NOS AFFAIRES avril 1991 page 7 oo ————————————————— —____— (suite de la page 1) Une loi contestée En avril 1990, dans l’affaire Cou- ture c. Procureur général du Ca- nada, la Cour supérieure du Québec a jugé que les dispositions de la Loi sur la concurrence relatives aux fusionnements violaient la garantie constitutionnelle de liberté d’association. La composition méme du Tribunal de la concur- rence était inconstitutionnelle du fait qu’il n’est pas suffisamment indépendant en raison du mode de nomination de ses membres ordi- naires. Le Tribunal est une création nouvelle et no- vatrice en droit canadien, il est composé de juges de la Cour fédérale ainsi que de membres ordi- naires ayant l’expérience des affaires ou de l’économie. La décision dans |’affaire Couture a été portée devant la Cour d’appel du Québec. Si elle est maintenue, cette décision minera les princi- pales dispositions de la Loi rela- tives aux fusionnements ainsi que le mécanisme du Tribunal, dont le travail est essentiel pour faire re- specter les aspects non criminaux de la Loi sur la concurrence. Entre-temps, le Bureau de la poli- tique de concurrence et le Tribu- nal continuent de vaquer 4 leurs affaires et d’examiner les cas a régler. En juillet dernier, la So- ciété Nutrasweet a cependant contesté devant le Tribunal que celui-ci était inconstitutionnel en se fondant sur un raisonnement similaire 4 celui présenté ala Cour supérieure du Québec. La société Xerox, qui a fait une demande de «refus de fournisseur» au Tribu- nal, a également contesté la cons- titutionnalité non seulement du Tribunal, mais aussi de |’article relatif au refus d’un fournisseur, protestant que le gouvernement fédéral n’avait pas le pouvoir de légiférer en vue d’empécher le refus d’un fournisseur. Enquéteurs sans pouvoirs En mars 1990, dans 1’affaire Thomson Newspapers c. Directeur des enquétes et des recherches, la Cour supréme du Canada a peut- étre porté un coup fatal aux pouvoirs du Directeur des enquétes et des recherches en vertu de la Loi sur la concurrence. Le jugement est confus car il n’a pas obtenu la nette majorité des voix des cing juges, mais il porte a croire que le pouvoir d’ obliger une personne a témoigner sous ser- ment dans une enquéte relative a la Loi sur la concurrence pourrait étre inconstitutionnel. Le jugement a aussi des conséquences sur la possibilité d’obliger un employé a témoigner contre son employeur dans une affaire criminelle. Par suite de ce jugement, le Bureau de la politique de concurrence a aban- donné 1’enquéte entreprise sur les pratiques de prix indiiment bas de Thomson. Une loi inoffensive Le 10 juillet 1990, la Cour d’ appel du Québec, dans 1’ affaire Directeur des enquétes et des recherches c. Chrysler Canada, a décrété que le Tribunal de la concurrence n’a pas le pouvoir de punir les personnes qui n’obéissent pas a ses ordon- nances. A l’automne de 1989, le Tribunal avait ordonné a Chrysler de recommencer 4 fournir des piéces a un grossiste. Au début de 1990, le Directeur a allégué que Chrysler avait désobéi 4 son. or- donnance et demanda au Tribunal d’accuser Chrysler d’outrage a la Cour. Le Tribunal a conclu qu’il pouvait prononcer un verdict d’outrage, mais la Cour d’appel fédérale a annulé cette décision. On s’attend 4 ce que le Directeur interjette appel devant la Cour Supréme du Canada. Toutefois, méme si cet appel ne réussit pas, quiconque désobéit aux ordonnances du Tribunal peut étre l'objet de poursuites criminelles bien que les procédures soient beaucoup plus longues et com- plexes qu’une simple requéte en outrage. Processus trop lent Parmi les récents développements en droit de laconcurrence, l’événe- ment le plus inquiétant pour les gens d’affaires est sans doute le long examen effectué par le tribu- nal de la fusion controversée Im- perial Oil-Texaco. Quand Impe- rial Oil a acheté 1’actif canadien de Texaco, au début de 1989, le Di- recteur a annoncé que 1’affaire serait examinée par le Tribunal. Le Directeur et Imperial Oil se sont entendus sur une ordonnance propre a protéger la concurrence dans |’industrie des produits pétro- liers, puis ont demandé conjointe- ment au Tribunal une ordonnance par consentement fondée sur cette Le Soleil de Colombie Vendredi 26 avril 1991