Le Moustique Edition No 6 Avril 1998 NS — Un texte inédit de Charles Vautrin. Meamotre Mun ehediant Les anciens nous disaient que c’était la derniére. Ils se virent dupés, nous parlons de la guerre. La deuxieme suivit, et, pour ceux de mon age, Nous comprimes bien vite, quelque fit le langage, En quelques mois se fut, défaite, occupation. Mes compagnons et moi, éléves d’un lycée Vivant dans un milieu, constamment harassés ‘Tant par les occupants, que par bombardements Que nos alliés faisaient avec tout leur talent ! La décision fut prise par notre société De nous réfugier au lieu dit «Parigné» Pour nous mettre a l’abri, nous étions des enfants, Nos ages variaient de douze a seize ans. Si la curiosité vous pique, consultez votre carte Et vous le trouverez quelque part dans la Sarthe. Petit hameau blotti au versant d’un coteau Dominé au sommet par un noble chateau. Et ce dernier allait pour deux, devenir Bon an mal an, témoin de notre avenir. Je me souviens encore du petit tortillard Qui nous mena du Mans jusqu’a Guécélar. Nous étions anxieux, perplexes en deux mots, _ Lorsque nous atteignimes les grilles du chateau. Serions-nous bien logés, Bien traités, Bien nourris ? Voici un résumé de ce qui s’ensuivit. Parlant de ce dernier, nous l’apprimes aussitét. Dés le premier repas, trente deux haricots Baignant dans une sauce dont j’oublie le nom, Aux prestes cuisiniéres, jen demande pardon. Pour l’accompagnement une tranche de pain Dont l’épaisseur frisait la feuille de parchemin. Mais fort heureusement pour finir le repas Nous nous vimes servir une barre de chocolat. Mp. Concernant le logis, nous fimes séparés. Au pavillon des Belges, je me vis assigner. D’autres sans réluctance, sans faire de tapage Furent entreposés au lieu dit «les garages». Quelques mois passérent, un changement survint, Je dois vous l’avouer, ce fit pour notre bien. Nous fiimes transférés a la «chevalerie», Les classes se faisant en face des écuries. Les pions, puisqu’il faut les nommer par ce nom, Semblaient manquer souvent d’ultime compassion. L’un deux précisément surnommé «p’tit mouton», Devait ce sobriquet a sa crépue toison. Bien méprisé par tous, sans cesse, sans relache, Ils nous en faisaient voir, une vraie peau de vache ! Je rends hommage aux profs, au Surgé «l’pére Leyer» Dont le but recherche était de nous instruire. Ils y sont arrivés, c’était la leur métier, Les conséquences, j’avoue, auraient pu étre pires. Un matin de printemps, de nouveau, le destin Vit l’arrivée soudain.de nos cousins «germains». Voiture occupée d’un groupe d’officiers,, L’ordre nous fut donné de vider les quartiers. Dans les quarante huit heures, ce fut l’affolement. Nous allions faire place a des troupes d’allemands. Nous plidmes bagage et des cars nous conduirent Vers un nouveau logis, vers un autre avenir. Séparés de nouveau, par classe et par nécessité. La mienne fortunément transférée a Loué, charmante petite ville historique de la France. Je l’ai revisitée, plus tard, j’en ai eu cette chance. Voila en quelques mots, les pi¢tres conditions Que nous etimes a subir pendant |’occupation ! Etudiants d’aujourd’ hui, qui vivez dans la paix Je vous souhaite a tous, bonne et heureuse année. Charles Vautrin