Loisirs

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Bangalore (sud de Inde),
23 mars 1985. J’ouvre les yeux
sur le crucifix de ma petite cham-
bre (résidence des missionnaires
de Sainte-Croix), étonné de n’avoir
fait aucun réve; cent mille «ima-
ges» nouvelles ont pourtant ja-
lonné le long circuit touristique
d@hier (voir «Au royaume des
maharajahs»). J’en relate les faits
Saillants, au petit déjeuner, pour
conclure, en bon québécois: «C’a
été juteux 4mon goit, mais j’vous
dis qu’¢a m’a rentré dans !’corps!»
Je retourne bient6ét 4 ma cham-
brette me rejeter, confiant, dans
les bras de Morphée.

Au réveil, j’ai l’ impression

_de sortir d’une... piscine de jou-

vence. Je griffonne deux pages de
journal et réponds a cinq lettres -
recues avant-hier. Ma correspon-
dance terminée, on m’en remet
deux autres (provenant des deux
extrémités du Canada) auxquel-
les je réponds sur-le-champ. Suit
un intarissable bavardage dans la
salle de communauté avec Jean-
Paul Pearson, directeur-fondateur
d’Abhayadhama («foyer sans
peur» pour jeunes délaissés), et
Fernand Bessette, supérieur des
fréres de Sainte-Croix en Inde.
Celui-ciraconte, entre deux anec-
dotes, qu’il voyage souvent en
train avec sa motocyclette: «Ca
coiite encore moins cher qu’en
moto!»

La suite des heures s’écoule
dans la lecture et la détente ré-
veuse jusqu’a la tombée du jour.
Puis, retour avec Jean-Paul a
Abhayadhama (Whitefield, 20 km)
ol je me suis initié, en février,
aux activités débordantes de quel-
que 80 enfants et adolescents, la
plupart orphelins ou abandonnés
par leurs parents.

Baptéme

Le lendemain matin, messe
dominicale dans une église de

Voyages

Repos et benevolat

campagne isolée, non loin du
centre. Autour de moi, une ri-
bambelle de petits «abhayadha-
mains» qui ont, bien entendu,
beaucoup de mal a rester sages.
La cérémonie terminée, le célé-
brant procéde au baptéme du petit-
fils du directeur adjoint. Un bout
de chou accrochée au sari de sa
mére observe la scéne, prés des
fonts baptismavx, avec de grands
yeux interrogateurs. Dés que le
prétre verse l’eau sur l’abondante
chevelure du bébé, celui-ci semet
a hurler, provoquant sur le visage
de la «bel’ p’tit’ bon’ femme»
(expression de ma mére) un mé-
lange comique d’étonnement,
d’inquiétude et de sympathie.
Innocence tout 4 fait charmante.

Sur le.chemin du retour,
mes petits compagnons ne se
génent pas pour m’assaillir de leur
affection, 4 grand renfort de
«Brother Jean-Claude» et de ca-
resses maladroites. Je parviens tout
de méme 4 leur apprendre quel-
ques mots nouveaux, préparant le
terrain, en quelque sorte, pour les
legons d’anglais que je commen-
cerai bientét 4 donner.

Avant le buffet chaud qui
soulignera 1’événement du jour,
petite «célébration en famille»:
Jean-Paul, André (bénévole du
centre), Martine (bénévole de
1’Institut des sourds-muets) et moi-
méme, quatre québécois pure laine,
dégustons, dans ma modeste cham-
bre-salon, croustilles et biéres
froides. A la santé du Québec!
And cheers to India! Les agapes
fraternelles réunissent ensuite une
vingtaine d’invités dans une at-
mosphére de réjouissances toute
simples. Puis, sieste prolongée sous
la moustiquaire. Tl tombe une pluie
rafraichissante, la deuxiéme seu-
lement depuis mon arrivée au pays
- ily a deux mois.

Ce jour du Seigneur repo-
sant prend fin autour d’une table
ronde dans les éclats de rire, plus

propices, sans doute, a la santé
mentale que la fréquentation des
meilleurs psychiatres. La vie
devient tellement plus agréable
lorsque jeme permets d’étre moi-
méme (évitant de me prendre trop
au sérieux), entouré d’amis qui
en font autant.

