20— Le Soleil de Colombie, vendredi ler mars 1985 Une saga télévisée Suite de la page 1 Bernard Léquime discute de cette question avec ses voisins et ses amis. Parce qu’Auguste Gillard avait possédé ces terres pendant trente ans, Bernard voulait graver a l’intérieur du nom du nouveau village la mémoire d’Auguste Gillard. On a d’abord choisi “Kim-act- touch” surnom d’Auguste. Toutefois, a cause de la prononciation difficile de ce mot indien, on a opté pour le nom “Ke-low-na” qui signifie “ours grizzly”. Il faut dire qu’ Auguste Gillard s’était éga- lement mérité la réputation de “tueur de grizzly”, titre qu'il s’était acquis en Califor- nie avant son arrivée dais la vallée. Il y avait tué un ours grizzly de 1 700 livres. C’est ainsi que Kelowna a été enregistré”. Dans un fascicule rédigé a lintention des agences de voyages et touristes franco- phones Julie Renaud raconte Vhistoire d’Auguste Gillard et des francophones de Kelowna. Et c'est comme ¢a quest venue l'idée a Claire Fluet: raconter cette histoire sur télévision. “Quand Julie me racontait les péripéties des différents francophones du siécle dernier, je me suis mise a réver, je voyais devant mes yeux toute une séried’€pisodes, une saga”. Aprés avoir réflé- chi, y avoir pensé, et avoir soumis l’idée au Centre cultu- rel de l’'Okanagan, elle appro- che le gouvernement fédéral. On en fera un projet “Canada au travail”, six personnes sont embauchées: Claire Fluet, Julie Renaud, Monique Tremblay, Marthe Primeau (elle qui n’aimait pas V’his- toire, embarque 4_pieds joints), Robert Vignola (peintre, sérigraphe) Diane Cété (la spécialiste en éduca- tion, ancienne enseignante) . “Keek-Willy” est parti. “Beaucoup de personnes qui empruntent la rue Pandosy, la rue Bernard ou la_ rue Lawrence ne savent pas u'elles ont été nommées en Vhonneur de francophones de jadis, du pére Pandosy, de Bernard Léquime et de Cyprien Laurence.. Alors le ae leur apprendra cela et ien d'autres faits histo- riques.” Ces vingt émissions d’une demi-heure par semaine dé- buteront en avril prochain et passeront jusqu’a fin septem- bre, si tout va bien. Elles seront retransmises sur le Cable 11, la télévision com- munautaire de Kelowna qui avait été approchée |l’année derniére par Pierre Germain pour une autre émission en francais, “La francophonie dans la vallée”. Avec “Keek- willy’, il y aura ainsi deux _ émissions différentes en fran- cais sur cette chaine. “Keek-willy ” est non seule- ment un cours d’histoire, mais aussi un cours de langue puisque avec chaque émission on aura du vocabulaire diffé- rent. A caractére éducatif, ces émissions sont faites pour les éléves des classes d’immersion francaises, de celles du fran- ¢ais en langue seconde, et du programme-cadre aussi. Pour rendre vivants ces per- sonnages oubliés de l/histoire, Claire et son équipe ont pensé a des marionnettes, qui pour- ront aller plus tard amuser les petits des camps de vacances ou participer aux manifesta- tions de Kelowna, les régates par exemple. “Je vois cette série comme une saga, sourit comme j'aime la magie, je vais attacher aux pas du petit Bernard Léquime, un Indien, médium, ce petit Bernard deviendra plus tard le fonda- teur de Kelowna”. Pour ses recherches et pour donner vie au projet, l’€quipe de Keek-willy a approché des professionnels des différents milieux de l’histoire, bien sar, mais aussi des marionnettis- tes. D’ailleurs un atelier sur les marionnettes est prévu dans les semaines a venir. “Il y a méme un détective de l’his- toire d’Ottawa qui-est vive- ment intéressé par nos recher- ches, et par ce que nous allons découvrir. Tu sais, il ya eu un Chinatown a Kelowna, qui n’a pas duré. C’est un coin obscur de l’histoire, donc intéressant, nous allons aller fouiller par la.” Quant a la musique, léquipe a pensé au président du Centre, Pierre Germain, musicien, qui a fait partie de l’Orchestre symphonique. “On va aller lui chanter