Y) 4 - Le Soleil de Colombie, vendredi 30 octobre 1987 Rayonnement de l’Alliance Francaise Par Roger Dufrane Vendredi 23 octobre 1987. Soirée-buffet a l’Alliance Fran- ¢caise de Vancouver. On pourrait intituler cela : l’anniversaire de l’Alliance dans le monde. La nuit est claire. Le soir est doux. Profitons des derniers beaux jours. Ce sera une diversion, une oasis de franco- phonie. Les plaisirs de la vie sont faits de divers plaisirs : une société agréable, un repas fin et de bons vins, du francais a tire-larigot, de quoi se délasser des obligations de la semaine. On sait que |’Alliance Frangai- se, capitale Paris, autonome dans les autres villes, a ses titres de noblesse : elle est connue et appréciée du monde entier, élites, professeurs, étudiants, ami de la France, issus de tous les milieux. : Quand est née [Alliance Francaise? D’ot vient-elle? Que va-t-elle devenir? Que dit le Larousse Universel de 1922 en pleine période coloniale frangai- se? Citons Tarticle entier: «Association fondée en 1883 pour étendre l'influence de la France par la propagation de la langue francaise dans les colonies et a létranger pour y fonder des écoles et faciliter notre commerce d'exportation.» Or cette définition, toujours vraie en substance, remonte a, plus haut et a plus tard. Elle tient ses lointaines origines dans le ere de la France aux 17@me et 18éme siécles. Toute I’aristo- cratie parlait francais, jusqu’en Prusse, en Hongrie, en Russie. Cest une langue de finesse, de nuance, de vigueur. Sur la fin du 19@me siécle, des hommes d’élite la présageaient. En 1883, Renan (1823-1892), Taine (1828-1893) et Pasteur (1822-1895) se réunissaient a cet sous la présidence de Paul Cambon (1848-1920) diplomate francais. De nombreux centres de Yalliance se sont implantés d'abord en Amérique latine puis _en Extréme-Orient, en Indochi- ne, en Afrique et ailleurs. En 1919, aprés la premiére guerre mondiale, il devient nécessaire de fonder le siége principal de l’Alliance, celui-ci a Paris, d’ot rayonnera avec une nouvelle impulsion suite a4 la seconde guerre, la diffusion du francais. Cette soirée a l’Alliance de Vancouver n’était qu’une étincel- le comparée au soleil de l’Alliance francaise dans le monde - toutes les Alliances fétent en cette méme date une premiére. On ne peut qu’imagi- ner l'avenir. Que sera la francophonie vis-a-vis du Com- monwealth, ces deux nouvelles puissances qui émergent a leur tour? Cela donne a penser. Nous voici attablés, en groupes animés, devant des bouteilles de bons vins et des chandelles allumées. Le menu? d’excellents hord-d’oeuvre variés suivis de blanquette de veau bien accom- modeée, des fromages, des fruits et du gateau au chocolat celui-ci accompagné d’un brut qui faisait pétiller les exprits. Nous nous sommes laissé dire qu’on envisage dans un an, le prochain anniversaire de cette soirée, en grande pompe. A l'année prochaine! LE PETIT FRERE de Claude Gagnon Suite de la premiére page ses origines n'est pas au fond la. véritable raison de cette arrogan-' ce et de ce refus. Ce film a été aussi une occasion révée d’examiner ce milieu populaire sans avoir a se défendre d’avoir choisi cet environnement social. Il considére ce film comme le plus québécois de ses films. Le défi était grand a relever. Ses quinze heures d’entrevues en main, Claude Gagnon s’est retiré pour écrire une histoire qui saisisse l’essentiel de la'vie de cette famille et de Kenny sans tomber dans une fiction qui n’ait plus rien a4 voir avec leur réalité. Il insiste pour dire que la recherche d'une justesse dans la description du milieu social et familial était un aspect aussi important que celui de Ihandicap physique. La décision de faire jouer le réle du frére de Kenny par le vrai frére dans la vie est issue de cette démarche. Le jeu des acteurs qui incarnent le pére et la mére est d’un naturel et d’une simplicité remarquable. Les deux acteurs ont d’ailleurs passé plusieurs jours dans la famille afin de bien saisir le caractére et la nature bien particuliére de ce milieu tant dans les gestes que dans la maniére de parler. Il semble que Claude Gagnon ait finalement gagné son pari si lon considére le succés commer- cial du film mais, pour lui, la meilleure preuve de cette réussite a été la réaction des membres de la famille aprés leur premier visionnement, ils sont immédia- tement venus l’embrasser pour lui dire merci. C’est maintenant le temps pour Claude Gagnon de récolter les fruits de son travail qui pourraient bien se traduire en millions de dollars puisqu’il posséde les droits de distribution du film a travers le monde, Japon excepté. Faire un film sur