principes de.la muséologie moderne: Je traver- se la salle des Caryatides: sculptures grecques du 1lVe siécle avant J.-C. Les antiquités égyptiennes me rappellent mon projet de voyage au pays de Cléopatre en décembre. Ail- leurs, j’observe une stéle basaltique surlaquelle est gravé le code du dieu solaire (art babylonien, lle s. av. J.-C.). Puis, la «Victoire de Samo- thrace», ailée, posée sur une prouedegalére(ille ou lles.); la célébre Vénus de Milo, décou- verte en 1820; «L’Esclave mourant» de Michel-Ange, dont lapose serait presque identique a celle de l’un des nus qui figurent sur la vodte de la chapelle Sixtine. Dans une salle. riche comme Crésus, j'admirela couronne du sacre de Louis XV. ll ne. portait pas le béret traditionnel, ce roi. Passons aux tableaux. «le resalue Monna, pleine de grace», ce modéle de simplicité au sourire pénétré de sous- entendus. Une étude me frappe particuliérement: «Jeune hom- me nu assis au bord de la mer» Le cabinet de travail de Balzac. de Flandrin, dont on qualifie le ‘style de «froid et convention- nel». C’est le Penseur (Rodin) jeune, dans une pose plus introspective. Sa chair semble toute chaude de vie. Je revois «La liberté guidant le peuple» de Delacroix (1831), révolutionnai- re en peinture et conservateur en politique. L’étudiant dans ce tableau serait un autoportrait. Et voici le fameux «Bonaparte au pont d’Arcole» (Gros, 1798). Commentaire: «Le rendu d'un mouvement fougueux, /e chro- matisme riche et vibrant ainsi que le souffle é6pique’ qui animait l‘oeuvre, constituaient des caractéres nouveaux, an- nongant directement le roman- tisme». Enfin, je m/attarde CLUB TOASTMASTERS EN FRANCAIS En francais | Youppi | @ Parler en public avec plus d’aisance @ Ameliorer son francais dans une | atmosphere de détente , Renseignements: 7 Deni Lamonde - 733-0210 devant «Les Noces de Cana» de Véronése (1562). Une féte pour les yeux. Cette immense toile est la premiére d’une série de grands festins bibliques. On croirait entendre jouer les musiciens. Avant de quitter les lieux, je me procure un échantillonnage de cartes postales sur ma visite. Je lis a l’endos du «Scribe accroupi» (111e s. av. J.-C.): «Yeux en albatre, cristal de roche, ébéne [?] enchassés dans une bague de cuivre». Pourquoi ce point d’interroga- tion? Le Louvre: un des plus riches musées du monde, dont je n’ai fait, aujourd’hui, qu’ef- fleurer |’ombre. (J’ai écrit ici, dans mon journal: «Hier? Demain? Con- nais pas.» Mystérieuse conci- sion.) Vers 15h00, aprés un léger repas «mcdonaldien», je me rends a Passy visiter la maison de Balzac (de 1840 a 1847), dissimulée dans un jardin au charme campagnard de la rue Raynouard. Bien des célébrités y vécurent, dont tel puissant financier de Louis XIV, Jean- Jacques Rousseau et Franklin. Celui-ci installa au no 66 le premier paratonnerre en France. J’arrive juste a temps pour la derniére présentation d'un montage audio-visuel. Fort intéressant. Je m’attarde dans Un dimanche a Paris le cabinet de travail. Voila la fameuse cafetiére. L’écrivain était un oiseau de nuit «caféiné», pour: ainsi dire, a 98%! Buste en marbre exécuté par son ami David D’Angers en 1844 - cent ans avant ma naissance. Manuscrtits et cari- catures du romancier, ainsi que gravures se rapportant a la -Comédie Humaine. Un mot sur ce géant de l’écriture. Balzac mena, en méme temps qu’un_ intense travail littéraire, une vie mondaine fertile en liaisons (Mme de Berny, Mme Hanska). Ses tentatives financiéres ha- sardeuses et ses dépenses inconsidérées. entrainérent des dettes énormes (l’argent: «mo- teur de la société»)... Bientdt, il concut et appliqua le systeme du retour de ses personnages d’un roman al’autre, qui fera de son oeuvre «comme un univers complet». Il acquiert «la faculté de vivre dela vie» du personnage créé. Son oeuvre romanesque puissante annonce les vastes études sociales et les premiéres enquétes de la_ sociologie. Balzac est parvenu a créer ou recréer des caractéres, des «types» qui; partant de l’indi- vidu, rejoignent |l’universel. Il mourut épuisé par une vie. qui ressemblait a celles de ses personnages favoris (Vautrin, Rubempré, Rastignac), apres avoir dépensé sans compter les forces vitales nécessaires a leur création. Il aura écrit plus de 90 romans et tracé les grandes lignes d’une cinquantaine d’au- tres devant compléter |’ensem- blede LA COMEDIE HUMAINE. Créateur du roman contempo- rain, Balzac fut, selon Baude- laire, un «visionnaire passion- né». En quittant cette illustre demeure, je me surprends a observer d’un oeil plus rieur que de nécessité les mille détails se présentant ama vue. Un caniche rasé... proméne une vieille dame. Une baguette prend de la saveur sous l’aisselle d'une «beauté négligée». Un chauffeur de taxi de race noire apostrophe en pleine rue un «collégue» bleu de colére. Sur une terrasse, un moustachu léve le petit doigt, ma chere. Des «gosses» échangent coups de poings et bosses. Sur.un banc, deux tourtereaux se noient dans le regard mielleux |’un del’autre... -Méme en rentrant chez les Sainte-Croix, je ne peux m’empécher de remarquer, comme|l’aurait fait Balzac, sans doute, l’air constipé de l'un, je-m’en-foutiste de 4’autre... J’en soupconne un troisieme de mépriser mes vétements d’ar- mée du Salut: Ainsi va la vie, ainsi va la comédie humaine. CHRISTO SUR MER RESTAURANT Vous invite tous! a leur GRANDE PREMIERE! Déjeuner ou diner «Cuisine Sincere» 12251 No. 1 Road, Steveston 271-2123 a partir du 4 janvier pour réservation et conditions. décembre Vols d’hiver Vancouver-Montréal Départs: 21 et 28 déc., et a partir du 4 janvier tous les lundis et jeudis Retours: tous les lundis et jeudis Tarif unique — aller-retour $ 3 59 OQ Plus taxes Consultez votre agent de voyages = * Supplément de 70$ - ee pour les départs les du 21 et 28 Voulez-vous faire connaitre votre entreprise, vendre vos produits ou offrir vos services? Appelez Le Soleil de Colombie, la meilleure «French Connection» __ avec les consommateurs de Colombie-Britannique. Tél.: 683-7092 683-6487