la mme pour qu'il nous fasse a musique.” Et ensuite quand les vingt €pisodes seront dans la boite, “Keek-willy” tiendra les cas- settes a la disposition des écoles ou de tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le Kelowna d’aujourd’hui et du passé. Claire, Les problémes des saisonniers Suite de la page 1 que tout propriétaire affiche ses vaporisations. “Il y a souvent des €coles a cété. Nous demandons un schéma avec la durée de la période dattente, le produit qui a été déposé...” Le Regroupement depuis maintenant trois ans a fait des pas ‘en avant: une manifes- tation publique a Kelowna, des assemblées publiques, une ligne. ouverte sur une radio locale ont contribué a la sen- sibilisation du public et un petit peu a celle des pro- priétaires. Malheureusement la mort d’une enfant sur I’ile Vancouver a secoué beaucoup plus la Commission des. acci- dents du travail et les syn- dicats, ainsi que certains pro- priétaires. Sil y en a bien un qui est exposé aux pesticides a l'année longue c’est bien le fermier lui-méme, répond Lise. “La Commission des accidents étudie dans ses labo- ratoires des vétements légers que pourraient porter tous ceux et celles qui travaillent dans. les champs, ajoute-t- «En direct de Kelowna...» Suite de la page 1 techniciens, John Handerson rapproche une des chaises. “Un peu plus suggére l’autre — technicien, Michael Nuss, au mixage. Christian Bernard se retourne vers son réalisateur “Je ne peux pas faire de table ronde, elles ne s’entendent pas’. a gauche, Toujours pendant ce temps- 1a, Josée Michaud-Leblond est allée expliquer a Huguette LeClerc ot celle-ci s’assiera. Josée, qui est aussi la spécia- liste des enfants, aura distri- bué des “frisbie”, aura organi- sé un concours “le nom de la mascotte de |’émission”, or- chestré les trente-cinq diffé- rents interlocuteurs que invités de Christian. Le technicien John Henderson, lui, €écoutera 4 l’aide d’une petit récepteur de radio, si. Programme de la fin de semaine C’était féte la fin de semaine derniére a Kelowna. Vendredi soir un souper-bénéfice, 30 dollars le couvert, atttrait sot- xante-dix personnes de- vant un menu délicieux; “Pyramid” quintet de jazz de Kelowna jouatt. Le lendemain, 23 février, Vémission “La grande ba- lade” en direct débutait la journée a 8h accompagnée d’un café-croissant offert par Radio-Canada. Trois cent cinquante personnes ont bu, mangé, discuté, rigolé, donné des poignées de main... Puts un brunch a 3.50$ le couvert enchat- natt. Et ad hutt heures du soir ce jour-la la réception officielle attirait de nom- breuses personnalités de Kelowna, de Vancouver, de Nanaimo, de Kamloops... Aurore Hamel soprano, accompa- gnée par Ruth Siemens au piano chantatt des airs en frangazs. Le dimanche a partir de midi, le Centre culturel frangais de l’Okanagan in- vitait tout le monde a une partie de cabane a sucre. elle.” Encore faut-il que les propriétaires veulent bien dé- bourser et quand on parle d'argent, il existe un autre probléme : celui d’une aug- mentation du prix de l’heure, celui-ci n’a pas bougé depuis quatre ans. En revenant aux _insecti- cides, herbicides, germicides, etc... le mot de la fin revient a Lise Guyot: “Enfin c’est le consommateur que nous de- vrions éduquer, lui faire choisir la pomme qui a un trou plutét que celle bien cirée et sans imperfection” Quant 4 l'insécurité qu’ont ressenti les Québécois dans les rues, les commerces et sur les places publiques dans VYOkanagan, elle est bien moins présente, bien que la jeune population locale que le maire de Kelowna, dans une entrevue avec le Soleil a qualifiée de “faignante’”’ en ait aprés tous les saisonniers, quiils soient- québécois ou non. Mais le jeune du Québec est la cible favorie de ces jeunes délinquants de la vallée. l’émission passe bien sur les ondes. Le bruit ambiant des nombreuses personnes ne gé- nera pas |’écoute. Un autre technicien sur place, a la maison