un handicapé, sans tomber dans une exploita- tion facile a des fins mélodrama- tiques, n’est pas chose aisée. Heureusement, Claude Gagnon a réussi 4 éviter ce piége et 4 faire un film honnéte qui dépasse le handicap physique et s’intéresse davantage a |’étre humain et a ceux qui vivent aux cétés d’un handicapé. Ce film de fiction, c'est avant tout le portrait d’un jeune handicapé de 13 ans, joué par lui-méme, dans ses rapports avec les membres de sa famille. Gagnon n’a pas eu peur de nous montrer la véritable famille ouvriére nord-américaine dont le pére, la mére, le frére et Kenny, le jeune handicapé sans jambes ni torse, vivent entassés dans un petit appartement qui ne ressemble en rien a ce que Hollywood nous a habitué a voir. Malgré son handicap Kenny est un jeune garcon agile et Soptise’ 7 -LIBRE OPINION Systéme postal rural Un pas vers l'avenir ou un retour au passé? La Société canadienne des Postes vient de lancer une campagne publicitaire de plu- sieurs millions de dollars pour convaincre les Canadiens du ‘bien-fondé de leur plan corpora- tif pour l'avenir. C'est de la pure ironie de constater que le théme de cette campagne Sutvez Postes Canada du 21e stécle vise l'avenir quand le plan lui-méme signifie un retour au 19e siécle pour les citoyens canadiens qui habitent les régions rurales de notre pays. L/histoire de la poste rurale au Canada révéle une série de luttes, menées par les maitres de poste de l’€poque, afin d’assurer le service 4 leur communauté en dépit d'une rémunération déri- soire, sous forme de commission. Jadis, le maitre de poste devait dispenser des services au-dela des heures normales de_ travail, méme le dimanche et les jours fériés. Quand il avait besoin d’aide pour accomplir sa tache, il embauchait un adjoint a ses propres frais, 4 méme sa petite commission, ou de sa propre poche. Le gouvernement empi- lait les taches supplémentaires sans consultation, ni commission additionnelle. En dépit de son dévouement au travaile et de sa volonté d’accepter cette situation difficile, le maitre de poste n’était jamais sir de garder son emploi. La jalousie, la concurrence et le patronage politique assuraient que les maitres de poste se succédaient souvent et réguliére- ment. I] ne fallait qu’une accusation par un député voulant que le maitre de poste avait fait preuve de favoritisme politique pour que celui-ci soit remercié. En 1938, 363 maitres de poste canadiens ont perdu leur emploi pour cette raison. Les postes dans les plus petits bureaux faisaient parti du butin ordinaire d’une victoire aux urnes. Il a fallu 60 ans au gouverne- ment avant qu'il se rende complétement compte de la valeur des bureaux de poste ruraux et des gens qui y travaillent. Des hommes de vision, comme I’ancien ministre adjoint des Postes Walter Turnbull, ont reconnu cette valeur, comme le confirme cette déclaration : «Les mattres de poste doivent cesser de se considérer comme des mar- chands au détail pour la nation, vendant @ commission; ils doivent plutét devenir des employés salariés, a plein temps.» D’autres, comme William Ha- milton, ont décidé de suivre son exemple. Ce dernier déclarait : «Le service postal a été batt , et continuera d’étre fondé sur, la contribution dindividus. Nous ne pourrons jamais inventer une machine qui parcouréra les rues pour livrer des lettres aux maisons indtviduelles. Nous n'inventerons jamais de machine qui se tiendra au guichet d’un bureau de poste a revenu pour remplir la diversité de taches que vous remplissez quotidienne- ment.» Plus récemment, André Ouellet disait : «Dans les villages et les petites villes canadiennes, le bureau de poste continue d’étre Vendroit le plus fréquenté par les habitants de la communauté. Le bureau de poste est devenu, au fil des ans, un centre de ressource essentiel. Les membres de la communauté savent oi aller pour obtenir l'information dont tls ont besoin sur une foule de choses. Le gouvernement fédéral est présent partout au Canada et le bureau de poste demeure le leu privilégié pour dispenser l'infor- mation au gens de la communau- té. D’abord et avant tout, le maitre de poste est une personne a qui ont fait confiance, qui fait toujours preuve de _ bonne volonté, quelquun qui est towjours prét a préter Voreille aux besoins de sa communauté. Le bureau de poste est un lieu de rencontre qui réunit tout le monde; il crée un lien parmi les membres de la communauté. C'est une force unifiante qui donne a chacun un sentiment d‘appartenance.» Et malgré tout, voici qu’a l’approche du 2le siécle, Postes Canada propose un plan qui nous ferait faire marche arriére «au bon vieux