(Pour les deux jours sui-
vants, voir «En piéces détachées».)

Le 27 mars. Le soleil brile...
pour tout le monde. C’est aujour-
d’hui le 41e anniversaire de Jean-
Paul. Je donne une premiére le-
¢on d’anglais «spontanée» a un
petit groupe avide d’apprendre.
Du connu 4 l’inconnu, gestes,
répétitions... Patience.

Anniversaire

Deux longs coups de sif-
flets retentissent en fin de mati-
née. Rassemblement sur un grand
préau en ciment pour une célé-
bration eucharistique a 1’inten-
tion du directeur-fondateur. Les
«pensionnaires», en culottes cour-
tes et chemises ou T-shirts pro-
pres, s’asseoient a l’indienne sur
des tapis nattés orange. Jean-Paul
fait de méme au bout de la pre-
miére rangée: «Indien parmi les
Indiens», dirait saint Paul. Der-
riére eux, le supérieur provincial
et des confréres, les éducateurs
d’Abhyadhama, quelques parents,
amis et visiteurs, dont deux jolies
blondes suédoises. Devant nous,
un drap blanc fripé, décoré d’une
flamme stylisée et de fleurs des
champs, recouvre une partie de
mur défraichi. Silence.

Le célébrant s’avance der-
riére une simple table et com-
mence d’une voix posée le sacri-
fice de la messe. Chants liturgi-
ques, d’une seule voix. Piété édi-
fiante. Théme de l’homélie: «la
souffrance passe, la beauté reste».
Le prétre souligne le courage de

Jean-Paul et son amour incondi-
tionnel des jeunes, la générosité
exceptionnelle de ses parents, les
défis quotidiens de son oeuvre,
les besoins immenses de la jeu-
nesse indienne... A l’offertoire,
des benjamins et des ainés dépo-
sent tissu fabriqué ici méme, car-
tes de souhaits artisanales, pin-
ces, marteau et ballon devant l’au-
tel. Office empreint d’une indé-

le «fété» se voit passer autour du
cou un collier de fleurs blanches
et jaunes. Présentation d’un ca-
deau collectif, une solide valise.
André offre ensuite 4 Jean-Paul,
en mon nom, au nom de Peter-
Joseph (son petit protégé cloué
sur un lit d’hépital) et au sien une
bouteille de Brandy «pour aider,
dit-il, & soulager tes douleurs
rhumatismales!» Bref discours de

niable authenticité. remerciement teinté d’humour.
Apres la bénédiction finale, Jean-Claude Boyer
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Les mots croisées de Tima Sekkat

Solution de la semaine derniére

Grille 25 Grille 24
LI WIV V_ VI Vivi Ix Horizontalement Verticalement I I I IV _V_ VI VILVIMIX x
1 1. Distribuer. I. Amovible. UCIAIPILITIAILILISIE
) 2, Altéré par l’air. - Quatre II. Substance osseuse des ef
ne : Be een, 2A |™M OIRIA L E A R
. Division d’un ouvrage. - Ill. Fils de Noé. - Interurbain. :
3 Peur. IV. Pneumatique. - Sodium. - 3{L |E G E: R G O 1
4. Paresseux. - Coutumes.- Fin Elle est double en téte.
4 de partie. V. Conjonction. - Connait. 4 A N E E Be R N 1
5 5. Eclat de voix. - Patiente. VI. Propre. - Percer.
6. Crier, en parlant du cheval.- _ VII. Rongeur. - Usages. SME R E U R G Ee
6 Circule en Roumanie. VIL. Article d’Espagne. - 6|LI1R | oy 0 EIR
7. Mammifeére d’ Amérique Synonyme de rides.
d topless} Tau : IX. lesure prone Wd1O4 eel a E Lit)
. A Vorigine du pain.- Force. implantées. - Consonne
8 9. Circule en Italie. - Bon double. 8 E N C R I E R T U
vouloir. X. Publiées. .
9 10. Annonce la suite. - Echel- 9 U S 3 E 4 R U L
10 a les des alpinistes. 10 x EILIUIE O|R

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Le Soleil de Colombie

Vendredi 18 janvier 1991