sur la rue Hamilton, pressera les boutons pour les nouvelles nationales et un journaliste lira celles qui vien- nent de la Colombie britanni- que. Pendant ce temps-la Christian Bernard, tout com- me son réalisateur ira se dégourdir les jambes. Jacques Baillaut, des relations publi- ques, discutera avec Pierre, Paul et Jacques; 1’émission n’a eu aucune anicroche. Le petit-déjeuner offert par Radio-Canada aura attiré trois-cent cinquante _ per- sonnes. Une ancienne église Okanagan sur la rue Un centre ouvert a tous Suite de la page 1 peut donc recevoir noces, banquets... car le Centre a ses permis de pourvoyeur et de traiteur,son permis de bois- son... Des barres pour la danse ont été posées dans la grande salle au rez-de-chaus- sée, il ne reste plus que les miroirs qui seront installés bientét et le tour est joué, les classes de danse commence- ront trés bientét. Un bureau de poste bilingue ouvrira le ler .mai, et une petite bi- bliothéque de livres francais se montera plus tard. Pour la rentabilité de ce Centre, parce que c’est bien beau d’avoir un “chez nous” mais il s’agit de le payer - il faudra le louer. Déja tous les dimanches matin, un service de l’église Unie y est donné. “Des cours d’escrime enseigné par un champion francopho- ne sont inscrits sur le pro- gramme.” On parle de garde- rie pour les enfants d’age pré-scolaire “Nous avons une cinquantaine de petits franco- phones actuellement: le Cen- tre commanditera d’avril a mai trois piéces de Jean Genet, quitte a plus tard a les jouer en francais” explique Pierre. “Le Kelowna Film Society présente chez nous ajoute-t-il des films étrangers, la “Cage aux Folles” est passée la semaine derniére.” Pierre n’a pas du tout intention d’enliser son Cen-: tre dans des activités peu nombreuses en francais. Il y en aura évidemment en prio- rité, comme un bal donné par les jeunes de Kelowna une fois par mois, mais la location du Centre est vitale. | “Nous louons a tout le monde, et ca marche” Pierre met égale- ment les points sur les “i”. “Nous ne sommes pas un centre québécois ou albertain, mais un centre -francophone. Nous sommes ici pour propa- ger la langue et la culture francaises. Il ne faut surtout pas fermer le centre a qui que ce soit.” Et la meilleure preuve: le multiculturalisme de Kelowna avait été invité lors de l’ouverture officielle: schetée Bernard a eed Centre culturel francais de outre le président du multi- culturalisme de Kelowna, il y avait le représentant des com- munautés italienne, danoise, hongroise... Ne pas rester en ghetto. Et d’aprés les applau- dissements plus que chaleu- reux a l’égard de leur prési- dent, les francophones de Kelowna ne font pas preuve d’étroitesse d’esprit. “Mais ca n’a pas été facile, l’apathie des francophones est bien connue. A lencontre des autres ethnies, les francophones ne se serrent pas les coudes. Il a fallu les secouer, et leur montrer qu’un centre a eux, un “chez nous” c’était pour eux. Il a fallu les pousser a penser grand. Il a fallu leur expliquer que nous ne pou- vions pas garder l’édifice rien que pour nous.” Sur une population de 65 000 habi- tants, les 2 000 francophones de Kelowna ne pouvaient se le permettre. Et voila, les fran- cophones de Kelowna l’ont compris, ils ont fait confiance a.-leur président, et c’est maintenant au tour de ceux de Nanaimo qui devraient eux aussi inaugurer trés bientét leur “chez eux”. UOUEREECUENTEAHOREAUEOUEOAUEOUROUEOUUEOOVEUOO Un vieux monsieur monte dans _ |’auto- bus, fait semblant de montrer une carte 6- tudiant, et va s’as- seoir. Deux stations” plus loin, monte le contréleur. Le vieux se fait é6pingler avec une carte d‘étudiant demi-tarif. Le con- tréleur le répriman- de: — Ecoutez, Mon- sieur, franchement, ~ vous avez passé |’a-- ge des plaisanteries. — (Ca ne -prouve qu’une chose mon a- mi, répond le contre- venant, c’est que j'ai attendu votre auto- bus, trés, trés, trés longtemps! PTT