temps». Fléchissant devant les pressions exercées par le gouvernement fédéral qui veut un budget équilibré, Postes Canada aban- donne donc sa responsabilité face a ce service vital. On aura désormais recours aux franchi- ses; un marchand local sera dorénavant payé une petite commission pour rendre le service. Le maitre de poste sera chose du passé; il ne sera plus 1a pour remplir une diversité de fonctions en plus des services postaux habituels. A sa place, un commis de magasin surchargé de travail, ou le dépanneur du coin, tentera de répondre a vos besoins postaux, tout en continuant de gérer son entreprise principale qui est, aprés tout, son gagne-pain. Dans bien des villes, le seul représentant du gouverne- ment fédéral disparaitra, comme sont disparus les autres services gouvernementaux, tels les che- mins de fer, les aéroports et les petites écoles. Les Canadiens qui habitent les régions rurales du pays ne s'attendent pas a recevoir tous les avantages dont peuvent bénéfi- cier les résidents urbains. Cependant, ils versent les mémes taxes fédérales que leurs homolo- gues dans les grandes villes. Tous les Canadiens utilisent le service postal. Sommes-nous trop exi- geants d’insister que ce service soit maintenu comme service public, gouvernement, dans les régions rurales du Canada? Postes Canada et le gouverne- ment actuel dit «Ouz, vous vous attendez a@ trop.» Mais vous, qu’en pensez-vous? H.L. Johnson Président national l’Association canadienne des maitres de poste et adjoints Pensons canadien .EN BREF... EN BREF ne rapportera plus ni pluie, ni soleil, ni neige, ni gel. C'est promis. La campagne €électorale est ouverte, dans toutes les munici- palités sauf 4 Vancouver... ot le Conseil municipal, qui devient décidément de moins en moins créditiste, a appris avec stupeur que nos gouvernants avaient décidé de subventionner les Lions. Or, les échevins savent déja que les hépitaux ont de gros problémes dis aux compressions budgétaires, et ils se demandent comment le gouvernement pro- vincial peut se permettre de réduire la taxe de vente puisqu’il est si pauvre? C’est la direction de I’hépital des Enfants qui a apaisé les angoisses municipales : elle a fait savoir que quelque 700 enfants attendaient un lit, et que ceux dont les parents ne pouvaient les hospitaliser en Alberta ou a l’étranger risquaient une détério- ration tragique... et comme par hasard le ministre-de-tous-les- problémes-embétants, nous avons nommé M. Vander Zalm, a trouvé vingt millions pour venir en aide aux h6pitaux. «Mazs a-t-il dit aux caméras de TV, «pas question de diminuer la taxe de vente!» M. Harcourt, le chef de lOpposition, a déclaré avec cynisme que cela leur faisait une économie de 250 millions, et on attend impatiemment la pro- chaine idée de M. le Premier ministre pour dépenser les 230 restants. Par exemple, en_ bourses universitaires? Le gouvernement fédéral donne aux provinces, des milliards pour subventionner les universités. En Colombie les restrictions budgétaires obligent les étudiants a payer les frais les plus élevés du pays. Or, laC.B.a mis fin au programme provincial des bourses il y a 4 ans. Résultat : létudiant qui veut un dipléme universitaire gémit sous le fardeau moyen de quznze mille dollars de dettes en fin d'études. INCROYABLE MAIS VRAI, le grand magasin Sears du centre Vancouver devient université l'année prochaine. L’Université Simon Fraser vient en effet de signer un bail de trente ans pour les trois tages de Harbour Centre qu’occupe actuellement cette chaine américaine, propriétaire de la grande tour spectaculaire. M. Pridham, porte-parole de la compagnie, a refusé, pudique- ment, de dévoiler les pertes du magasin «Disons que nous n’avons pas attetnt les objectifs de profitabilité que'nous nous étions fixés en 1976» (on sait que les chaines canadiennes ont déja du mal a partager un marché décroissant...) Ce sont les étudiants qui en profitent; le deuxiéme campus SFU au centre-ville offrira des cours aux adultes, des cours d’ordinateurs, en puisant dans le grand réservoir des expertises du centre-ville. M. Moonen de TJ’université, ravi, précise que les deux niveaux de jolies galeries marchandes sous le magasin verront des change- ments créateurs et originaux. Nos locataires commerciaux ne sont pas seulement rassurés, ils sont enthousiastes! En Californie, il y a des centaines d’assassinats par mois. En C.B. il y en a 110 par an en moyenne. C’est déja trop, et le ministére de la Justice fédérale vient d’agréer une demande pressante de la province visant a rendre illégal le port des poignards, arme de la moitié des meurtres. Nigel Barbour